Initiative Faso Mêbo: « Les soldats sont au front et nous, ici »

Les personnes du 3e âge pense que les jeunes ne doivent pas être les seuls sur le front du travail.

Depuis son adoption par le gouvernement en octobre 2024, l’Initiative présidentielle Faso Mêbo mobilise de nombreux Burkinabè qui s’engagent à bâtir leur mère-patrie, le Burkina Faso. Plusieurs citoyens n’hésitent plus à mettre, en plus de leurs mains, leur cœur, leur énergie… pour l’œuvre de construction du pays des Hommes intègres. Plus de six mois après son lancement, Sidwaya a fait un tour, dans leur Quartier général (QG) à Ouagadougou, sis au lycée Philippe-Zinda-Kaboré, où femmes, jeunes, vieux… n’ont qu’un leitmotiv : faire du Burkina, un Eldorado. Reportage !

Le centre-ville de Ouaga-dougou ne grouille pas de monde en ce début de weekend du 19 juillet 2025. Quelques rares véhicules sillonnent l’avenue de la Nation. 9h28mn. Rond-point des Nations unies … Le feu tricolore est au rouge. Motocyclettes et voitures marquent un arrêt. Moins de 2 minutes pour rallier le mythique lycée Philippe-Zinda-Kaboré qui a donné au pays des Hommes intègres de grands bâtisseurs de la Nation comme l’ancien Président du Faso, Michel Kafando, l’ex-ministre des Affaires étrangères sous la Révolution du capitaine Thomas Sankara, feu Arba Diallo, l’enseignant d’université et homme politique, Laurent Bado …

Le feu tricolore passe au vert. Notre véhicule de reportage avance lentement vers le sud du « Noble Zinda ». A l’entrée, trois soldats en faction vérifient les identités. « Vous pouvez y aller ! », dit-il. Bienvenue au Quartier général (QG) de Faso Mêbo… Il est 9h30 mn. La cour grouille de monde. Femmes, jeunes, enfants, vieillards marchent à grand pas pour rejoindre les tréfonds de l’enceinte afin de participer à la confection des pavés pour embellir Ouagadougou, la capitale. Aux chants et cris de jeunes hommes juchés sur des tricycles, se mêlent ceux des bétonnières. Courbé, tee-shirt blanc tacheté de ciment, pelle en main, Yempabou Onadja, étudiant en licence 3 de statistiques à l’université Thomas-Sankara, ne cesse de malaxer un tas de sable, de gravillon et de ciment.

Il est sur le site, depuis 7 heures, en compagnie de ses amis, encadreurs du cours d’appui « Les meilleurs ». Malgré les grosses gouttes de sueur qui dégoulinent sur son visage, la fatigue ne semble pas encore avoir raison de ses biceps. « Tant que je ne suis pas fatigué, je serai à la tâche », lance-t-il, dans un cocktail de sourire. En quittant son quartier

Malgré leur jeune âge, les frères Ilboudo ne veulent pas rester en marge de la construction du Burkina.

Karpala, il était bien conscient qu’en venant cravacher, il ne recevra aucun centime de francs CFA. Mais c’est cela même qui, dit-il, l’a motivé à enfourcher sa bécane pour « avaler » une dizaine de kilomètres afin de rallier le QG.

L’essentiel pour lui, c’est contribuer à l’œuvre de construction du Faso. Entre deux coups de pelle, dans son cocktail de sable et de ciment, l’étudiant n’hésite pas à bien visser sa casquette noire.

Etre patriote, c’est sur le terrain

A proximité de Yempabou, un vieillard, le genou gauche légèrement plié, les mains solidement accrochées à la pelle, transperce le tas de sable. Vêtu d’un boubou tricolore, la barbe blanche soigneusement taillée, Arouna Sawadogo, a rallié le lycée Zinda ce jour, après la prière de l’aube (4h45mn). Aujourd’hui, le vieux Sawadogo est très nostalgique de ses 18 ans et la Révolution sankariste quand il débordait encore d’énergie lors des travaux d’intérêt général.

