Traitement de l’information en situation de crise : des journalistes formés pour « dépister » les VBG

Le Réseau ouest-africain des journalistes engagés pour la promotion du genre (ROAJEG) a formé une trentaine de journalistes au traitement des Violences basées sur le genre (VBG) dans un contexte de crise humanitaire, le samedi 5 novembre 2022 à Ouagadougou.

Plus d’un million de femmes et de filles sont exposées aux violences dans les localités à fort défi sécuritaire au Burkina Faso, selon un rapport de l’ONG Oxfam publié en mai 2020. Pour la plupart du temps, a précisé le même rapport, les victimes préfèrent garder le silence du fait du regard de la société. C’est donc aux hommes de médias de lever le voile sur les difficultés auxquelles elles sont confrontées afin que des actions soient entreprises pour les soulager. Mais avant de pouvoir faire ce travail, les journalistes eux-mêmes ont besoin d’être formés afin de pouvoir « dépister » les différents VBG et les traiter.

C’est en vue de répondre à cette exigence que le Réseau ouest-africain des journalistes engagés pour la promotion du genre (ROAJEG) en collaboration avec l’ONG Oxfam a initié un atelier de formation au profit d’une trentaine de journalistes, le samedi 5 novembre 2022 à Ouagadougou. Au cours de la session, les participants ont été éclairés sur les différentes formes de VBG. A cet effet, le coordonnateur du ROAJEG, Augustin Tapé qui était l’un des communicateurs de l’atelier a indiqué qu’elles ont été classifiées en six types par les Nations unies. Il s’agit, a-t-il dit, du viol, de l’agression sexuelle, de l’agression physique, du mariage forcé ou précoce, du déni de ressources, d’opportunités ou de services (DENOS) et des violences psychologiques ou émotionnelles. Partant du constat que les médias, en plus de ne pas traiter assez de ces questions, le font pour la plupart en faits divers, M. Tapé a invité les journalistes présents à faire des productions sur ces sujets qui méritent qu’on en parle. Mais dans le traitement, il a appelé les journalistes à prendre certaines précautions en sécurisant les victimes, les survivantes et les témoins.

Etre des journalistes sensibles au genre

Avant de comprendre les VBG, les participants ont d’abord eu un recyclage sur le genre et les concepts connexes. A cet effet, Isabelle Otchoumaré, experte en genre et vice-présidente du ROAJEG a noté que lorsqu’on parle de genre, on ne parle pas de sexe car le genre est un attribut social pendant que le sexe est un attribut biologique. Tout comme, il ne faut pas ramener le genre au sexe, il ne faut pas non plus croire que le genre est exclusivement lié à la femme. De ce qu’a dit Mme Otchoumaré, le genre est une approche transversale qui prend en compte toutes les catégories de la société dans une vision globale de développement.

Les hommes de médias ont donc été invités à être des promoteurs du genre en pratiquant « un journalisme sensible au genre ». Ce qui consiste, selon Augustin Tapé, à établir l’équilibre et l’égalité des genres en donnant les mêmes chances de parole aux hommes et aux femmes. « Le journalisme sensible au genre est très militant pour les causes sociales justes. Et je vous invite sincèrement à vous y lancer », a exhorté le coordonnateur du ROAJEG. Mais dans leur volonté de traiter de sujets liés au genre et aux violences y afférentes, certains journalistes se heurtent à un refus catégorique de leurs premiers responsables qui estiment que ce ne sont pas des sujets « vendants ». Une théorie qui a été battue en brèche par le communicateur qui a estimé que tout dépend de la manière dont ces sujets sont traités. Mais pour sensibiliser davantage les premiers responsables de médias à l’intérêt de diffuser des contenus sensibles au genre, certains rédacteurs en chef ont été associés à l’atelier. Le ROAJEG entend organiser le même type de formation au profit de journalistes de huit autres pays ouest africains dans lesquels, il compte s’implanter.

Nadège YAMEOGO

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