Trait de plume Guinée : l’espoir d’un nouveau départ

Quatre ans après le coup d’Etat contre l’ex-Président Alpha Condé, la Guinée est sur la voie d’un retour à un ordre constitutionnel normal. Le référendum constitutionnel du dimanche 21 septembre 2025, dont on attend encore les résultats, annonce les couleurs de ce nouveau virage, en attendant les élections législatives et présidentielles de décembre prochain. Près de 7 millions d’électeurs étaient attendus aux urnes, pour un scrutin devant obtenir un taux de participation d’au moins 50% pour être validé.

Si le « Oui » l’emporte au référendum, ce qui semble se profiler, un certain nombre de réformes vont être actées, dont entre autres, le passage de 6 à 7 ans pour la durée du mandat présidentiel renouvelable une fois et à un scrutin uninominal majoritaire à deux tours. Mais, le principal enjeu, c’est la possibilité offerte au patron de la Transition, de se présenter à la future présidentielle. Le projet de nouvelle Constitution lui fait cette faveur, alors que la Charte interdisait au départ aux membres des organes de la Transition de prendre part aux élections nationales et locales.

Si le général Mamady Doumbouya, garde le silence sur son intention de briguer la magistrature suprême, ce secret ne devrait plus tenir longtemps avec le dénouement imminent du référendum. Cette consultation populaire, à laquelle la plupart des partis de l’opposition, dissouts ou suspendus, n’ont pas pris part, devrait incontestablement mettre le gal Doumbouya en pole position pour la présidentielle en vue. Sauf coup de théâtre, la candidature de Doumbouya va être déclarée, même si elle suscite un débat et met les opposants dans tous leurs états, eux qui n’ont aucun moyen d’entraver ses ambitions.

S’il s’était engagé à remettre le pouvoir aux civils, le tombeur de Condé n’est pas en passe de tenir cette promesse. Il sera probablement en lice pour la présidentielle et rien ne devrait l’arrêter. L’ex-commandant des forces spéciales guinéennes est d’ailleurs bien parti pour se faire élire, aucun adversaire sérieux ne se dressant sur son chemin désormais. La plupart des leaders de l’opposition, qui n’en finissent pas de critiquer sa gouvernance, ont pris le chemin de l’exil, tout comme l’ancien Président Condé.

Au-delà du référendum, qui sera suivi dans trois mois des législatives et de la présidentielle, les efforts consentis par les autorités de la Transition pour remettre la Guinée sur les rails doivent être salués. En dehors de la probable candidature de Doumbouya, qui alimente la polémique, des efforts ont été consentis pour un retour à un ordre constitutionnel normal.

La phase du référendum, étant presque franchie, il reste la tenue des législatives et de la présidentielle pour afficher complet. A charge donc pour la nouvelle direction générale des élections, créée en remplacement de la Commission électorale nationale indépendante (CENI), de mettre les bouchées doubles pour
respecter l’échéance de décembre.

S’il a pris plus de temps que prévu (une Transition de deux ans était envisagée après le coup d’Etat de septembre 2021), le gouvernement guinéen œuvre tant bien que mal à régulariser la situation. L’annonce et l’exécution d’un calendrier électoral en font foi. Il reste à se donner les moyens pour tenir à bonne date les législatives et la présidentielle, afin de sortir le pays de la période transitoire, qui semble s’éterniser.

Kader Patrick KARANTAO

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