Projet de création de 2 000 écovillages : Apporter un coup d’accélérateur

Les écovillages permettent d’instaurer dans une communauté des valeurs de solidarité, d’entraide et de respect de l’environnement. Cette stratégie fait partie d’une des réponses aux effets d’atténuation et d’adaptation au changement climatique. A Betta, un village de la commune de Ziniaré par ailleurs site pilote, le projet connait quelques difficultés dans sa mise en œuvre depuis son lancement en 2018.

L’idée de la mise en place des écovillages est née d’un atelier organisé par le gouvernement du Burkina Faso en collaboration avec le Global green growth institute (GGGI), le jeudi 16 mai 2019 à Ouagadougou où il était question de lancer la formulation du programme d’investissement. En effet, il s’agit d’un ensemble d’habitats à l’échelle d’un village ou d’un ensemble de villages partageant le même espace économique ou terroir où la priorité est de placer l’homme et l’environnement au centre de tous les intérêts. Pour y parvenir, le Burkina Faso s’était fixé pour objectif spécifique dans le cadre du Plan national de développement économique et social (PNDES) d’atténuer les effets néfastes du changement climatique en assurant une transition effective vers l’économie verte.

En d’autres termes, la création de ces écovillages exige entre autres l’amélioration de la gouvernance locale, la garantie de la sécurité alimentaire, la promotion des énergies renouvelables, l’assurance d’une gestion durable des ressources naturelles et la promotion de l’entrepreneuriat local. Car, l’exposition aux chocs d’origine climatique représente une menace constante pour la sécurité alimentaire et le bien-être des populations rurales qui dépendent principalement de l’agriculture pour leur subsistance. C’est ainsi que pour renforcer la résilience des communautés rurales face aux risques climatiques, il a été lancé en septembre 2018, le « projet de création de 2 000 écovillages » par le ministère de l’Environnement, de l’Economie verte et du Changement climatique. Le village de Betta dans la commune de Ziniaré, parmi les 13 écovillages pilotes, avait servi de cadre au lancement du projet. La suite du processus sera consacrée à l’identification des 1 987 villages complémentaires et la mise en place des activités identifiées. Le ministre en charge de l’environnement d’alors Nestor Bassière déclarait : « d’ici la fin de l’année 2018, la population du village de Betta, dans la commune de Ziniaré, pourra bénéficier de l’électrification solaire grâce à la mini-centrale solaire de 45 kilowatts avec stockage par batteries, pour une production totale de 50 mégawatts par an ». En attendant un bilan global, force est de constater que dans la forme, le projet est effectif dans le village de Betta. La centrale solaire a été implantée avec la fixation des poteaux électriques dans le village pour alimenter les concessions en électricité.

Le tracé de la voirie en cours

La forêt initiée dans le cadre de ce projet pour séquestrer le carbone a été aménagée. La borne-fontaine qui doit alimenter tout le village en eau potable est installée. Enfin, le tracé de la voirie est en cours de réalisation dans le village. En retour, la population doit se mobiliser à travers des activités en adoptant des comportements tendant à la préservation des ressources naturelles. Il s’agit entre autres de plantations d’arbres et la protection de certaines espèces naturelles en voie de disparition. Mais dans la forme le projet connaît un ralentissement dans la mise en œuvre dans le village de Betta. En effet, certaines infrastructures entrant dans le cadre du projet, notamment le lycée du village manquent à l’appel. La majeure partie du village n’est plus éclairée par les lampadaires solaires comme de par le passé, parce que des installations électriques sont pratiquement en panne. Sur le plan agricole, une bonne partie des terres n’est pas exploitée sous le prétexte d’ensabler le barrage d’Absouya. Conséquence, certains jeunes du village qui voulaient entreprendre le jardinage ont préféré mener d’autres activités ou migré vers d’autres endroits. A ce lot s’ajoute l’activité de l’élevage qui a pris un coup du fait du manque de pâturage et la difficulté d’abreuver les animaux. Le moins que l’on puisse dire est que l’idée de création des écovillages est à saluer au regard du début de réponse que les autorités ont voulu donner dans le cadre de l’adaptation et de l’atténuation des effets du changement climatique à travers ce projet.

Car l’économie verte comme le définit le directeur exécutif du Groupe de recherche et d’analyse appliquées pour le développement (GRAAD) Dr Gountiéni Damien Lankoandé qui est : « un cadre macroéconomique dans lequel, les activités de production, de consommation et de distribution sont conçues et fondées sur des principes règlementaires et volontaristes d’exploitation durable des actifs naturels et des produits, de sorte qu’ils puissent continuer de fournir les ressources et les services écosystémiques et environnementaux pour les générations futures », doit prendre une place dans les habitudes des populations. Osons espérer que la 2e visite officielle du Directeur général (DG) de GGGI Dr Franck Rijsberman au Burkina Faso en mars dernier après celle de 2019 va permettre de donner un coup d’accélérateur à la mise en place des écovillages qui sont plus inclusifs et résilients. Ce qui conduit à une meilleure adaptation au changement climatique.

Paténéma Oumar OUEDRAOGO

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