Même s’il n’a plus sa vigueur d’antan, il a décidé de mettre sa « petite force » au service de la Nation. Aucun sacrifice n’est de trop pour le doyen dont les mains décharnées par le poids de l’âge tremblotent à chaque coup de pelle. Les cris et chants incessants de la « marmaille » n’entament aucunement sa détermination. Stoïque, après plusieurs pelletés de sable, de gravillon et de ciment, celui qui a soufflé sa 75e bougie a le visage tout suant. Il se redresse régulièrement pour bien fixer ses lunettes qui veulent échapper à ses yeux. Son intention : laisser à ses fils, petits-fils… un Burkina où il fait bon vivre. « Nous devions nous aider pour construire le pays. C’est la raison de ma présence ici ce matin.

Nous allons quitter ce monde sous peu et pour cela, il faut qu’on lègue un pays qui est doux à notre progéniture », dit-il, essoufflé. A peine il a lâché quelques mots, le septuagénaire remet la main à la pâte. 10h10mn. Le QG commence a refusé du monde. 200, 300, 500… difficile de dénombrer les volontaires. Un incessant ballet d’hommes, de femmes, d’enfants et de personnes âgées déferlent dans tous les sens.

De longues files de camions chargés de sable, de cailloux, de ciment ne cessent de déverser leurs contenus, fruit de la contribution de citoyens qui ont décidé de participer à

Germaine Bolouvi préfère consacrer son week-end à la fabrication de pavés.

l’œuvre de reconstruction nationale. Les bétonnières tournent à plein régime. Les vrombissements sont assourdissants. Sur l’une d’elle estampillée : « Don du personnel du ministère de l’Administration territoriale et de la Mobilité », tee-shirt et jeans bien serré, le quinquagénaire Kouka Kaboré, opérateur de grue dans une société minière de Houndé, est à la manœuvre.

Accompagné d’un « bataillon » de personnes du 3e âge, il est venu de Houndé, à 253 km de Ouagadougou, la veille pour prendre part au travail d’intérêt général. La main gauche bien fixée sur le volant, d’un geste de la main droite, il invite Didier Sawaf à avancer. Ce comptable de profession a décidé de venir prêter main forte aux travailleurs avant de vaquer à ses autres occupations. Son weekend, il en a cure. Deux brouettes de sable, une brouette de granit, un sac de ciment et deux seaux et demi d’eau, Didier charge le hopper. Kouka actionne le bouton à côté de son volant.

Le hopper vide son contenu dans la cuve. Virginie Ouédraogo de l’Association des natifs de mai qui fait le pied de grue devant la barrique posée devant la bétonnière déverse deux sceaux d’eau dans la cuve. Les mains de Kouka sont solidement fixées sur le volant. Un tour à droite, deux tours à gauche, la cuve roule dans le sens gauche et droite. Kouka Kaboré, résiste aux secousses. Ancien conducteur de bétonnière dans une société de BTP, il n’a pas manipulé cet engin depuis une quinzaine d’années. Mais comme par miracle, il a retrouvé ses automatismes. « Je suis très heureux. Lorsque j’ai touché l’appareil, c’est comme un souvenir pour moi.

Cela me fait plaisir vraiment de retrouver tous mes sens pour le conduire », affirme-t-il. Dans la file indienne, devant la bétonnière, Rasmané Ouédraogo (62 ans) attend impatiemment son tour de chargement du béton. Les pieds trempés dans l’eau de ruissèlement, ses vêtements et ses lunettes noires sont tachés de résidus de ciment que la bétonnière « crache » régulièrement. Retraité, il n’a pas d’argent pour offrir des pelles, du ciment, des moules … C’est pourquoi, il trouve normal de venir prêter main forte à ses petits-fils. Cinq minutes (mn) se sont égrenées. C’est le tour de Papy Rasmané. Embourbé dans la marre de béton, sa brouette tangue.

Venu de Houndé, Kouka Kaboré a retrouvé ses anciens reflexes de conducteur de bétonnière.

Serein, tout sourire, il garde le contrôle de sa « voiturette ». Un pas en avant, deux pas en arrière. Une pirouette. Le vieux Ouédraogo avance sous les rires et applau-dissements, avant de disparaitre dans la foule. Pas envie de laisser les hommes lui ravir la vedette. Françoise Sedogo, cinéaste et maquilleuse professionnelle, avance avec sa brouette. Celle qui a passé deux week-ends consécutifs sur le site de confection de pavés est désormais aguerrie à manier avec dextérité, la brouette, les truelles. Sa source d’inspiration: « l’idée de participer à construire notre pays. Parce que l’appel du président, c’est travailler pour nous-mêmes et nos enfants.

