UACO 2025: Réflexions sur les enjeux du journalisme et de la communication de crise

Les experts du panel ont débattu de la communication en temps de crise, du journalisme de guerre et de la souveraineté.

Le quatrième panel des Universités africaines de la communication de Ouagadougou (UACO) s’est tenu sur la communication en temps de crise, le journalisme de guerre et de souveraineté, le jeudi 2 octobre 2025. Modéré par Dr Ousmane Paré, il a réuni des panelistes venus du Niger, du Burkina et de la Mauritanie.

Le quatrième panel des Universités africaines de la communication de Ouagadougou (UACO) a permis d’explorer les multiples facettes de la communication dans des contextes marqués par la crise, la guerre et les dynamiques de souveraineté. Dans la première commu-nication, Abdourahamane Ousmane du Niger a analysé les enjeux de la communication institutionnelle de crise au Niger, soulignant la délicate articulation entre information, persuasion et souveraineté.

Il a montré comment, au Niger, les autorités publiques s’efforcent de maîtriser le récit national dans un contexte sécuritaire tendu, tout en maintenant un lien de confiance avec la population. Pour faire face à la crise sécuritaire, selon lui, le Niger a mis en place plusieurs dispositifs info-communicationnels à savoir la création des radios « Bouclier » et « Dongo » par l’armée, les campagnes de communication publi-que, les bulletins d’activités des FDS, les actions civilo-militaires, ainsi que l’utilisation accrue des sites web et réseaux sociaux.

Ces outils visent à renforcer la cohésion nationale et soutenir l’effort de guerre à travers une communication maîtrisée et stratégique, a-t-il fait savoir. Dr Salifou Koala du Burkina Faso a, pour sa part, abordé la question du journalisme de guerre et du journalisme en guerre, qu’il qualifie « de doux amalgame dévastateur ». Il a mis en lumière la relation complexe entre la pratique journalistique et le contexte conflictuel, insistant sur la nécessité pour les reporters d’être mieux formés, équipés et préparés psychologiquement face aux réalités du terrain.

Dr Koala a rappelé que les médias ont souvent été en première ligne lors des crises et coups d’Etat. Il a souligné la faible préparation des journalistes face aux situations de conflit. Peu formés à la couverture de guerre, a-t-il dit, beaucoup manquent d’équipement adapté et de préparation psychologique. Il plaide pour une formation spécialisée, intégrant la sécurité, l’éthique et la gestion du stress. « La guerre commence toujours par l’information et se termine par le silence. Le journaliste, lui, doit affronter la peur, avec la plume pour seule arme », a-t-il conclu.

A travers une approche sémiologique, le doctorant Yassia Zango du Burkina Faso a présenté une réflexion sur le logotype des Wayyiyans, symbole d’une communication visuelle pour l’avènement d’une ère politique. Son intervention a montré comment les signes, les couleurs et les symboles peuvent structurer un récit collectif et contribuer à l’émergence d’une nouvelle ère politique.

Enfin, Dr Ismaël Mohamed Khairat de la Mauritanie a présenté une réflexion sur la conscience souveraine en Afrique de l’Ouest, qu’il a estimée encore insuffisamment enracinée dans les mentalités et les pratiques politiques. Pour lui, « la souveraineté est uniforme » et son avènement suppose l’existence de dirigeants visionnaires porteurs d’un idéal collectif. Il a évoqué le syndrome de la deuxième révolution, qu’il considère comme un signe de souveraineté en construction.

A ce titre, il a estimé que le Burkina Faso vit actuellement sa deuxième révolution, après celle impulsée par Thomas Sankara, marquant une nouvelle étape dans la quête d’émancipation politique et idéologique. Dr Khairat a également proposé une théorie de la diffusion des innovations appliquée à la souveraineté, distinguant plusieurs catégories d’adoptants à savoir les innovateurs, les premiers adoptants, la majorité précoce, la majorité tardive et les retardataires.

Il a souligné l’importance des chaînes de communication stratégique dans
la promulgation de la conscience souveraine, regrettant que celle-ci reste encore faible dans plusieurs pays africains. Les échanges qui ont suivi ont permis aux participants d’identifier des pistes de recherche et d’action communes, notamment autour de la formation des journalistes en période de crise, et de la construction d’une communication souveraine au service des Etats et des peuples.

Boudayinga J-M THIENON

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