
L’Assemblée annuelle de la Banque africaine d’import-export qui se tient du 25 au 28 juin 2025 à Abuja, connait de nombreuses activités au nombre desquels figurent des panels sur des thématiques diverses.
A l’Assemblée annuelle de la Banque africaine d’import-export (Afreximbank), les panels se succèdent sur des sous-thèmes en lien avec le thème principal qui « Bâtir l’avenir sur des décennies de résilience ». Le secrétaire général de la Zone de libre-échange continental africaine (ZLECAf), Wamkele Mene a exposé sur « Réaliser la vision des pères fondateurs de l’Afrique : progrès vers l’intégration commerciale et économique du continent ».
Pour lui, lorsque les pionniers de l’indépendance africaine Kwame Nkrumah, Julius Nyerere, Haïlé Sélassié et d’autres ont plaidé en faveur d’un continent unifié, ils comprenaient que la libération politique, sans intégration économique, laisserait l’Afrique vulnérable à la fragmentation, à la dépendance et au sous-développement. « Leur vision était audacieuse : une Afrique sans frontières, mobilisant son potentiel collectif à travers la prospérité partagée, la solidarité intra-africaine et l’autonomie économique. Pendant des décennies, cette vision a été notre principe directeur, même si le chemin pour y parvenir s’est souvent révélé difficile », a laissé entendre Wamkele Mene.
Il a soutenu que la flamme de l’intégration ne s’est jamais éteinte car grâce aux organisations sous-régionales africaines, les bases essentielles ont été posées et favorisé la coopération, construit des ponts là où régnaient autrefois des divisions. Toutefois, il a fait savoir que les fondateurs rêvaient plus à savoir un véritable projet continental, fondé sur le commerce, les infrastructures partagées et un sentiment commun de destin. Et cette ambition audacieuse se concrétise aujourd’hui à travers des actions décisives et concrètes comme la mise en place et l’opérationnalisation de la ZLECAf. « Elle témoigne de l’engagement inébranlable de l’Afrique à prendre en main son avenir économique. Sa mise en œuvre ravive l’espoir et insuffle un nouvel élan pour tracer une voie plus prospère », a affirmé le secrétaire général de la ZLECAf.
Par ailleurs, il a reconnu que la réalisation pleine et entière de cette vision exige plus que des accords et des protocoles. L’implémentation, a-t-il dit, doit désormais être notre priorité absolue et les barrières non tarifaires telles que des réglementations lourdes, des procédures douanières inefficaces et des déficits en infrastructures continuent d’entraver la circulation des biens et des services.
De l’utilisation de l’IA pour développer le commerce
Le vice-président exécutif d’Afreximbank, Haytham El Maayergi a présenté sur les « Avancées technologiques et intelligence artificielle : voies vers le développement socio-économique de l’Afrique ». Il a fait remarquer que la présente assemblée se tient dans un contexte où l’Intelligence artificielle (IA), les données et les plateformes numériques ne transforment pas seulement la manière de vivre, mais aussi la manière de commercer, de financer et de faire croître les économies. « Partout dans le monde, l’IA transforme le commerce mondial. Nous observons cette transformation se produire autour de nous. Les agences douanières du monde entier utilisent l’analyse prédictive pour détecter la fraude en temps réel », a illustré Haytham El Maayergi.

Il a relevé les nombreux défis auxquelles est confrontée l’Afrique : des systèmes fragmentés, des procédures douanières manuelles, un déficit de financement du commerce de 120 milliards de dollars, et des paiements transfrontaliers qui coûtent jusqu’à trois fois plus que la moyenne mondiale. Mais ce n’est pas un échec c’est une opportunité, a-t-il dit tout en précisant qu’une piste est dégagée pour sauter les étapes et bâtir une architecture commerciale numérique de nouvelle génération, depuis le début. L’IA de son avis est devenu indispensable pour survivre à ce que réserve l’avenir. C’est pourquoi, le vice-président exécutif d’Afreximbank, a confié que son institution porte activement cette transformation et ses efforts visent à passer des modèles commerciaux traditionnels à des solutions de commerce alimentées par l’IA et le numérique, afin de connecter les marchés de manière plus intelligente, plus rapide et plus inclusive, et de financer la croissance. « À travers l’Africa Trade Gateway (ATG), nous créons une autoroute numérique intégrée, pour réduire les frictions commerciales et renforcer le commerce intra-africain mais aussi avec nos partenaires mondiaux en particulier en créant des corridors commerciaux robustes avec les institutions et les entreprises », a-t-il fait savoir.
Des experts ont également exposé sur le thème « Construire une architecture financière africaine cohérente ». Une discussion qui a permis de dresser le parcours de l’Afrique pour unifier ses systèmes financiers, renforcer sa résilience économique et contribuer à un paysage financier mondial plus équitable. Sur l’avenir économique de l’Afrique, des panelistes ont noté qu’avec la baisse des financements à des conditions favorables et la hausse des prêteurs non traditionnels, l’Afrique doit s’approprier son récit financier. Ils ont appelé à une mobilisation plus forte des ressources intérieures, à des marchés de capitaux plus profonds, à une meilleure notation de crédit et à une harmonisation réglementaire pour réduire la fragmentation et renforcer la confiance des investisseurs.
Joseph HARO
(A Abuja au Nigéria)