Le président n’a pas le temps de se balader dans les rues du Burkina. Donc, c’est nous les citoyens lambda qui allons profiter du travail qui est en train de se faire dans les villes ». Dans son imagination, les Burkinabè ne pouvaient pas se réunir dans un seul endroit pour penser à bâtir leur pays. Donc pas besoin pour elle de baisser les bras. Illico presto, elle s’éclipse… Sous l’ombre d’un neemier, après deux heures de travail, Mahamadi Ouédraogo observe les va-et-vient de ses coéqui-piers du Groupe pétanque du secteur 35 Rimkieta-Norghin.

Essoufflé, après avoir mouillé le sable, le ciment, graissé les moules des pavés, celui qui a mobilisé ses camarades depuis la veille se réjouit de leurs performances sur le terrain. Venu en éclaireur, le weekend dernier, pour tester sa force physique, il n’a pas eu du mal à convaincre 25 des siens à rallier la cause de Faso Mêbo. Malgré l’âge (75 ans), l’essentiel pour lui, c’est de participer à l’édification de la Nation. Point levé, il lance en chœur : « La Patrie ou La mort, nous vaincrons ». Sur ce chantier, il estime que c’est le slogan qui doit motiver les travailleurs.

La Patrie ou la mort

… 12h14 mn. Chaleur de plomb. Le thermomètre affiche 40 degrés à l’ombre. Une vingtaine de jeunes, packs d’eau en main, font la ronde pour dispatcher de l’eau. Des attroupements se forment. Les premiers servis commencent à se désaltérer.

D’autres s’imbibent le corps pour atténuer l’effet de la chaleur. On assiste à un interminable va-et-vient de tricycles, chargés de ciment, de sable. Perchés sur les abords, les jeunes chantent à tue-tête, l’hymne national. Destination : l’ex-bâtiment principal du lycée Zinda. Là-bas, embaumé de ciment devant de petites pousses de bambous, Adama Ouédraogo galvanise les travailleurs. Baffles en main, ils exécutent des pas de danse. En chœur, poings levés, ils crient : « oua, oua, oua… ».

Une jeune dame avec un plateau au contenu noirâtre s’approche. Finis les pas de danse. Rapidement, un attroupement se forme. Venue dispatcher des tasses de Kinkeliba, elle est rapidement débordée. Sans se faire prier, plusieurs mains s’entremêlent pour s’emparer de cette boisson locale. En moins d’une minute, le plateau se vide. Sa tasse à la bouche, Sylvain Packmogda marche en esquissant des pas de danse.

A son compteur plus de 300 heures de travail. Voilà, une semaine que chaque matin, il abandonne les siens au quartier Azimo Ouaga 2000 pour mettre ses biceps au service de la Mère-patrie. Après le démoulage des pavés et avoir pétri le sable, le gravillon, il a jugé nécessaire de se requinquer avec le Kinkéliba que l’Association des enseignantes engagées pour un monde meilleur offre gracieusement aux forces vives de Faso Mêbo. Une, deux gorgées, il secoue la tête dans tous les sens. « Depuis une semaine, je viens tous les jours ici. Les soldats sont au front et nous ici. Ceux qui aiment dire la partie ou la mort, qu’ils sachent que ce ne sont pas de vains mots. On ne doit pas rester à la maison pour le dire. Il faut venir ici pour le manifester.

Pour Virginie Ouédraogo, les femmes peuvent participer à tous les travaux.

C’est cela le vrai patriotisme », lance-t-il. Vous n’êtes pas fatigués ? Négatif, répond-t-il. « Tu veux contribuer à construire ton pays et tu parles de fatigue ? Je suis là », s’exclame-t-il, l’air joyeux. Entouré d’une quinzaine de curieux, il avale deux gorgées en disant : « Si tu veux construire ton pays, tu ne dois t’attendre à aucune prime. Il faut juste travailler ».

Du café pour se requinquer

Entre temps, une petite bousculade s’engage. Chacun veut se faire entendre à notre micro. C’est la cacophonie. Résidant à Ragnongo, Oumarou Rouamba, après une âpre lutte, parvient à se dresser devant nous. Il s’empresse de dire : « J’ai laissé ma famille pour venir travailler gratuitement ici ».

