Enquête quantitative sur la migration : “la majorité des migrants ne transfèrent plus d’argent à leurs familles”

L’Institut supérieur des sciences de la population (ISSP) a rendu publics, le mardi 1er mars 2022 à l’université Joseph-Ki-Zerbo de Ouagadougou, les principaux résultats de l’enquête quantitative du projet ’’ Migration pour le développement et l’égalité’’.

La migration de nos jours n’est plus classique où le Burkinabè quitte son village pour aller en Côte d’Ivoire. C’est ce qu’a affirmé le coordonnateur du projet ‘’ Migration pour le développement et l’égalité (MIDEQ) ’’, Dr Hubert Bonayi Dabiré au cours de la présentation des principaux résultats de l’enquête quantitative menée de main de maître par l’Institut supérieur des sciences de la population (ISSP). Selon lui, cette étude avait pour objectif de voir, comment faire pour que la migration Sud-Sud puisse être une opportunité de développement pour les pays du Sud. « Très souvent, nous avons focalisé la migration Sud-Nord alors que les statistiques montrent que la migration Sud-Sud mobilise plus de monde », a-t-il souligné.

Les participants

A l’entendre, cette étude visait également à mettre en lumière les facteurs, les contraintes et les obstacles qui peuvent se dresser pour que cette migration soit utilisée de manière optimale pour le développement de notre pays. Ainsi, pour permettre aux décideurs et chercheurs d’avoir une idée sur l’impact de la migration sur les familles, le pays, la société…des thématiques ont été abordées par les experts dans leurs études dans le corridor Burkina-Côte d’Ivoire. Il s’agit de migration, pauvreté et inégalité de revenus, inégalités dans l’enfance liées aux migrations et migration et transfert de fonds. « Les premiers résultats ont montré que les enfants impliqués dans la migration notamment de leurs parents sont favorisés par rapport aux autres. Le second constat que nous avons fait, c’est que les ménages qui ont des migrants en Côte d’Ivoire ne sont pas dans des conditions meilleures que les ménages qui n’ont pas de migrants. Nous avons aussi, au cours de cette étude, constaté que la majorité des migrants ne transfèrent plus de l’argent à leur famille et dans le volet enquête qualitative, nous sommes en train d’explorer des pistes », a appuyé M. Dabiré.

Un pool d’experts

Il a indiqué que les autres corridors ont été également l’objet d’analyse pour voir qu’est ce qui a évolué ? Qu’est-ce qui a changé ? Lancé, il y a deux ans, le projet MIDEQ a regroupé un pool d’experts de 15 pays européens, américains, asiatiques et africains, formant les six corridors de la migration. Pour le directeur de l’ISSP, Abdramane Soura, ce projet est en conformité avec la vision de son département. « Depuis 2005, en réalité, notre institution a mis au centre de ses préoccupations de recherche, les questions de migration, en créant une unité de recherche intitulée : Mobilité, habitat et environnement », a-t-il signalé. Convaincu que les problèmes liés à la mobilité des hommes et des femmes, s’ils ne sont pas connus et maîtrisés peuvent avoir un impact négatif sur le développement du pays, le Pr Abdramane Soura s’est réjoui que le projet MIDEQ ait pu aboutir à des résultats tangibles, notamment en ce qui concerne les questions d’inégalité dans le corridor Burkina-Côte d’Ivoire. Il a dit nourrir l’espoir que ces résultats pourront aider à la prise de décision en matière de politique migratoire. Cette étude a ciblé 3 841 ménages dont 1 857 avec expérience et 1 984 sans expérience. 2 730 émigrés en Côte d’Ivoire étaient concernés dans les ménages. Et au regard de l’importance du sujet, l’équipe du Burkina envisage produire des articles scientifiques notamment un ouvrage avec ses collègues ivoiriens sur la thématique migration et inégalité.

Donald Wendpouiré NIKIEMA

tousunis.do@gmail.com

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