
L’Audience solennelle de la rentrée judiciaire 2025-2026 a eu lieu, mercredi 1er octobre 2025, à Ouagadougou, sous le haut patronage du Président du Faso, le capitaine Ibrahim Traoré, chef de l’Etat, garant de l’indépendance du pouvoir judiciaire.
Pendant que les élèves reprenaient le chemin de l’école, l’heure était aussi à la rentrée pour les juridictions du Burkina. En effet, l’Audience solennelle de la rentrée judiciaire 2025-2026 a eu lieu, mercredi 1er octobre 2025, à Ouagadougou, sous le très haut patronage du Président du Faso, le capitaine Ibrahim Traoré, chef de l’Etat, garant de l’indépendance du pouvoir judiciaire.
Cette année, le thème choisi est : « Renforcement des relations entre la justice et les justiciables : gage de cohésion sociale, de bonne gouvernance et de développement ». Une synthèse du développement du thèmeeffectué par les membres de la commission « thème » a été lue à l’audience par le magistrat Haoua Ganamé, conseiller à la Cour des comptes.
De prime abord, elle a noté que le recours au système judiciaire au pays des Hommes intègres est de plus en plus fréquent notamment pour la résolution des conflits et litiges
individuels ou collectifs. D’un point de vue statistique, a-t-elle mentionné, le rapport a révélé que le rayon moyen d’accès à un Tribunal de grande in- stance (TGI) depuis 2021 est de 56,87Km.
Ainsi, sur les 47 provinces que compte le Burkina Faso, seulement 26 sont couvertes par un TGI, un Tribunal du travail, un Tribunal de commerce, un Tribunal administratif et une Maison d’arrêt et de correction. « Au nombre des 27 TGI qui couvrent l’ensemble du territoire national, sept avaient été délocalisées à cause de la situation sécuritaire. Avec l’amélioration de la situation, cinq ont rejoint actuellement leur siège et il
reste deux à savoir Djibo et Diapaga », s’est-elle réjouie.
Cependant, a relevé le rapport, la perception que les populations ont du système judiciaire est marquée par un déficit de confiance. Comme griefs reprochés à la justice par les justiciables, la magistrate Ganamé a mentionné notamment la corruption, la dépendance vis-à-vis du pou- voir politique et l’inadéquation du système judiciaire avec les valeurs endogènes.
A cela s’ajoutent, a-t-elle indiqué, l’incompréhension et l’inadaptation de certains textes en vigueur. Face aux récriminations qui sont faites au quotidien contre l’appareil judiciaire et les conséquences perceptibles de cette situation, les acteurs judiciaires doivent constamment, selon elle, se souvenir et convenir avec François René de Chateaubriand que, « la justice est le pain du peuple, il est toujours affamé d’elle ».
Poursuivre les réformes

Latin Poda : « des réformes ont été entreprises
et doivent être poursuivies dans la perspective
du renforcement de la cohésion sociale et de
la bonne gouvernance ».
A cet effet, le rapport a salué les réformes entreprises pour que la justice puisse davantage
répondre aux aspirations légitimes des populations. Au nombre de ces réformes, il a cité entre autres les deux révisions de la Constitution, la suppression de la Haute cour
de justice et la réforme de la procédure pénale et du Conseil supérieur de la magistrature.
Selon le rapport, ces réformes doivent être poursuivies dans la perspective du renforcement de la cohésion sociale et de la bonne gouvernance. « L’amélioration de l’offre du service public de la justice et la moralisation de l’appareil judiciaire contribueront à redonner plus de confiance aux justiciables et aux investisseurs, répondant ainsi aux attentes du peuple burkinabè dans sa quête légitime d’une justice plus performante et efficiente », a indiqué Haoua Ganamé.
Pour le Premier président de la Cour des comptes, Latin Poda, le diagnostic fait par le rapport, quant à la perception de la justice par les justiciables, est certes sans appel mais « il n’y a pas à jeter le bébé avec l’eau du bain ». Il a invité, cependant, à une mise en œu-
vre des recommandations formulées. Il s’agit notamment de la relecture de l’arrêté por-
tant fixation des délais de délivrance des actes de justice pour réduire ces délais, de la digitalisation des actes et procédures judiciaires, de la poursuite de la sensibilisation des acteurs de la justice sur l’observation des délais de traitement des affaires et l’effort de réduction de ces délais à tous les niveaux.
Il convient également, selon le rapport, de renforcer l’exercice du contrôle hiérarchique en vue de l’amélioration de la performance des juridictions et des acteurs judiciaires, d’appliquer effectivement des sanctions en cas de manquements et de poursuivre les opérations casiers vides dans les différentes juridictions pour juger les dossiers en souffrance.
Le ministre de la Justice et des Droits humains, Chargé des Relations avec les institutions, Edasso Rodrigue Bayala, a promis que ces recommandations seront traitées avec un grand intérêt pour une justice accessible, crédible, décomplexée et résolument fondée sur les valeurs endogènes du pays.
Nadège YAMEOGO