Gestion de l’eau dans le Sahel : Une table-ronde pour définir l’avenir du secteur de l’eau dans la zone des trois frontières

Eau Vive Internationale a organisé conjointement avec l’Autorité de développement intégré des Etats du Liptako-Gourma, le Pôle Eau de Genève et l’Observatoire citoyen sur la Gouvernance et la sécurité (OCGS), une table ronde des acteurs et leaders locaux sur l’eau comme vecteur de paix au Sahel du 2 au 4 juin 2021 à Ouagadougou.

Dans un contexte de crise sécuritaire dans la zone des trois frontières devenue source de pression sur les points d’eau pour les hommes, les animaux, pour les productions agricoles, halieutiques, industrielles, exacerbant les tensions communautaires et donnant parfois lieu à des affrontements entre populations, la question de la paix est plus que jamais essentielle. Une paix durable qui peut être entretenue par une meilleure gestion des ressources en eau selon Eau vive internationale. Pour trouver des pistes de solutions et des propositions à même de contribuer à une bonne utilisation de l’eau, une table a été co-organisée par Eau vive internationale, l’Autorité de développement intégré des Etats du Liptako-Gourma, le Pôle Eau de Genève et l’Observatoire citoyen sur la Gouvernance et la sécurité (OCGS), du 2 au 4 juin 2021 à Ouagadougou.

Les échanges à bâtons-rompus entre les responsables et représentants des communautés coutumières et religieuses et les représentants des bailleurs de fonds ont permis à tous les participants de faire sept principales recommandations.

Il s’agit d’accorder plus d’importance à l’eau, promouvoir le dialogue, le partage, la solidarité, la bonne gouvernance autour des points d’eau ou des aménagements hydrauliques pour favoriser la paix, le développement et prévenir les conflits d’eau qui se multiplient à la faveur de la crise sécuritaire, d’assurer un meilleur accompagnement des communautés en les impliquant directement à travers des mécanismes de financements souples et directs qui tiennent compte des spécificités des communautés afin que celles-ci continuent véritablement de jouer leur rôle d’acteurs du développement local en cette période de crise sécuritaire exacerbée où les Etats éprouvent du mal à assurer leurs missions régaliennes du fait du terrorisme,  de créer une meilleure coordination entre les différents intervenants du secteur de l’eau pour plus d’efficacité dans les actions sur le terrain.

Outre la nécessité de prendre en compte les jeunes et les femmes dans les projets de développement au Sahel, les participants ont souhaité que l’on tienne compte de l’aspect sécuritaire dans l’élaboration et la planification des projets de développement pour éviter qu’ils restent lettres mortes du fait de l’insécurité et qu’il soit élaboré et financé un projet global pour la stabilisation du Liptako Gourma.

Selon le délégué général de Eau vive internationale, Jean Bosco Bazié, la mise en commun des efforts et moyens des Etats pour réaliser des infrastructures d’eau peut favoriser la paix autour de ces ouvrages, à l’image du barrage de Manantali au Mali qui profite à plusieurs pays voisins sans problèmes. « Quand on met ensemble nos ressources pour réaliser une infrastructure, les risques de crises sont minimisés », a-t-il dit.

L’Emir du Liptako Ousmane Amirou Dicko dans la région du Sahel du Burkina Faso et le chef du Canton de Tera dans la région de Tillaberi, Hamidou Niandou ont tous apprécié positivement la tenue de cette table-ronde. Ils ont tous prôné le dialogue à tous les niveaux et entre les différentes communautés, les états et les bailleurs de fonds. Ils ont par ailleurs souhaité que le respect des valeurs culturelles comme la tolérance, la compréhension mutuelle, la solidarité, le partage soient mis promus pour renforcer la paix et la sécurité.

« L’eau ne provoque pas la guerre, mais ce sont les Hommes qui provoquent la guerre, qui polluent l’eau, la gaspillent », a déclaré le conseiller du Pôle Eau de Genève, Ibrahim Ag Issoufou.

Le Secrétaire exécutif de l’Autorité de développement intégré des Etats du Liptako-Gourma (ALG), Saidou Oua s’est réjoui de la pertinence de toutes les interventions au cours des travaux. « Notre zone, la zone des 3 frontières est devenue l’épicentre de l’insécurité, mais nous ne devons pas abandonner les populations à elles-mêmes. Nous devons leur redonner espoir. Et en tant qu’agence de proximité, de développement, nous sommes ouverts à ce genres d’initiatives qui permet de redonner espoir à nos populations que nous devons abandonner à elles-mêmes », a assuré le Secrétaire exécutif.

Gaspard BAYALA

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