Coup de pédale après coup de pédale, étape après étape, la 34e édition du Tour cycliste international du Faso a connu son apothéose, ce dimanche 5 novembre 2023, sur le Boulevard Thomas Sankara dans la capitale burkinabè. Pour ce qui était une promesse des autorités actuelles de la Transition, l’organisation réussie de cette édition reportée en 2022 pour raisons sécuritaires, s’est avérée des plus osées, parce qu’elle portait en elle-même les germes de plusieurs défis.
D’abord, celui de la mobilisation des partenaires techniques et financiers. En effet, à une dizaine de jours du départ de la caravane du Tour cycliste international du Faso, le comité d’organisation annonçait que plusieurs entreprises européennes officiant au Burkina Faso et des partenaires financiers traditionnels du Tour ont refusé de mettre la main à la poche. Une équation aux nombreuses inconnues qui a vite trouvé solution grâce aux efforts des acteurs nationaux et plusieurs autres entreprises qui ont enlevé ce bâton dans les roues du Tour.
Ensuite, il y a eu le défi de la participation des équipes étrangères parce que des habitués européens de la grande fête annuelle de la petite reine burkinabè comme la France, les Pays-Bas, la Suisse et l’Allemagne, à l’exception de la Belgique, ont répondu aux abonnés absents. Si le prétexte de la situation sécuritaire que traverse notre pays peut être vite servi, il n’en demeure pas moins que les plus avertis ont su voir une main cachée qui a savamment orchestré le refus de certaines entreprises européennes exerçant au Burkina Faso de financer le Tour.
Il y a enfin le défi organisationnel qui a été relevé et avec faste. Sur les 10 étapes et à travers villes et campagnes, le comité d’organisation, le ministère en charge des sports, les autorités locales d’accueil de la caravane, les Forces de défense et de sécurité (FDS) et les Volontaires pour la défense de la patrie (VDP) ont œuvré à battre en brèche, l’alibi que certains ont trouvé pour déconseiller la destination Burkina et le Tour du Faso.
Au final, les résultats sont là. Le 34e Tour cycliste international du Faso a tenu toutes ses promesses, avec en graal le Maillot jaune qui nous échappait, depuis le sacre de Mathias Sorgho en 2018, sur les épaules du Burkinabè, Paul Daumont. En 10 jours, 13 équipes, dont 10 étrangères ont parcouru le Burkina Faso, tenant en haleine des populations qui ne se sont pas fait prier pour les acclamer aux abords des voies.
Après le SIAO, le FESPACO, la SNC et le SITHO-VITHRO, la 34e édition du Tour cycliste international du Faso vient prouver aux yeux du monde que le Burkina Faso, qui est tant déconseillé, a de la ressource à revendre et est bel et bien fréquentable. Et c’est aux moments les plus sombres de leur histoire que, dans un élan de résilience insoupçonné, ses filles et fils trouvent les ressorts nécessaires pour remettre leur patrie sur les rails.
Sur le plan national, comme hors de nos frontières, le Burkina a toujours prouvé cette résilience en faisant flotter le Drapeau national sur le toit du monde et avec lui, l’hymne de la victoire, le Dytaniè. Aujourd’hui, Paul Daumont, hier, Iron Biby le « VDP », Hugues Fabrice Zango, Marthe Koala et bien d’autres continuent d’écrire l’histoire héroïque de ce pays. En attendant le sacre final de nos FDS et VDP sur l’ennemi pour la reconquête totale du territoire national.
De ce Tour, il faudra aussi tirer beaucoup de leçons, notamment celle de compter sur ses propres ressources. De 1987, année de la 1re édition à ce jour, le Tour cycliste international a connu trois interruptions, celles de 2014, 2020 et 2022. 2023 est un pari gagné en l’honneur de tous les acteurs. Ce trophée est donc un triomphe collectif. Une preuve de plus que l’union fait la force. Les Burkinabè peuvent fièrement porter ce maillot de la victoire toute l’année, fruit de la résilience de tout un peuple qui refuse de plier face à l’adversité.
Par Assetou BADOH
badohassetou@yahoo.fr