Diaspora burkinabè au Nigéria : Ces noms qui comptent

Moussa Ouédraogo s’est imposé dans les BTP à Abuja, la capitale fédérale

Les Burkinabè vivant au Nigeria se retrouvent principalement à Lagos et à Kano, villes à vocation commerciale et industrielle. Mais parmi la minorité restée à Abuja, la capitale fédérale, certains ont réussi à s’imposer dans divers domaines, faisant la fierté du Burkina Faso. Sidwaya les a rencontrés.

Moussa Ouédraogo ne passe pas inaperçu à Abuja, la capitale du Nigeria. Installé dans ce pays depuis plus de trois décennies, il s’est imposé dans le domaine des Bâtiment-travaux-publics (BTP), ce qui lui vaut une certaine notoriété. «J’ai commencé à Lagos avec les entreprises européennes, notamment françaises, depuis 1982.

J’ai fait le tour dans plusieurs régions du pays avec les géants du bâtiment. Ce qui m’a permis de gravir tous les échelons», confie-t-il. Comment l’aventure de notre compatriote a-t-elle débuté au pays de Sani Abacha ? M. Ouédraogo esquisse un sourire, avant de répondre : «J’étais cordonnier au marché de Gounghin en 1982.

Alors que je venais acheter du matériel de travail au Nigeria, j’ai travaillé momentanément sur un chantier et depuis lors, je n’ai plus quitté le pays», raconte-t-il. Après avoir passé 28 ans sur des chantiers, le natif de Ouahigouya, au Nord du Burkina, a estimé qu’il avait suffisamment d’expériences pour prendre sa destinée en main. «En 2010, j’ai mis en place ma propre société de construction ‘’Sazak Acres Biloque Comapany Limited’’.

Sous ce label, nous comptons plusieurs réalisations dont des immeubles et des appartements. Nous construisons des duplex de 5 à 7 chambres et les prix varient entre 150 millions et 180 millions de Naira (près de 300 à 400 millions F CFA)», a laissé entendre l’entrepreneur, qui a sous sa coupe, une centaine de travailleurs tous profils confondus.

Le palais de justice d’Abuja, le siège de Nigérian National Petroleum Corporation (NNPC), la société nationale de raffinerie de pétrole du pays avec ses quatre tours qui trônent majestueusement dans la capitale fédérale, portent, entre autres, la marque de Moussa Ouédraogo. A l’ambassade du Burkina Faso au Nigeria , l’homme est cité comme une fierté du pays. Si l’ancien cordonnier, pour qui le BTP n’a plus de secret, force aujourd’hui l’admiration, son parcours n’ayant pas été un long fleuve tranquille.

Abdoul Karim Sanou, directeur de projet à la Fondation Babangida : «Notre objectif est d’offrir des conditions de vie meilleure aux femmes et aux jeunes dans les zones rurales»

N’ayant pas eu de formation académique, il a tout appris sur le tas et il fallait parfois supporter les humeurs des uns et des autres. «Tout n’a pas été facile», se contente-t-il de dire. Pour celui qui est né en 1966, la volonté, la détermination et la persévérance doivent habiter toute personne qui rêve grand. «Habilleur de la famille présidentielle» Yasseha Gansoré est un autre Burkinabè qui s’illustre dans son domaine. «Avant mon arrivée au Nigeria, j’étais d’abord à Cotonou en tant que styliste modéliste.

Les Nigérians aiment la mode, mais ils n’ont pas de couturiers qualifiés, ce qui les conduit vers d’autres pays où l’expertise existe. C’est ainsi que par l’intermédiaire d’une de mes clientes, je suis arrivé à Abuja et ma patronne s’est attachée mes services», fait-il observer, en plein travail dans son atelier. La patronne est Hudayya, l’épouse d’un des fils de l’ancien président Sani Abacha, qui a dirigé le Nigeria de 1993 jusqu’à sa mort en 1998.

Celle-ci a son entreprise implantée dans un vaste domaine en plein cœur d’Abuja, avec un atelier de création et une école des métiers de la mode. Yasseha a d’abord travaillé avec une première patronne, avant d’être débauché par Hudayya comme le veut la loi du business. Depuis, celui qui a fait ses premiers pas dans la couture en Côte d’Ivoire, dans le même atelier que le styliste Bazem’s, ne cesse de révolutionner la mode. Il coud une centaine de tenues, qui sont pour la plupart envoyées aux USA et à Londres en Angleterre. Son talent dans l’innovation et dans création font qu’il habille aujourd’hui des personnalités jusqu’au sommet de l’Etat. «La famille du président Muhammadu Buhari fait partie de ma clientèle.

Yasseha Gansoré, styliste modéliste ( gauche) : «La famille
du président Muhammadu Buhari fait partie de ma clientèle»

La tenue de mariage de l’une de ses filles qui a convolé en noces récemment a été confectionnée chez moi», précise le modéliste. La quarantaine bien sonnée, marié et père de trois enfants, Yasseha Gansoré est un digne ambassadeur du Burkina Faso. Il est d’ailleurs le président de l’Association Faso intègres d’Abuja, qui regroupe des compatriotes vivant dans la capitale fédérale. «Il est un modèle, car malgré ses qualités humaines et ses compétences professionnelles il garde la tête sur les épaules», a glissé un des 37 employés qui travaillent à l’atelier. Et sa patronne de renchérir : «il est courageux et aime ce qu’il fait.

Je suis entièrement satisfaite de ses services». Contrairement aux deux premiers, Abdoul Karim Sanou est passionné du milieu rural où les populations ne jurent que par lui. Ingénieur de conception en vulgarisation agricole et œuvrant au compte de la Fondation Aisha Babangida, du nom de la fille de l’ancien chef de l’Etat nigérian, Ibrahim Babangida. Avec AGRIC TECH Global Oasis Nig, il œuvre dans le domaine de l’agro-développement avec plus de 500 hectares de terres aménagés au profit des femmes et des jeunes déscolarisées. «L’objectif de la fondation est d’offrir des conditions de vie meilleure aux femmes et aux jeunes dans les zones rurales», indique M. Sanou.

Dans cette mission, ce Burkinabè a réussi à redonner espoir à de nombreuses âmes en milieu rural où la question de la terre est source de conflits. L’ONG intervient dans la production, la transformation, en vue d’une plus-value et la recherche de marché d’écoulement. «Nous intervenons dans la médiation dans les conflits entre agriculteurs et éleveurs», fait savoir le spécialiste en développement rural.

Beyon Romain NEBIE Depuis Abuja (Nigeria)

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