Surexcité, Oumarou insiste pour lâcher encore quelques mots : « nous sommes-là tous les jours. Nous ne pouvons pas aller au front, mais nous allons nous battre ici. Le patriotisme doit se manifester par le travail sur le terrain ». A peine, nous tentons de lui arracher d’autres mots, il accourt en scandant : « du café ». Une cohorte de jeunes se lance à sa poursuite. A l’arrière-cour du Zinda, Zalissa Ilboudo de l’Association des enseignantes engagées pour un monde meilleur est à la tâche. A un jet de pierre d’elle, sa marmite posée sur une bouteille de gaz bout à haut degré.

Un nuage de vapeur se dégage. Entourée de jeunes, vieux, femmes… elle n’avait jamais imaginé se retrouver à Faso Mêbo avec les membres de son association pour offrir gracieusement du thé aux travailleurs. Le 7 juillet 2025, venues offrir une tonne de ciment pour bâtir le Faso, l’idée de partager du café pour requinquer les volontaires effleurent leurs esprits. Alors, sur fonds propres, les membres de l’Association mobilisent bouteilles de gaz, gobelets, thermos, sucre, pain, Kinkeliba … pour installer leur QG. De donatrices, elles sont devenues des travailleuses bénévoles sur le site. 11 jours après, leur « kiosque » ne désemplit pas. 13h19. Plus de 500 personnes déjà servies. Abattu par le travail, Arnaud Konkobo n’a pas encore eu sa « dose ».

Dans une foule compacte, il essaie difficilement de se frayer un passage. Après quelques acrobaties, le voilà devant le kiosque. L’étudiant, en 2e année d’histoire à l’université Joseph-Ki-Zerbo n’hésite pas à brandir une tasse fumante. Ouf de soulagement pour lui. « Je suis venu prendre le Kinkeliba, cette boisson locale pour avoir de l’inspiration pour bien travailler et accélérer les travaux. Tant que le travail n’est pas fini, nous sommes toujours là », lance-t-il. La tasse chauffante aux lèvres, la main sur le cœur, il jure que toutes les semaines, il effectuera le déplacement pour venir honorer sa promesse de travail. Revigoré, pressé, il n’a plus le temps. Il avale rapidement le contenu de son verre avant de disparaitre dans la foule. Impossible de le rattraper.

Le président du Groupe de pétanque du secteur 35 Rimkieta-Norghin, Mahamadi Ouédraogo estime que « La Patrie ou La mort, nous vaincrons » est le slogan qui doit motiver les travailleurs.

Tout le monde compte

A sa trousse, trois mômes attirent notre attention. Abdou Dramane Ilboudo, en classe de 5e est entouré de ses deux frères. De leurs petites mains, ces gamins Dramane (14 ans), Ousseni (9 ans), Mansour (7 ans), graissent des moules de pavés. Ils n’ont pas la tête au jeu. « Maman nous a demandé de venir contribuer à la construction du pays. Le travail est amusant et nous sommes-là », justifie leur ainé Abdou Dramane. Pendant que leur mère Zalissa Ilboudo s’occupe à dispatcher des remontants dans son kiosque, eux, disent-ils, préfèrent venir aider à la confection des pavés.

Dans le tintamarre, à proximité d’eux, assise sur un petit tabouret, Germaine Bolouvi, ne cesse de donner des consignes à ses 4 enfants de bien graisser les moules. Ebahie par les contributions en agrégats et ciment des tout-petits, des vieillards, des jeunes… qui défilent à longueur de journée dans son poste téléviseur, elle a décidé de venir apporter sa touche. La quinquagénaire n’a pas eu du mal à convaincre ses 4 enfants à quitter leur quartier Marcoussis (20 km), au secteur 37, dans l’arrondissement 9, pour venir passer leur week-end sur le site.

Galvanisée par l’impact que cette initiative va apporter à l’amélioration du cadre de vie des Burkinabè, il est primordial, selon l’enseignante, d’apporter sa pierre à la construction de cette Nation. Assise autour d’un tas de moules, ses bambins les classent soigneusement. Abdou Moumouni Rabo, l’un des chefs de section de Faso Mêbo s’approche. Tout en sueur, habillé d’un gilet vert assortie de rayures grises florissantes, il s’empresse de ramasser les moules. Pas de temps à perdre.

