Des raisons de s’enrôler

Dans un communiqué, la Brigade de veille et de défense patriotique a lancé le recrutement de 50 mille Volontaires pour la défense de la patrie (VDP), dont 35 mille communaux et 15 mille nationaux. Ces supplétifs civils qui vont renforcer les rangs de l’armée dans le cadre de la lutte contre le terrorisme reçoivent, selon la loi du 21 janvier 2020, une formation militaire initiale et des moyens spécifiques pouvant leur permettre de mener à bien leur mission. Au regard de ses débuts timides par endroits, cette campagne d’enrôlement, salutaire à tout point de vue, a suscité moult commentaires sur les plateaux télés et les réseaux sociaux. Même si on peut se poser légitimement des questions, il faut attendre la fin de l’opération, prolongée jusqu’au 18 novembre 2022, pour en avoir le cœur net. Pourquoi tous ceux qui ont applaudi et soutenu l’avènement du MPSR2 ne se bousculent-ils pas pour aller au charbon, alors que le Président Ibrahim Traoré lui-même a exprimé son engagement à aller jusqu’au « sacrifice suprême », s’il le faut pour délivrer le territoire ? Le citoyen a-t-il la bonne information sur cet acte de volontariat ? Peut-on et doit-on se convaincre qu’il y a un manque d’engouement ?

Une chose est sûre, le recrutement des 3 000 soldats n’a pas eu besoin de tant de communication pour susciter l’intérêt des populations, encore que celui des volontaires ne fixe pas une limite d’âge. Et pourtant, il y a des raisons de s’engager et la première est incontestablement la défense de sa commune et en général du territoire national. Se protéger et garantir la quiétude aux siens est une si belle œuvre qu’on ne devrait pas rechigner encore moins se faire prier. Reconquérir la partie du territoire occupée, portion où peut se trouver son propre village est plus qu’un devoir. Et le VDP n’est pas un vagabond de la charité. Il ressort de la loi du 21 janvier 2020 sur le statut des VDP, que « le Volontaire pour la défense de la Patrie est une personne physique de nationalité burkinabè, auxiliaire des forces de défense et de sécurité, servant de façon volontaire les intérêts sécuritaires de son village ou de son secteur de résidence, en vertu d’un contrat signé entre le volontaire et l’Etat ».

Engagé pour un an renouvelable, « sa mission est de contribuer, au besoin par la force des armes, à la défense et à la protection des personnes et des biens de son village ou de son secteur de résidence ». Le VDP bénéficie d’une couverture sanitaire en cas de blessure dans l’exécution de sa mission, d’une prime forfaitaire unique en cas d’invalidité permanente et d’une prime de démobilisation à l’échéance de son contrat. Tout en rappelant le devoir du volontaire à l’obéissance à l’autorité, la responsabilité, la loyauté, la disponibilité …, la loi précise en outre que les ayants droit du VDP décédé en opérations reçoivent une assistance financière.

Si ces dispositions sont encourageantes, la volonté du gouvernement de Transition de recruter désormais les soldats au sein des VDP apparait comme une source de motivation supplémentaire, une aubaine pour toute personne souhaitant une carrière militaire. Quand on connait la pyramide des âges et le taux de chômage au Burkina Faso, l’opération d’enrôlement massif des VDP est une vraie opportunité pour servir le pays, surtout en ces moments difficiles de son histoire. Comment comprendre alors l’hésitation de certaines et les supposés actes de sabotage dans certaines régions ? L’opération n’ayant pas vu l’engagement de certaines têtes de proue, qui généralement sonnent la mobilisation lors des événements, il est à craindre que chacun attende un éventuel rédempteur. Chacun participe de toute façon à écrire et à s’inscrire dans l’histoire du pays et chaque génération laisse un héritage à la postérité. Celui de la nôtre est, aujourd’hui, la reconquête de l’intégrité territoriale du Burkina Faso.

Par Assetou BADOH badohassetou@yahoo.fr

Laisser un commentaire