Au nom d’Allah, Clément et Miséricordieux. Louanges à Allah, le Seigneur de l’univers. Il a fait de la bienfaisance envers les voisins un acte d’adoration. Que Sa paix et Ses bénédictions soient en abondance sur le Messager de miséricorde, envoyé à l’univers comme tel et sur l’ensemble des croyants de tous les temps. L’une des finalités de beaucoup d’institutions de l’Islam est de parfaire le comportement du musulman afin qu’il soit digne d’être le représentant de Dieu sur la terre. Et au Prophète de dire que
« je n’ai été envoyé que pour parfaire le bon caractère ». C’est dans cette dynamique que Allah a consacré la sacralité du lien de voisinage et cela quel que soit le bord religieux du voisin.
En effet, Allah recommande, au musulman, la bienfaisance envers le voisin qu’il soit musulman ou d’une autre religion : « Adorez Allah, ne Lui attribuez aucun associé, faites
preuve de bienfaisance envers les parents, envers les proches parents, envers les orphelins, envers les pauvres, envers le voisin qui est proche et le voisin qui est loin,
envers le compagnon proche, envers le voyageur sans moyen, … » (S04 V36). Le bon comportement envers le voisin fait partie intégrante de la foi musulmane. On ne peut prétendre croire et adorer Allah et être malveillant envers le voisin.
En tous les cas, celui qui a conscience qu’il rendra compte un jour devant son Seigneur, fait très attention au voisinage. Nous comprenons, alors, ce propos du Prophète : « Celui qui croit en Allah et au Jour dernier se doit d’honorer son voisin ». La qualité de la relation avec notre Seigneur Allah est tributaire de la qualité des relations que nous avons avec notre environnement proche. Le musulman doit, donc, être très attentif, être à l’écoute de
besoin de ceux qui partagent son quotidien, son intimité.
L’indifférence à ces derniers altère ou anéantit la foi du musulman. « N’est pas croyant, celui qui passe la nuit le ventre plein alors que son voisin, à côté de lui, a le ventre vide », nous dit le Prophète. De ce hadith, nous comprenons qu’il n’est pas convenant pour un musulman de vivre sans se soucier de la situation de son voisin. Ici, la nourriture peut se comprendre au sens propre comme au sens figuré. Le vrai croyant ne saurait, en guise d’illustration, inscrire ses enfants dans les meilleurs établissements d’enseignement de la place sans se préoccuper du sort des enfants du voisin qui n’arrive pas à leur payer la scolarité même dans les établissements publics d’enseignement. Il n’est pas un vrai croyant, celui qui dort en toute quiétude dans une pareille situation alors que le voisin est dans l’insomnie faute de places pour ses enfants.
Dans une parole généraliste, le Prophète rappelait de faire miséricorde à ceux qui sont sur la terre afin que Celui qui est aux cieux nous fasse miséricorde. Dans une parole spécifique, il lie l’acquisition de l’amour d’Allah à la bienfaisance aux voisins. En effet, il dit ceci : « Celui qui désire acquérir l’amour d’Allah et Son Messager ou qui veut qu’Allah et Son Messager l’aiment, alors qu’il dise la vérité
quand il parle, qu’il restitue avec honnêteté les dépôts qui lui sont confiés et qu’il se comporte bien envers les gens de son voisinage ». La place du voisin est si particulière
dans l’Islam que le Prophète a beaucoup insisté de le respecter et de l’honorer. Il a dit : « L’ange Djibril n’a cessé de me recommander le voisin au point que j’ai cru qu’il
allait l’intégrer dans le droit de l’héritage ». Le voisin est celui qui peut témoigner véritablement de qui nous sommes.
Il nous côtoie et nous connait sans nos masques. Si la bienfaisance à son égard peut être cause de notre élévation auprès du Seigneur, la mauvaise conduite à son endroit attire, également, la malédiction. L’attitude à l’égard du voisin est un indicateur de foi. Le Prophète nous dit : « Par Allah, il n’est pas croyant ! Par Allah, il n’est pas croyant ! Par Allah, il n’est pas croyant ! » On lui demanda : « Qui, Ô Envoyé d’Allah ? ». Il dit : « Celui dont le voisin n’est pas à l’abri des méfaits de ses actes ». Le Prophète dit, clairement, dans un autre hadith : « N’entrera pas au paradis, celui dont le voisin n’est pas à l’abri de sa conduite blessante ». Un climat de confiance doit régner entre voisins. Et si ton voisin ne peut, à cause de toi, sortir sans peur, ni inquiétude pour ses biens, ses filles, son épouse, c’est que tu ne comptes pas parmi les vrais croyants. Et tu n’entreras pas au paradis, selon le hadith, si tu agis de manière malveillante le concernant directement ou concernant ses filles, son épouse, ses biens, même si tu jeûnes le jour et passe la nuit dans la prière.
On a, en effet, mentionné le cas d’une femme qui jeûne le jour et passe la nuit en prière mais qui nuit à ses voisins. Il a dit : « Elle est en enfer ». Cette exigence de bon comportement à l’égard du voisin concerne tous les musulmans, hommes comme femmes. C’est pourquoi le Prophète dit : « Ô vous les femmes musulmanes, qu’aucune d’entre vous ne néglige un bien qu’elle puisse faire à sa voisine, ne fût-ce qu’en lui offrant la patte d’un mouton ou d’une chèvre ». Il ajoute, également, que : « Quand tu prépares un plat en sauce, alors fais en sorte qu’il ait beaucoup de sauce puis tiens compte des familles avoisinantes en leur en offrant avec bienfaisance ».
Au regard de ce qui précède, le musulman doit être très regardant à la qualité de ses relations avec ses voisins. Il doit être, pour eux, une protection de leur dignité.
Effectivement, le musulman préserve l’honneur de son voisin, l’honneur de sa famille, l’intégrité de ses biens. Autrement, il ne doit être la cause de diffamation, de calomnie, de jalousie à l’égard de son voisin. Le musulman doit assistance, dans la limite de ses capacités, à son voisin quand il est dans le besoin. Il doit lui rendre visite quand il est malade, l’aider à honorer ses ordonnances s’il le faut.
En cas de malheur, le musulman doit être à ses côtés. Il lui présente ses condoléances en cas de malheur. Il partage, aussi, ses joies sans aucune jalousie. Il est du devoir du musulman de rester à l’écoute de son voisin et de lui donner avec sincérité le conseil quand il le demande. Il est assez regrettable, aujourd’hui, de constater que beaucoup de musulmans vivent en parfait mépris de tous ces enseignements sur les droits du voisin qu’il soit musulman ou non musulman. Il est tout aussi étonnant de voir d’autres donner l’impression qu’on ne peut bien vivre sa foi qu’en étant entre musulmans. Allah nous pardonne, nous faire davantage miséricorde et nous agréer.
Seigneur Allah, fais-nous bienfaisants et bienveillants à l’égard de nos voisins.
NB : La foi musulmane est une foi active qui impose un devoir de présence.
Dr Inoussa COMPAORE
Imam à l’AEEMB et au CERFI