Les défis de l’Union africaine

Le Tchadien, Moussa Faki Mahamat, a été réélu à la tête de la Commission de l’Union africaine (UA) pour un mandat de quatre ans, le 6 février 2021. Candidat à sa propre succession et seul en lice, il a eu la confiance de 51 Etats sur les 55 que compte l’institution. Dans leur majorité, les chefs d’Etat africains ont salué ses qualités : la neutralité, l’art du compromis et son penchant pour la concertation à la tête de la Commission de l’UA. Toutefois, ces éloges ne le dédouanent pas de sa responsabilité à donner à l’organisation, la place et le leadership qu’elle devrait avoir en Afrique et dans les instances internationales. Les défis qu’affronte le continent sont légion et nécessitent plus qu’une attention soutenue de l’UA. Des conflits armés à la lutte contre le terrorisme au Sahel, dans la région du Lac Tchad,
au Mozambique, en Tanzanie et en Somalie en passant par la crise sanitaire de la COVID-19, l’on s’attend à ce que le président de la Commission de l’UA soit plus actif. C’est à l’aune de son implication dans les maux endémiques et actuels de l’Afrique, que l’UA sera une institution au service des peuples. Il est très souvent reproché à l’organisme panafricain de briller par son silence sur des questions d’actualité dans certains pays ou de se contenter de simples déclarations là où l’on s’attend à de la fermeté. A titre illustratif, la question des 3e mandats a largement occupé la Une des journaux en 2020 et l’UA a été tout simplement inaudible ou, à tout le moins, complaisante à l’endroit de ces présidents obnubilés par les longs règnes, alors que des centaines d’Africains sont morts pour avoir osé dire « non » à la confiscation des acquis démocratiques. Moussa Faki Mahamat devra manœuvrer pour que la Commission de l’UA s’émancipe de la tutelle des chefs d’Etat. En prenant en main la question des échanges commerciaux sur le continent, l’UA est parvenue à mettre en place la Zone de libre-échange continentale africaine (Zlecaf). Le parcours aura été laborieux, mais aujourd’hui le résultat est apprécié de tous. Dans la même dynamique, le président de la Commission de l’UA devra œuvrer à ramener la paix dans certains Etats, comme la Centrafrique et la Somalie livrés aux humeurs des groupes armés. Il est temps que l’UA rompe avec cette image de coquille vide qu’on lui a toujours collée. Face à l’urgence sanitaire, l’on s’attend à ce que le président de la Commission pèse de tout son poids pour que le continent dispose de vaccins efficaces pour sa population à temps. La lutte contre la pauvreté, l’autosuffisance alimentaire, l’opérationnalisation des politiques en faveur des femmes et des jeunes, la bonne gouvernance et l’État de droit sont autant de challenges sur lesquels Mahamat et son équipe sont attendus. Osons espérer qu’il saura mettre à profit l’expérience de son premier mandat pour faire bouger les lignes.

Karim BADOLO

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