La rentrée de tous les défis

C’est en principe cette semaine que le gouvernement va renouer avec ses activités, notamment les traditionnels conseils des ministres. Du reste, y avait-il eu vacances, au regard des différents chantiers titanesques sur lesquels le président du Faso et le gouvernement sont engagés? Comme en 2019, cette rentrée gouvernementale se déroule dans un contexte marqué par des attaques terroristes à répétition. Celle de Koutougou, le 19 août 2019, qui a coûté la vie à plusieurs dizaines de soldats, a sonné comme une piqûre de rappel que la menace est omniprésente. C’est dire que sur la table du gouvernement, la priorité des priorités demeure la sécurisation du pays. Si sur le front Est, les agressions armées ont connu une accalmie, grâce à l’opération Optapuanu, ce n’est pas encore le cas au Sahel, en dépit de l’opération Ndofu.

Le pays des Hommes intègres peut élargir sa coopération dans la lutte contre les forces du mal. C’est en cela qu’il faut saluer l’avènement de la Nouvelle alliance pour la stabilisation de l’Afrique (NAPSA) qui a vu le jour à la septième Conférence internationale de Tokyo sur le développement de l’Afrique (TICAD), tenue à Yokohama du 28 au 30 août 2019 au Japon. Mais, il ne faut pas se leurrer ! Le premier bouclier contre l’hydre terroriste est l’unité nationale pour, non seulement, aider les forces de défense et de sécurité, engagées sur le terrain, mais aussi soutenir les centaines de milliers de déplacés internes, et dont la gestion sera l’un des défis de l’Exécutif. L’autre chantier sur lequel, le Premier ministre Christophe Dabiré et son gouvernement sont attendus, est celui de l’éducation.

Alors que certains élèves se préparent à retrouver le chemin de l’école, d’autres enfants du pays n’ont pas encore achevé leur année scolaire 2018-2019, du fait des attaques terroristes. Comment permettre à ces élèves des zones d’insécurité de poursuivre leur cursus scolaire ? C’est la tâche d’Hercule à laquelle le gouvernement devra s’attaquer. Il faudra également reprendre langue avec les travailleurs afin d’atténuer la fronde sociale, toujours en ébullition et donner une chance aux chantiers de développement pour le plus grand nombre de Burkinabè. Le dialogue social « responsable » et la réconciliation nationale appellent des réponses immédiates dès cette rentrée. Ce qui remet au goût du jour les propos du président du Faso, le 16 juin 2017, lors de la deuxième session du cadre de concertation et du dialogue qu’il a eue avec les Organisations de la société civile.

« Le rôle des OSC, ce n’est pas la prise du pouvoir d’Etat ; le rôle des OSC, ce n’est pas de faire la politique ; le rôle des OSC ce n’est pas non plus de créer la division au sein des Burkinabè et de créer l’esprit de haine. De même, il ne nous appartient pas en tant que gouvernement, d’instrumentaliser les OSC en notre faveur. Chacun de nous a une ligne rouge à ne pas franchir », avait-t-il dit. Cela est d’autant plus vrai au moment où certains syndicats et organisations de la société ont choisi la rue pour se faire entendre. Les défis de cette rentrée ne sont pas que sécuritaires et socio-économiques. Les réformes politiques, institutionnelles (adoption de la Constitution), les dossiers judiciaires, les élections de 2020 avec notamment le processus du vote des Burkinabè de l’extérieur se poursuivront avec une question en toile de fond : y a-t-il ou pas la nécessité de toiletter le cadre institutionnel ? A propos de la nouvelle Constitution et du vote de la diaspora, les questions principielles semblent être définitivement évacuées. C’est sur les aspects opérationnels que la diligence des différents acteurs se portera, le tout étant d’être techniquement prêts pour les échéances 2020 et 2021.

Par Mahamadi TIEGNA

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