Le changement climatique n’est plus un simple fait, mais un vécu quotidien dans le monde. L’agriculture qui nourrit plus de sept milliards d’âmes de la planète subit de plein fouet les répercussions du changement des états de l’atmosphère. Ce phénomène qui incrimine l’homme et ses modes de vie, doit être combattu à l’échelle du globe par des pratiques agricoles diverses dont certaines sont déjà promues par la recherche scientifique.
Les pratiques agricoles évoluent de façon spectaculaire dans le monde. Au rendez-vous, il faut investir pleinement dans ces savoir-faire pour gagner le pari de la lutte contre les effets du Changement climatique (CC) sur l’agriculture. C’est, donc, un défi contemporain que doivent relever tous les pays du monde possédant une atmosphère commune non compartimentée, lieu de concentration des substances (gaz à effet de serre) qui réchauffent la terre. Le Professeur titulaire de Géographie à l’Université Joseph-Ki-Zerbo de Ouagadougou, Jean Marie Dipama et spécialiste de climatologie explique que l’on ne doit pas avancer que les saisons sont mauvaises de nos jours du fait du CC et rester impuissant face au phénomène. Et pour cause, il nous revient de plein droit, indique-t-il, de promouvoir des technologies agricoles nécessaires pour éviter que des paysans récoltent des maigreurs à la fin de leur dur labeur et espérer avoir des dividendes. Il nous faut nous conformer aux réalités de la nature que nous avons contribuée à dérégler. Aussi, c’est à nous de nous adapter et mieux, aller au-delà de l’adaptation pour voir le CC non pas comme un obstacle, mais un catalyseur du développement socioéconomique. Ces réalités, au contraire, doivent nous amener à repenser nos modes de vie, notre façon d’appréhender la nature et mettre notre esprit de créativité en branle pour transformer ces contraintes en opportunités en termes de résilience. C’est pourquoi, sur le plan de la production agricole proprement dite, des chercheurs sont sollicités dans l’optique de produire des espèces variétales qui s’adaptent au climat actuel, renseigne l’expert en climatologie.
Miser sur la recherche agricole
A ce propos, des structures de développement agricole, à l’image de l’Institut de l’environnement et de recherches agricoles du Burkina Faso (INERA) sont dans le viseur des développeurs agricoles. A l’INERA, par exemple, l’un des quatre instituts spécialisés du Centre national de la recherche scientifique et technologique (CNRST), des variétés de riz sont expérimentées pour booster la production rizicole. Mais, à, ce niveau, la perfection doit être le maître-mot avec, à la clé, l’idée de bien former des acteurs pour acquérir de la compétence, en voulant bien entendu, miser sur la technologie. De surcroît, sous nos tropiques, l’agriculture est la plupart du temps pluviale, c’est-à-dire, dépendante de la pluie. En d’autres termes, tant que des nuages pluvieux s’amoncellent à l’horizon, le brave paysan peut applaudir et rire à gorge déployée. Toutefois, il faut des outils pour investiguer et donner les meilleures prévisions réalisables afin que l’information climatique soit la plus juste possible au service des agriculteurs burkinabè. A ce propos, des études propres menées au Burkina Faso montrent une variation climatique due au changement du climat. C’est le cas de la configuration du climat qui se dessine tant au niveau des isothermes, c’est-à-dire, les températures, que des précipitations (quantités d’eau tombées dans une localité et recueillies sur une période donnée) et leur distribution spatiale. Du point de vue des températures, il y a un peu plus de vingt ans de cela, on avait l’isotherme 27°C, à la partie sud-ouest du Burkina Faso. Mais, de plus en plus, cette ligne est en train de quitter le Burkina Faso avec une remontée ou un relèvement des températures.
A titre d’exemple, les quantités d’eau recueillies au Burkina Faso peuvent être soit à la hausse ou à la baisse en fonction des années. La tendance globale observée il y a une dizaine d’années est une augmentation des quantités d’eau. Mais, à ce niveau, la répartition dans le temps et dans l’espace pose problème parce que la plupart de cette quantité d’eau est reversée maintenant en si peu de temps, contrairement aux années antérieures où elle pouvait s’étaler sur cinq à six mois. Or, l’on se rend compte que parfois en trois ou quatre mois, une grande quantité d’eau est déversée avec une disparité dans la répartition à l’échelle du territoire. Que faire face à cette situation de rareté et paradoxalement d’abondance de pluies dont la première cause demeure le CC à l’échelle du globe ? Il est clair qu’à cette étape, le paysan ne peut plus produire en abondance avec des semences classiques ou traditionnelles, les modes de cultures archaïques et même d’élevage (dans le cas de l’agriculture agropastorale). C’est ce qui explique à juste titre, l’utilisation massive des semences améliorées qui sont une solution d’adaptation au changement du climat.
Aussi, il faut repenser toutes les pratiques agricoles avec l’exemple en Israël où la technologie agricole est développée face au désert. Et au lieu de passer tout le temps à gaspiller comme si tout était inépuisable, ce qui est d’ailleurs une gageure, il faut une utilisation rationnelle des ressources pour dompter les effets néfastes du CC. Au-delà des recherches, les pratiques doivent évoluer dans l’optique de dédouaner l’agriculture elle-même qui est source d’émissions de Gaz à effet de serre (GES) en vue d’obtenir des rendements agricoles satisfaisants.
Boukary
BONKOUNGOU