Pâques : Coronavirus va jouer les trouble-fêtes

Le dimanche 12 avril 2020, les chrétiens du Burkina Faso, à l’instar de ceux du monde entier, célèbreront la fête de Pâques ou la résurrection du Christ. Comment les chrétiens de Ouagadougou préparent cette fête? Constat dans quelques familles.

Nous sommes dans la famille Sawadogo, résidant au quartier Tampouy, dans l’arrondissement 3 de Ouagadougou en cette journée du mercredi 8 avril 2020. Il est 12h quand nous arrivons dans la famille. Après quelques salutations d’usage, nous cherchons à voir la « patronne du ménage ». « Elle est sortie », répond le chef de famille, Jean-Pierre Sawadogo. Un signe qui montre peut-être que le 12 avril sera comme les autres jours de l’année dans cette famille. La grand-mère, dame Maria Sawadogo, 71 ans, assise à côté de ces petits enfants, discute de tout et de rien. D’habitude, les enfants, à l’approche d’une fête, sont toujours heureux parce qu’ils auront de beaux vêtements. Mais leur comportement porte à croire qu’il n’en est rien pour cette fête, car ils n’ont pas été coiffés. Dans la concession, rien ne présage que nous sommes à quelques jours de la fête de Pâques. Tout semble suivre son train-train quotidien. Rien de spécial qui témoigne de quelconques préparatifs. D’ailleurs, dans la famille, deux des enfants devraient recevoir des sacrements (le baptême et la 1re communion) à Pâques, n’eût été la pandémie du COVID-19. De l’avis de la sexagénaire, la fête de Pâques 2020 sera célébrée dans un état de « confinement » total. Chacun devrait reste chez soi, selon elle, aucune visite n’est permise. Pourtant, c’était un moment pour certains chrétiens de jubiler pour les 25, 50 ou 75 ans de baptême ou de mariage et de retrouvailles.

Contexte sanitaire oblige, la famille est obligée de patienter peut-être l’année prochaine pour les sacrements des enfants. « N’eût été le contexte, l’heure était à l’achat des marchandises diverses pour rendre la fête belle surtout que deux de mes enfants recevaient des sacrements. Mais, comme cela est plus ou moins ajourné, on va attendre l’année prochaine, si tout va bien, pour ces célébrations », explique le chef de famille. Même constat dans la famille Ouédraogo à quelques « six-mètres » de la précédente famille. Arrivée dans la cour, seuls la grand-mère et ses petits enfants sont présents. Le couple Ouédraogo est sorti vaquer à ses occupations comme d’habitude. Aucun dispositif qui montre que la fête se prépare dans cette famille. Pour la grand-mère, Marie Ouédraogo, cette année, il n’y a pas de préparatifs même du côté des enfants.

Satisfaire les enfants

« Juste faire la cuisine pour eux le jour J. Notre souhait est que cette pandémie puisse être boutée hors du pays », exhorte-t-elle. Autre lieu, même constat. Dans la famille Kaboré à Nioko 1, dans la commune de Saaba, pas de préparatifs en vue. « Cette année particulièrement avec la pandémie, la célébration sera assez délicate vu que les rassemblements sont interdits. Il n’y aura pas de messe et le jour de la fête, il suffit juste de trouver quelques gallinacés. C’est juste le strict minimum cette année au regard du contexte sanitaire au Burkina Faso », précise M. Sawadogo. Et M. Sotissi Kaboré de poursuivre que le contexte est vraiment particulier de telle sorte qu’on est beaucoup plus préoccupé par la pandémie.

« La fête ne sera pas à l’image des années précédentes dans la mesure où, il n’y a aura pas de messes et de rituels au cours de la semaine sainte. Les choses se feront de façon modeste, c’est-à-dire, on se retrouve en famille pour méditer autour d’un repas familial », indique-t-il. Cependant, Maria Sawadogo regrette le côté retrouvailles de la fête, car chaque année, les femmes de toute la famille résidant à Ouagadougou se réunissent pour des salutations dans chaque famille. « C’est un instant pour se souvenir du passé » se souvient-t-elle. Toutes les familles sont unanimes quant au respect des consignes édictées dans ce contexte de COVID-19. « Certes, cette fête est importante pour les chrétiens, mais on aura d’autres Pâques à fêter comme nous le voulons. Il faut simplement observer les règles édictées par les autorités pour nous permettre d’éviter la propagation de la maladie », souhaite M. Kaboré. A ce sujet, le chef de famille Sawadogo, lui, renchérit qu’il faut que chacun y mette du sien pour pouvoir limiter la propagation du mal.

Fleur BIRBA
fleurbirba@gmail.com

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