Insécurité au Sahel : les populations ont battu le pavé pour plus de sécurité

Les manifestants ont scandé des slogans du genre « SOS Sebba », « SOS RN3 ».

La Coalition des organisations de la société civile et des syndicats de la région du Sahel ont organisé une marche pacifique de protestation, le samedi 27 août 2022, à Dori, pour réclamer, entre autres, plus de sécurité, le ravitaillement en produits de première nécessité, le retour de l’administration publique.

Partis de la place Hama-Arba-Diallo de Dori, les marcheurs ont bravé la pluie pour se rendre au gouvernorat de Dori. A quelques encablures du gouvernorat, ils ont marqué un arrêt pour porter à la connaissance de tous, le contenu du message à transmettre au gouverneur de la région du Sahel pour le président du Faso.

A écouter le porte-parole de la coalition des organisations de la société civile et des syndicats de la région du Sahel, Yahiya Hama Dicko, les conséquences de la crise sécuritaire que connait le Burkina Faso minent le quotidien des populations de la région du Sahel. « En ce moment difficile de l’histoire du Burkina Faso, l’Etat devrait renforcer sa présence dans les zones impactées par l’insécurité.

Mais, le Sahel est caractérisé par l’indifférence et le délaissement des autorités, se traduisant par la fermeture des écoles, la situation humanitaire désastreuse, le départ de l’administration publique, les coupures intempestives d’électricité, d’eau, des réseaux de télécommunication et le manque de carburant », a-t-il expliqué. C’est au regard de cette « faible réactivité » de l’Etat que les populations ont décidé de battre le pavé pour donner de la voix.

Pour ce faire, M. Dicko a, au nom de la collision, égrené un certain nombre de doléances. Il s’agit, entre autres, de la facilitation de l’accès aux produits de première nécessité, le contrôle des prix et de l’inflation, le retour de l’administration publique, la réouverture de l’université polytechnique de Dori, l’arrêt de la stigmatisation de certaines communautés dans le cadre de la lutte contre l’insécurité.

Le porte-parole de la Coalition des organisations de la société civile et des syndicats de la région du Sahel, Yahiya Hama Dicko, a dit qu’il se réserve le droit d’utiliser d’autres moyens légaux pour se faire entendre.

A cela s’ajoutent l’allègement du couvre-feu à l’intérieur des villes, chefs-lieux de provinces, la mise en place d’un système d’évacuation sanitaire des malades dans la région, plus de sécurité, de libre circulation des personnes et des biens et la protection des défenseurs des droits humains au Sahel.

Les délégués des manifestants se sont ensuite rendus au gouvernorat pour rendre leur missive au premier responsable de la région. Mais cette remise de doléances n’a pas eu lieu, car la délégation a souhaité être reçue par le gouverneur à l’entrée du gouvernorat, tandis que ce dernier avait aménagé la salle de réunion du gouvernorat pour la circonstance. Sous une pluie battante, les délégués ont dit avoir pris acte et ont rendu compte à la foule qui s’est dispersée sans une autre forme de procès.

La version du gouverneur

Dans l’optique de donner sa version des faits, le gouverneur de la région du Sahel, le lieutenant-colonel Rodolphe Fabien Sorgho, a convié la presse pour une interview. D’emblée, il a souligné que la marche n’avait pas été interdite en dépit du décret présidentiel interdisant toute manifestation sur l’étendue du territoire national pour permettre aux Forces de défense et de sécurité (FDS) de mieux se concentrer à la lutte contre le terrorisme. « Compte tenu du motif de la marche en rapport avec l’insécurité au Sahel que nous vivons tous, nous avons jugé bon de les entendre.

C’est à cet effet que j’ai donné des instructions de laisser les populations manifester afin qu’elles viennent pour être écoutées. Depuis ma nomination, j’ai toujours eu un dialogue franc avec la population et la société civile », a-t-il fait savoir. D’ailleurs, a insisté le gouverneur du Sahel, il y a des rencontres trimestrielles avec toutes les franges sociales de sa circonscription administrative.

« Si au-delà de tout cela, les gens trouvent l’occasion de marcher, je pense que c’est plus sérieux. Et on ne doit pas se contenter de venir remettre une plateforme revendicative et repartir. On doit pouvoir échanger et chacun prendra des engagements. S’ils marchent, ils ont des propositions de solutions pour venir à bout du terrorisme », a estimé le lieutenant-colonel Sorgho.

C’est pourquoi, il dit avoir jugé nécessaire de les recevoir afin de discuter de la situation que vit la région du Sahel. Malheureusement, a-t-il déploré, ils ont refusé de s’installer dans la salle de réunion pour échanger. Il a, en outre, signifié qu’il existe également des moyens légaux pour adresser leur plateforme revendicative au président du Faso pour qu’il entende ce qu’ils veulent lui dire.

« S’ils ont marché, je pense que c’est pour une recherche de solution à la situation et les portes de mon bureau sont ouvertes. Mais je n’aimerais pas qu’on dise que le gouverneur a refusé de les recevoir », a souligné le lieutenant-colonel Sorgho. Il a ajouté que, malgré l’aspect illégal de la marche, le dernier samedi du mois où il devrait être à l’opération mana mana, il s’est fait le devoir de les attendre pour discuter.

« Si je suis resté au bureau, c’est parce que je prends la question sécuritaire au sérieux. Je reste toujours ouvert à toute personne qui a des propositions tendant vers la résolution endogène de la crise », a-t-il conclu.

Ali Mamoudou

MAïGA AIB/SENO

1 COMMENTAIRE

  1. Il y a de quoi s’inquiéter avec ces terroristes dans tous les coins, il faudrait que les forces de l’ordre soient vraiment à la garde des populations et de la Nation

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