Lutte contre la fraude et la corruption : Les acteurs pour un meilleur traitement des dossiers

Pour le ministre, Bessolé René Bagoro (milieu), il est reproché à la justice d'être trop laxiste dans la gestion des dossiers de crimes économiques et financiers.

Le ministère de la Justice, Garde des Sceaux, a organisé du 23 au 25 avril 2019 à Ziniaré, un atelier d’échanges et de partage d’expériences avec différents acteurs intervenant dans la lutte contre les crimes économiques et financiers.

La session ouverte le 23 avril 2019 à Ziniaré a regroupé une trentaine d’acteurs des pôles judiciaires spécialisés dans la répression des infractions économiques et financières et des structures intervenant dans la lutte contre la corruption et la fraude. Pendant trois jours, ils ont échangé sur leurs rôles respectifs, identifié chacun, ses attentes vis-à-vis de l’autre et déterminé les éléments d’une synergie d’actions.

Il en résultera une efficacité dans la détection, la poursuite et la sanction des crimes économiques et financiers. Pour le président de l’ASCE-LC, le Pr Luc Marius Ibriga, les différents corps de contrôle n’ont pas de pouvoir de sanction mais d’investigation. Pour cela, ils devraient être dans des relations de collaboration avec les magistrats, pour parler le même langage et accélérer le traitement des dossiers.

Malheureusement le Pr Ibriga a évoqué des difficultés dues au fait qu’ils n’ont pas la même méthodologie ou les mêmes façons de percevoir les questions. Par conséquent, a-t-il affirmé, les juges dans les cabinets d’instruction sont submergés par les dossiers et ceux des crimes économiques et financiers ne sont pas prioritaires. «Dès lors, l’opinion a l’impression que les dossiers n’avancent pas», a indiqué le président de l’ASCE-LC.

De grands défis

Les participants étaient issus de la société civile et de l’administration publique après les échanges de ces trois jours travailleront désormais
en synergie.

Pour qu’il y ait une amélioration, il a alors proposé une chaîne pénale spéciale avec des juges qui vont se consacrer auxdits dossiers. Une idée que partage le ministre de la Justice, Garde des Sceaux, Bessolé René Bagoro qui, malgré l’existence d’un dispositif juridique adéquat, pense que les domaines relatifs à l’évasion et la fraude fiscales, le blanchiment d’argent, la corruption…restent de grands défis.

Pour lui, la longue durée de l’instruction et les obstacles juridiques et fonctionnels empêchent ou ralentissent considérablement la collaboration entre les acteurs. En effet, toutes les structures qui interviennent dans la lutte, selon le ministre, fonctionnent individuellement et de manière autonome, si bien qu’il y a une insuffisance de coordination des actions.

«Pourtant, en matière économique et financière, il faut absolument mettre en place un système d’information original, un réseau d’alertes précoces qui convergent vers le Parquet spécialisé», a-t-il précisé. Financé par la Banque mondiale, le Projet gouvernance économique et de participation citoyenne (PGEPC) a apporté son appui financier à la tenue de cet atelier.

A entendre la chargée de la gouvernance de cette structure, Abibou Tapsoba, l’un des principaux objectifs du projet est de renforcer l’action publique et citoyenne pour une meilleure gouvernance dans la gestion de la chose publique. Et cette initiative du ministère de la Justice, selon elle, qui est de créer un cadre d’échanges entre les acteurs de lutte contre la corruption et la fraude va en droite ligne avec la vision du PGEPC.

Les participants à cet atelier étaient issus du ministère de la Justice, de la Cellule nationale de traitement des informations financières (CENTIF), de l’Autorité supérieure du Contrôle d’Etat et de la Lutte contre la corruption (ASCE-LC), de la Brigade nationale anti-fraude de l’or (BNAF), du Réseau national de lutte anti-corruption (REN-LAC), de l’Autorité de régulation de la commande publique (ARCOP) et des inspections générales des services des ministères.

Tielmè Innocent KAMBIRE

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