Les enjeux d’une élection

Dans quelques semaines, les nigérians connaitront le nom de celui qui prendra les rênes de la magistrature suprême de leur pays pour succéder au président actuel, Muhammadu Buhari. En effet, les habitants de ce pays, le plus peuplé d’Afrique, iront aux élections, le samedi 25 fevrier prochain pour élire leur nouveau chef d’Etat mais aussi leurs représentants au Parlement et les sénateurs des différents Etats.

Nombreux sont les Nigérians, sans distinction aucune, qui fondent l’espoir sur ces élections, au regard du bilan quelque peu mitigé du président sortant, le général Buhari. La raison est que le pays fait face, comme nombre de pays du Sahel, aux affres de l’hydre terroriste dans sa partie septentrionale doublées de la pauvreté qui frappe la majeure partie de sa population malgré les potentialités qu’il regorge. Des préoccupations face auxquelles Muhammadu Buhari avaient pourtant promis de trouver des solutions. A l’analyse, ce sont ces promesses qui ont d’ailleurs été au centre de son élection en 2015 et en 2019. Autant dire que de grands challenges attendent son successeur qui aura bien plus à faire. Ce, dans la mesure où le contexte actuel de ce géant africain est marqué de mécontentement croissant dans le pays lié à l’aggravation de l’insécurité et aux difficultés économiques. Pour cette élection, 18 candidats sont en lice pour briguer la magistrature suprême, avec 93,5 millions d’électeurs inscrits. Mais, selon maints observateurs, seuls trois d’entre eux sont déclarés favoris. Il s’agit de Bola Ahmed Tinubu, 70 ans, qui représente le parti au pouvoir, le All Progressives Congress (APC), Atiku Abubakar, 76 ans, qui se présente au nom du principal parti d’opposition, le Parti démocratique populaire (PDP) et Peter Obi, 61 ans, qui, lui, espère aussi briser le système bipartite qui domine le Nigéria, depuis la fin du régime militaire en 1999. Il est vrai que le Nigeria est l’une des économies les plus prospères en Afrique de l’Ouest voire de tout le continent.

Cependant, il reste aussi qu’il est connu pour ses incessantes crises de tous genres et sa corruption endémique qui écorne sa notoriété. Ainsi, à la veille des joutes électorales, il n’est pas superfétatoire de se demander ce que peut être les principaux enjeux de ces élections. Loin d’être pessimiste, il est certain que le vainqueur de l’élection, quel qu’il soit, n’aura donc pas la tâche aisée, en dépit de sa bonne volonté, compte tenu de ce que nous tous savons de ce pays. La réduction de l’insécurité, ce mal qui le ronge depuis des lustres, demeure incontestablement l’une des principales préoccupations des électeurs. En effet, faut-il le rappeler, le Nigeria connaît, depuis des années, une crise d’enlèvements contre des rançons et est permanemment aux prises avec une insurrection islamiste (Boko Haram) dans certaines régions du Nord. Le chômage de la frange jeune de sa population est également un problème majeur à résoudre par celui qui se hissera au firmament de cet Etat, au soir des résultats de cette élection tant attendue par les Nigérians de l’intérieur et de l’extérieur. En plus, tout comme le reste des pays du continent qui subissent les effets collatéraux de la crise ukrainienne, l’inflation à deux chiffres, la faible croissance économique sont également des défis importants auxquels doit faire face le successeur du président sortant, Muhammadu Buhari. Par-delà tout, il reste tout de même à espérer que ces élections se déroulent dans les règles démocratiques normales, dans la transparence afin de permettre une alternance apaisée, pour le bien des populations.

Soumaïla BONKOUNGOU

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