
Le Cadre de concertation provincial (CCP) du Ziro a tenu, le jeudi 18 septembre 2025 à Sapouy, sa deuxième session ordinaire. Sous la présidence du haut-commissaire, Saïba Zoromé, les échanges ont principalement porté sur l’épineux dossier de la vente persistante des terres rurales et ses répercussions sur la cohésion sociale dans la province.
Cette session a rassemblé une soixantaine de membres statutaires et de partenaires techniques et financiers autour du thème : « La vente récurrente des terres dans la province du Ziro : analyse des conséquences sur la cohésion sociale et le vivre-ensemble ». Les débats ont ainsi fait un diagnostic des Chantiers d’aménagements forestiers (CAF), de la situation de la zone forestière de Yallé et de l’impact de la vente des terres sur la cohésion sociale. Il ressort des échanges que, depuis les années 2000, la promotion de l’agrobusiness comme levier de modernisation agricole au Burkina Faso a entraîné une ruée sur les terres du Ziro. Ce phénomène exacerbe les conflits entre communautés locales et investisseurs.
« La présente rencontre se tient dans un contexte marqué par la vente récurrente des terres agricoles. En effet, la province du Ziro reste l’une des zones les plus attractives en termes de potentialités agropastorales. Sa proxi-mité avec la capitale Ouagadougou en fait une localité prisée par les agro-businessmen », a déclaré le haut-commissaire Saïba Zoromé dans son discours d’ouverture.
Des cas emblématiques, comme celui de la zone pastorale de Yallé, réduite à environ 5 000 hectares contre 40 000 initialement, illustrent les conséquences désastreuses de cette dynamique : rétrécissement et fragmentation des espaces pastoraux, blocage des pistes à bétail et harcèlement des éleveurs.
Les participants, incluant des représentants des services techniques, des chefs coutumiers, des éleveurs et des agents de l’Etat, ont dressé un bilan « alarmant ».
Pour le président du Comité villageois de développement (CVD) de Bouyoua (commune de Bakata), Issa Nignan, la situation est très préoccupante. « Certains autochtones n’ont plus de terre pour produire. Ils vendent souvent ces terres à l’insu même des autorités coutumières et administratives », a-t-il confié.
Le haut-commissaire Zoromé, à l’écoute des préoccupations, a souligné que « la cohésion sociale est un pilier du développement, et toute politique foncière doit concilier modernisation et respect des droits ancestraux ».
Protéger les espaces pastoraux

Le CCP a donc formulé plusieurs « recommandations urgentes ». Il s’agit de la suspension de toute transaction foncière jusqu’à l’élaboration d’un plan provincial d’aménagement territorial inclusif et la protection des espaces pastoraux par le dégagement et la sécurisation des pistes à bétail et des zones de pâturages, en application des textes réglementaires existants.
A cela s’ajoutent le renforcement de la médiation et de la sensibilisation locale via les comités de conciliation pour traiter les litiges de manière équitable, sans favoritisme, l’organisation d’une campagne de sensibilisation sur les droits fonciers traditionnels et les devoirs des acheteurs et la formation des acteurs à la production fourragère. Le haut-commissaire s’est engagé à porter ces propositions et à travailler avec les services compétents pour trouver un équilibre. « Notre devoir est de garantir que le progrès économique ne se fasse pas au détriment de la paix sociale », a-t-il conclu. Au début de la session, l’ONG NITIDAE, a présenté les actions de son projet Wakanda.
Mis en œuvre par un consortium piloté par NITIDAE avec le soutien
financier de l’Union européenne, ce projet multisectoriel œuvre dans les domaines des énergies renouvelables et de la protection de l’environnement. Il accompagne les populations dans des activités génératrices de revenus (maraîchage, apiculture, élevage, loisirs, épargne communautaire, etc.) afin de réduire la pression sur les ressources naturelles et les terres.
La coordinatrice du projet Wakanda, Adeline Dorothée Kando s’est réjouie des résultats du projet sur le terrain. « Les femmes et les jeunes sont plus épanouis dans les neuf villages où nous intervenons et vous verrez les réalisations concrètes telles que les aménagements maraichers, les centres de loisirs, les ruches, les poulaillers, c’est vraiment un projet multi sectoriel », a-t-elle relevé.
En plus de l’ONG NITIDAE, le Médecin chef du district (MCD) de Sapouy, Cheikh Omar Sanogo, a présenté la situation épidémiologique locale, indiquant que le palu-disme demeure une préoccupation majeure de santé publique dans la province du Ziro. Il a lancé un appel à tous les acteurs pour inverser la tendance.
Bouma Alfred NEBIE