Enquête sur la transmission de la dengue : A la traque du flavivirus

Le président de la cérémonie, Antoine Ouédraogo, (milieu) a souligné que des besoins de connaissances nouvelles sur la composition exacte de l’espèce vectorielle sont nécessaires.

Le gouverneur de la région du Centre-Est, Antoine Ouédraogo, représentant le ministre de la Santé, a présidé la cérémonie de lancement officiel du projet intitulé : « Enquête nationale sur l’épidémiologie et la transmission de la dengue (EPIDEN) », le vendredi 30 juillet 2021 à Tenkodogo.

Classée par l’OMS comme étant l’une des Maladies tropicales négligées (MTN), la dengue est causée par un flavivirus transmis à l’homme par la piqûre des moustiques appelés Aèdes. Elle est transmise à l’homme par un flavivirus qui se présente sous la forme de quatre stéréotypes différents (DENV1, DENV2, DENV3 et DENV4), qui ne confèrent pas d’immunité croisée.

Ce moustique, de la famille des Aedesaegypti, présent dans l’ensemble des zones tropicales et intertropicales, différent de celui qui transmet le paludisme se caractérise par sa silhouette noire à rayure blanche. Sa particularité est qu’il pique surtout le jour et constitue le principal vecteur de la maladie. Le gouverneur de la région-hôte de la cérémonie, Antoine Ouédraogo, a indiqué que la dengue est une maladie jadis peu connue des acteurs de la santé au Burkina, même si certains acteurs de la recherche s’intéressaient à la question.

C’est en 2013 que la question a commencé à prendre de l’importance au niveau du ministère de la santé, à la suite d’une alerte lancée sur de nombreux cas suspects dans des formations sanitaires.
Il a, par ailleurs, souligné que des besoins de connaissances nouvelles sur la composition exacte de l’espèce vectorielle, son comportement au repos et sa piqûre dans notre contexte et les facteurs écologiques, biologiques et sociaux qui influencent sur la prolifération de ces vecteurs sont nécessaires pour renseigner les programmes de santé et la prise de décision.

« Ces informations sont capitales pour la mise en place d’une stratégie de contrôle vectoriel efficace ou à la préparation d’un plan de riposte national d’une éventuelle épidémie », a-t-il précisé. D’où l’idée de mener une étude d’envergure nationale a germé dans l’esprit des responsables du ministère de la Santé, au regard du nombre de cas qui ne fait qu’augmenter d’année en année sans qu’on ne puisse maîtriser son ampleur nationale et les facteurs de risque de l’infection.

Le Burkina Faso a connu une flambée de cas de dengue sans précédent en octobre 2017, avec plus de 6000 cas suspects enregistrés pour l’ensemble du pays, avec 36 décès. Des chiffres qui ne prennent pas en compte la diversité écologique du pays, du fait de la faible taille des ménages visités et des sites étudiés, a précisé le président de la cérémonie, Antoine Ouédraogo.

C’est dans ce contexte que l’Institut national de santé publique (INSP), à travers le Centre national de recherche et de formation sur le paludisme (CNRFP), en collaboration avec la Direction générale de la santé publique (DGSP), de l’appui financier du projet de renforcement des services de santé et des partenaires techniques et financiers, se propose de conduire cette étude intitulée :
« Enquête nationale sur l’épidémiologie et la transmission de la dengue (EPIDEN) », pour une durée de 24 mois.

Les objectifs de cette étude sont, entre autres, d’évaluer l’incidence de la séroprévalence de la dengue en milieu urbain et rural, les indicateurs entomologiques du risque de transmission et la sensibilisation des populations des Aèdes aux insecticides. Pour le directeur du CNRFP, par ailleurs l’investigateur principal pour l’enquête au Burkina Faso, Dr Adama Gansané, l’étude EPIDEN est constituée en deux volets. Le volet épidémiologique va permettre aux enquêteurs de passer dans les différents ménages pour pouvoir faire un dépistage de la dengue.

Au niveau du volet entomologique, des concessions vont être sélectionnées auprès desquelles les entomologistes vont mener leurs investigations, afin d’avoir des moustiques, des œufs et des larves pour identifier le moustique de la dengue et faire des tests avec les insecticides pour voir le niveau d’existence de ces insectes dans toutes les régions. Ce qui permettra d’obtenir des données de sorte que s’il y a une épidémie de dengue, on puisse connaitre l’insecticide à utiliser pour venir à bout de ces épidémies.

« Des évaluations seront faites au niveau de 76 ménages choisis de façon aléatoire et sur la base du recensement effectué par l’Institut national de santé publique (INSP) en milieu urbain et rural, de l’institut national des statistiques et de la démographie (INSD), pour desceller des cas de dengue symptomatique, les traitements qui ont été administrés, le coût du traitement, l’itinéraire thérapeutique du malade, afin d’évaluer le coût de la maladie pour les ménages et aussi pour le Burkina Faso », a ajouté Dr Adama Gansané.

Bougnan NAON
naon_2012@yahoo.fr

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