Pour une transition des valeurs

Conformément à l’article 08 de la Charte de la Transition du 1er mars 2022, le président du Faso, Paul-Henri Sandaogo Damiba, a été investi hier 3 mars au cours d’une cérémonie solennelle devant les forces vives et les partenaires du Burkina Faso. L’installation du président de la Transition qui, selon l’article 7 de la Charte, incarne et symbolise l’unité nationale et est garant du respect de la Constitution, de la Charte, de l’indépendance et de l’intégrité du territoire national, marque le début de la mise en œuvre effective des quatre (4 ) organes prévus ( l’Assemblée législative de Transition, le Conseil d’orientation et de suivi de la Transition, le Gouvernement de Transition) pour conduire la Transition durant les trois prochaines années, et ce, jusqu’aux prochaines élections présidentielle et législatives. Celles-ci devant permettre au pays de se doter d’un président, d’une Assemblée nationale et d’exécutifs locaux démocratiquement élus.

En attendant la mise en place de l’Assemblée législative de Transition, le président de Transition a déjà annoncé la couleur d’une Transition des valeurs appelant à une nécessaire élévation de la conscience citoyenne des Burkinabè. En effet, aussitôt installé, le Président Paul-Henri Damiba a instruit l’Autorité supérieure de contrôle d’Etat et de lutte contre la corruption (ASCE-LC) de procéder « dans les meilleurs délais » à un « contrôle général » de la gestion des Sociétés d’Etat (SE), des Etablissements publics de l’Etat (EPE) et assimilés. Cette vaste opération ‘’mains propres’’ sans précédent dans l’histoire récente du pays se fera sous forme d’audit de la gestion, des marchés publics, des frais de mission, du carburant, des dons, etc. Cette opération se veut une réponse aux fortes attentes des populations en matière de gouvernance vertueuse et en phase avec l’agenda de la Transition et avec les engagements du président de la Transition, le lieutenant-colonel Damiba. « L’administration publique que nous voulons mettre en place doit constituer en elle-même, par son mode de fonctionnement et par les valeurs morales des premiers responsables, un outil qui dissuade », avait-il professé.

Des valeurs telles que le patriotisme, l’intégrité, l’exemplarité, la justice, la vérité, l’impartialité, la transparence, la redevabilité, le sacrifice, le sens du sacrifice, le respect, l’humilité, l’amour du travail et le mérite… sont promues dans la Charte du 1er mars 2022 qui donne, en son article 2 à la Transition, la mission de « renforcer la gouvernance, la lutte contre la corruption et les infractions connexes par la mise en œuvre de réformes hardies requises dans tous les secteurs, d’assainir et refonder la vie politique en la débarrassant des dérives et pratiques contraires aux valeurs et principes de référence ». En engageant ici et maintenant le combat pour la moralisation de la vie publique, les nouvelles autorités font assurément preuve d’un courage politique, mais prennent le risque d’une dilution de la principale priorité du moment (la lutte contre-terrorisme pour laquelle l’union sacrée de tous les filles et fils du pays est requise) dans une préoccupation non moins importante mais controversée : « le serpent de mer » de la lutte contre la corruption au sein de l’administration publique. En attendant d’avoir tous les contours de la mise en œuvre de ce audit d’envergure nationale et techniquement complexe, il semble tout de même nécessaire de se prémunir de toute idée de précipitation qui escamoterait les prérequis d’un travail inattaquable dans le fond et dans la forme.

La Rédaction

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