L’université, la cité de l’adversité

L’université, une calamité silencieuse au cœur d’une société insouciante ou indifférente. L’université, un temple du savoir aux murs de geôles refondé sur du sable mouvant. L’université, la cité de toutes les adversités devant l’horizon flou d’un avenir indéfini à l’infini, tracé en pointillés. Avoir le BAC avec gloire pour se retrouver dans le bac à déboire avec des cours à boire au goulot pour des devoirs pleins de zéros. Il faut être un héros pour s’aventurer à l’U.O ! Notre école est un voyage de non-retour, un compte à rebours vers un inconnu plein de détours, sans secours.

L’université n’a plus droit de cité dans le concert des priorités ; la réforme manque de moyens d’innovation ; c’est quand même la réforme, presque informé mais assez conforme aux nouvelles normes de la maldonne. La mise en œuvre du système LMD est décriée et même dénoncée par certains acteurs du système, mais il faut quand même l’appliqué même si c’est compliquer. Même si nous ne sommes pas prêts, allons seulement ! Les années peuvent se chevaucher mais il faut cravacher pour quitter la première année avec succès en trois ans et espérer avoir sa licence en six ou sept ans. Désormais il ne faut plus se lever tôt pour avoir une place à l’amphi ; il faut y passer la nuit pour éviter les ennuis.

Les amphis ne sont plus des enclos pléthoriques de « cheptel intellectuel » ; ils sont surpeuplés de têtes évidées à remplir. Evalués avec des devoirs aux notes dévaluées, l’étudiant ne suit plus les cours ; il achète le cours à 2000 ou à 5000 F CFA et ploie sous le poids de documents aussi touffus que confus, balancés par des enseignants parmi lesquels certains sont des « distributeurs automatiques de zéros ».

Ne parlons pas de ces enseignants qui jubilent quand il y a plus de zéros que de dix ; quand les meilleurs ne sont que deux ou trois à avoir 12 ou 13/20. Tant pis pour la casse ! A l’université, un directeur de mémoire est un « demi-dieu », omniprésent mais indisponible pour encadrer convenablement l’étudiant qu’il a lui-même naguère été. A l’université, il y a des noms et des sobriquets d’enseignants qui sont devenus les marques déposées d’une vérité qui ne se dit pas.

Le campus est un champ de cactus dans un désert où seuls les téméraires résistent à la faim et à la soif. Pendant que le fils de Patarbtaalé y entre avec des interrogations et en ressort avec des frustrations, celui de Crésus, le riche enjambera le bourbier national à vol d’oiseau pour aller se faire les dents en Occident à coût de millions et revenir narguer ceux qui ont mordu la poussière de Zogona. Faites le point des inscrits à l’université de Ouagadougou et vous verrez que les enfants des UNS ne répondront pas à l’appel. Ils sont ailleurs aux Etats-Unis, au Canada ou en France.

On préfère balancer son enfant et l’argent du pays chez les autres et laisser son propre patrimoine en désuétude. Comme l’hôpital national, l’université du pays est un Titanic encombrant qui a échoué par négligence et par indifférence humaine, oublié en pleine traversée dans la marche vers un développement dit durable où le fils du pauvre ne fera pas mieux que son père même s’il a du cœur. L’université n’est plus une porte de sortie mais un cul-de-sac où les rêves et les ambitions font tonneau contre le mur implacable de la désillusion.

Aujourd’hui inscrire son fils ou sa fille dans nos universités publiques, c’est comme les jeter en pâture à la cruelle mésaventure de la jungle. On payera alors plus cher pour les envoyer dans le privé où les mêmes enseignants du public officient avec un tempérament plus clément, avec des notes qui frisent le jack pot et un taux de succès qui insultent parfois le bon sens.

C’est cela la réalité et la vérité du système éducatif ; un système à deux visages et à ..

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