Diaspora burkinabè : L’ambassadeur Mahamadou Zongo rencontre ses compatriotes du Libéria

En visite de travail à Monrovia, l’ambassadeur du Burkina Faso au Libéria, avec résidence à Abidjan, Mahamadou Zongo, a échangé, le dimanche 24 avril 2022 à Monrovia, avec ses compatriotes qui y vivent. Plusieurs préoccupations ont été portées à sa connaissance.

L’ambassadeur du Burkina Faso au Libéria avec résidence à Abidjan, Mahamadou Zongo : « certains pays conservent des pratiques qui ne favorisent pas l’intégration ».

Le Libéria, pays anglophone d’Afrique de l’Ouest, attire de plus en plus de Burkinabè à cause de ses terres cultivables. Ainsi, des compatriotes, parmi lesquels des déguerpis du mont Péko en Côte d’Ivoire dont le nombre n’est pas encore connu des autorités libériennes et burkinabè, y sont installés, avec pour principale activité lucrative, la culture du cacao. Mais tout n’est pas rose au sein de la communauté burkinabè dans ce pays qui a connu une longue guerre civile, comme l’a noté l’ambassadeur du Burkina Faso au Libéria avec résidence à Abidjan, Mahamadou Zongo. En visite de travail, le diplomate, qui n’avait plus mis les pieds au Libéria depuis 2019 pour diverses raisons, est allé au contact des Burkinabè y résidant, pour avoir de plus amples informations sur leurs conditions de vie. Il a été instruit, par le président de la communauté burkinabè, Oumarou Soré, au cours d’une rencontre, tenue le dimanche 24 avril 2022 à son pied-à-terre à Monrovia. Celui-ci a soulevé trois principaux problèmes : les mésententes entre les membres de la communauté, la persécution envers les compatriotes travaillant dans les plantations à l’intérieur du Libéria et la cherté des documents de séjour. M. Soré a signifié à l’ambassadeur, que le manque de cohésion entre les compatriotes établis au pays de George Weah est dû à deux raisons.

Il a notamment déploré une guerre de leadership et des conflits autour de l’exploitation des terres à l’intérieur du pays, notamment à Grand Gedeh, localité située à la frontière entre le Libéria et la Côte d’Ivoire. Il a été épaulé dans ses explications par le doyen, El hadj Ousmane Sawadogo et un autre compatriote, Noufou Congo, qui est revenu sur la bataille menée dans cette zone par certains compatriotes pour représenter la communauté. La situation est telle que les querelles de leadership ont déjà fait deux morts, selon M. Congo qui parle de « règlements de compte ». Il a également souligné que des Burkinabè se disputent les terres et de la pire des manières à l’intérieur du Libéria. «  Certains Burkinabè donnent de l’argent à des agents du service de l’immigration pour qu’ils chassent d’autres compatriotes des terres qu’ils occupent », a-t-il rapporté.

Des Burkinabè qualifiés de « rebelles »

Le président de la communauté burkinabè au Libéria, Oumarou Soré, est préoccupé entre autres par le coût du permis de séjour.

Le second souci évoqué par le président de la communauté burkinabè, c’est la persécution des Burkinabè de l’intérieur du Libéria, notamment les sans-papiers. « Ils sont qualifiés de rebelles par la police libérienne, alors qu’ils s’investissent dans le travail de la terre et rien d’autre », a confié M. Soré, relevant par ailleurs que les Burkinabè de Monrovia vivent en paix. Le président de la communauté burkinabè au Libéria a enfin attiré l’attention de l’ambassadeur Zongo sur la cherté du coût des documents de séjour. Le permis de séjour est établi à 150 dollars américains et à charge pour le détenteur, de payer 100 dollars par an pour son renouvellement. Un autre document est exigé en outre aux propriétaires de société, le permis du travail (un cachet apposé dans le permis de séjour) pour 150 dollars américains. Le président de la communauté a fait observer, qu’en plus de ces tarifs déjà chers, l’Etat libérien veut augmenter le coût du permis de séjour de 150 à 500 dollars américains. « Nous avons demandé aux autorités libériennes de ne pas procéder à cette augmentation pour nous soulager, mais nous n’avons pas encore trouvé un accord avec elles à ce sujet », a-t-il relevé. Tout en condamnant le fait que des Burkinabè viennent au Libéria sans papiers, le président de la communauté burkinabè a demandé l’aide de l’ambassade pour résoudre tous les problèmes exposés. En réaction, l’ambassadeur Zongo a fait comprendre à ses interlocuteurs que sa mission consiste à recenser les problèmes et à les faire remonter au niveau du gouvernement pour décision à prendre. Il a néanmoins indiqué, qu’il faut trouver « rapidement » une solution aux mésententes entre les Burkinabè du Libéria, pour ramener la sérénité en leur sein. Sur le cas des Burkinabè considérés comme des rebelles, le diplomate a relevé que la présence  des compatriotes est problématique aux yeux des autorités libériennes.

« Nous allons chercher à comprendre ce qui se passe », a-t-il insisté, sans autre commentaire. Pour les documents de séjour, l’ambassadeur Zongo, qui a compétence aussi sur la Côte d’Ivoire et la Sierra Leone, a été on ne peut plus clair. « La liberté de circuler et de s’installer est un principe acquis dans l’espace CEDEAO. Malheureusement, certains pays conservent des pratiques qui ne favorisent pas l’intégration », a-t-il commenté. M. Zongo a par ailleurs tablé sur la crise sécuritaire sans précédent que traverse le Burkina Faso, appelant les compatriotes du Libéria à faire bloc derrière le gouvernement de Transition, car la plus grande préoccupation de la mère patrie à l’heure actuelle, c’est de « retrouver la paix ». Après les Burkinabè de Monrovia, le diplomate doit également rencontrer les compatriotes de l’intérieur du Libéria et les autorités de ce pays au cours de son séjour de deux semaines.

Kader Patrick KARANTAO

Laisser un commentaire