Vivement une police de l’environnement

 

Le directeur général de Greenpeace France, Jean François Julliard, au cours d’une interview déclarait : « Il est possible d’intervenir de manière drastique pour faire face à une menace qui pèse sur notre collectivité ». Selon lui, l’on pourrait prendre des mesures rigoureuses pour préserver le climat, la biodiversité et l’environnement. Quoique ponctuelles, les mesures telles que le confinement des populations exigées par l’ensemble des pays du monde pour briser la chaîne de contamination a produit ses effets sur la nature. Selon les scientifiques, les émissions du gaz carbonique (CO2) ont considérablement baissé dans plusieurs pays comme les Etats-Unis, la Chine et la France du fait de la baisse ou de l’arrêt de production de certaines industries polluantes.

Au Burkina Faso par exemple, la réduction du trafic routier en ville comme en campagne a réduit la pollution de l’air. Par jour, Ouagadougou produit environ 1 000 tonnes de déchets. La fermeture, ne serait-ce que les différents marchés de la capitale pour empêcher la propagation du COVID-19, a contribué à réduire la production de déchets. De façon générale, la baisse de l’activité humaine a permis à l’environnement de sortir, un tant soit peu, de « l’étouffement ». Avec la fin progressive du confinement, décidée par certains pays, les vieilles habitudes vont refaire surface. Certes, des initiatives telles que des Journées à faibles émissions de carbone (JFEC) sont organisées par le département de l’Environnement, de l’Economie verte et du Changement climatique pour sensibiliser et réduire considérablement la pollution du cadre de vie, mais ces actions sont inscrites dans un intervalle de temps bien déterminé. Si la pandémie a pu contraindre l’humanité à adopter un type de comportement afin de se préserver de cette maladie à travers le confinement, il est possible de veiller à la sauvegarde de l’environnement en instaurant une police environnementale.

« Elle comporte des missions de prévention »

Dans le manuel du ministère de l’Environnement (2013), le consultant Amidou Garané définit la police environnementale comme « l’ensemble des règles et procédures ainsi que les institutions chargées de leur mise en œuvre afin d’assurer une protection effective de l’environnement. Elle comporte des missions de prévention, de contrôle, de surveillance et de répression». Selon lui, il s’agit d’une forme d’organisation de l’administration qui consiste à réglementer les activités des particuliers en vue d’assurer le maintien de l’ordre. De façon concrète, elle vise le maintien de l’ordre public (sûreté, sécurité, salubrité publique) et s’effectue par l’élaboration de normes juridiques et l’accomplissement d’actes matériels destinés à concourir au maintien de cet ordre.

Cette police environnementale va couvrir plusieurs secteurs à savoir les domaines forestiers : forêts, faune, ressources halieutiques, de l’eau, de l’assainissement (eaux usées, eaux pluviales, déchets), des établissements classés (établissements dangereux, insalubres et incommodes) ; de l’agriculture (pesticides, engrais, semences, protection des végétaux) ; pastoral, du patrimoine culturel, des biotechnologies, de l’hygiène publique, de l’urbanisme et de la construction, des armes chimiques, de la sûreté et de la sécurité nucléaires et touristique.

De la lutte contre le trafic d’espèces protégées à la chasse aux déchets polluants, cette police spéciale va lutter contre toutes les atteintes, quelles qu’elles soient, à l’environnement, à la santé publique et encourager une gestion durable des ressources terrestres. Ainsi, les agents de ce corps spécial pourront verbaliser les contrevenants allant des amendes à des confiscations en passant par la suspension d’activités et au retrait d’autorisation. Si le Rwanda a pu interdire l’utilisation des sacs plastiques en 2008 en les remplaçant par ceux biodégradables en matériaux tels que la fibre du coton, de banane ou de papyrus, il le doit à l’Office rwandais de gestion de l’environnement (REMA) qui a joué le rôle de police.

Au Burkina Faso, il existe un décret (N°2015-798/PRES-TRANS/PM/MERH) du 3 juillet 2015 portant contraventions et amendes administratives applicables en matière d’emballages et de sachets plastiques. Malheureusement, ledit décret souffre dans son application. Vivement une police environnementale !

Paténéma Oumar OUEDRAOGO
pathnema@gmail.com

Laisser un commentaire