Le prix de la sécurité alimentaire

Le gouvernement multiplie les initiatives pour faire face à l’inflation des prix des produits de première nécessité et son corollaire de baisse du pouvoir d’achat des classes moyennes et à faibles revenus. A travers des mesures concrètes de contrôle des prix des denrées alimentaires de base et des autres produits de grande consommation, le gouvernement affronte le taureau de l’inflation par les cornes.

Un délestage budgétaire de plus de 14 milliards F CFA sur la ligne des taxes douanières a été opéré dans l’objectif d’amoindrir les prix du sucre, de l’huile et du riz vendus aux consommateurs. La subvention aux boulangeries et le plafonnement, par le ministère du Commerce, du prix de la baguette de pain, (même s’il a perdu quelques grammes), du savon SN-Citec, de l’huile Savor ou du sucre de la SN-SOSUCO va dans ce sens. Il va falloir pourtant insister si l’on veut amoindrir le choc de la flambée des prix. Le vent inflationniste qui souffle sur le Faso a une double origine.

Les multiples crises au niveau mondial ont chamboulé les échanges internationaux et provoqué une pénurie, parfois artificielle qui conduit à une flambée des prix sur tous les continents. A l’interne, passons outre les aléas climatiques et les actions terroristes, notre déficit alimentaire chronique n’est pas seulement lié à l’insuffisance dans la production de denrées. Il est bien de fois inhérent à la propension au gain : faire de la rétention en période faste dans le but de créer le besoin et surenchérir les coûts sur le marché pendant la disette.

Alors, si nous sommes impuissants quand les éléphants se battent du côté de l’Ukraine, nous pouvons et devons agir sur les causes internes de nos difficultés en modifiant les paramètres locaux pour maintenir la barque au-dessus des flots. Comment parvenir à étouffer cette tentation d’aboutir à une pénurie provoquée des stocks de produits de première nécessité et inciter à mettre leur contenu sur le marché afin que les mesures proactives du gouvernement puissent porter leurs fruits ?

Car c’est collectivement que nous devons œuvrer pour éviter de détériorer le climat social déjà éprouvé par des manœuvres égoïstes. A-t-on besoin de clamer l’esprit patriotique face à tous ces cris de détresse des consommateurs de plus en plus désemparés, à affronter les aléas du quotidien dont les tentacules nous serrent de plus en plus à la gorge au fur et à mesure que s’aggravent le terrorisme et la contingence internationale?

Nos greniers doivent servir à réchauffer en premier nos propres marmites et nos habitudes alimentaires méritent aussi d’être revues. Dans cette mauvaise passe et dans un pays qu’on dit défavorisé par la nature, il est juste et bon que les consommateurs élargissent leurs goûts : toute la diversité fournie par dame nature et dont les femmes ont le don de la transformation. Des tubercules aux légumineuses et à tous les fruits locaux en lieu et place des spécialités exquises importées, devenues inaccessibles.

Le Burkina Faso ne s’est-il pas investi pour l’adoption à l’ONU de la journée dédiée aux légumineuses, cette famille de cultures sur laquelle il mise pour sa souveraineté alimentaire ? Réconcilions-nous donc pour de vrai, avec nous-mêmes et avec nos réalités. C’est le prix de notre souveraineté alimentaire. A la détermination du gouvernement, tenons la main tendue et adoptons de nouveaux réflexes.

Par Assetou BADOH/GUIRE

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