Disposées sur la table, les volontaires s’affairent à l’engraisser avec de l’huile de vidange. Moumouni intime l’ordre d’actionner la bétonnière. Les vrombissements reprennent de plus belle. Deux brouettes de sable, une brouette de granit, un sac de ciment et deux seaux et demi d’eau sont déversés dans la cuve de la bétonnière. Le dosage est bon pour obtenir 36 pavés. Quelques minutes plus tard, elle crache le béton. Moumouni et son équipe passent à l’action. Le liquide grisâtre est coulé dans les moules.

Ensuite, il est vibré pour le rendre compact. A l’aide de truelles, les pavés sont polis pour les rendre lisses.

Devoir accompli

14h40. Déjà 4 000 pavés au compteur de la section de Moumouni. Les bénévoles s’empressent pour les disposer au soleil. De ses petites mains, Christ Zan saisit une moule. Mains, habits tachetés de ciment, sous la supervision de sa mère et ses compagnons, il classe les moules déjà coulés. Venue entre amies offrir une tonne et demi de ciment et 10 paquets d’eau, Flora Koumsaga et la mère du petit Zan, ne pouvaient s’empêcher de mettre la main à la pâte.

Après avoir pétris le ciment et graissé les moules, elles se retrouvent à classer les pavés. Lorsqu’on tend le micro au garçonnet, ses propos font pouffer de rire cette ribambelle de travailleurs qui l’observe avec admiration : « je suis venu construire mon pays à Fasô Mêbo. Je veux construire le Faso ». Si, des gamins peuvent venir exprimer leur patriotisme, ce n’est pas Edmond Kaboré qui restera les bras croisés. Fouetté dans son orgueil, d’une cabriole, il descend du tricycle sur lequel il est scotché, pour un temps de repos. A l’aide de deux adolescents, ils commencent à charger les pavés démoulés.

Hyper motivé, dans son tee-shirt bleu, sur la tête, tous les moyens sont bons pour faire le plein de sa voiturette. Le tricycle est plein. Il intime l’ordre de démarrer. Clé en main, le conducteur s’exécute. Il démarre en trompe. Direction le lycée Nelson Mandela. En un saut, tous les occupants du tricycle descendent. A un jet de pierre du fronton du lycée, Edmond

Le gamin Christ Zan en plein travail.

Kaboré et sa bande commencent le déchargement. Emoussés, par les va-et-vient depuis la mi-journée, il confie qu’ils sont à leur 5e voyage.

Moins de deux heures de labeur. Environ 1 000 pavés déchargés devant ce lycée. Edmond et son équipe replient dare-dare. En plein pavage de la voie, Patrice Ouédraogo, le chef-poseur des pavés ne lui prête aucune attention. Préoccupé par leur tâche, à notre arrivée, 18 « gaillards » sont en train de décaisser et niveler le terrain. Ismaila Compaoré à l’aide d’une brouette étale le sable. Enfin, le niveau est dégagé pour avoir la pente idéale pour évacuer les eaux dans les caniveaux.

Minute après minute, ils grignotent centimètre après centimètre de la terre ferme pour poser les pavés. Puis, les bordures sont raccordées avec du ciment et aspergées avec de la poudre de granit. A notre passage, 200 mètres carré de pavés sont déjà posés. Il est 17 h 20mn. Retour au QG. Le soleil commence à disparaitre peu à peu des nuages. Les moteurs des bétonnières commencent à se couper les unes après les autres. En groupe ou en solitaire, les volontaires commencent à regagner leur domicile avec le sentiment d’avoir rendu service à la Nation…

Abdel Aziz NABALOUM

emirathe@yahoo.fr


Une crèche, la « forte » doléance

Sur le site de Faso Mêbo, de nombreuses volontaires viennent avec des enfants à bas-âge. Très motivées, elles souhaitent prendre part aussi aux différents travaux sur le site. Assises à l’ombre des arbres, devant les salles de classes … les enfants en main, elles observent les travailleurs avec une envie de les rejoindre. Mais le hic : qui pour garder leurs enfants ? Rencontrées en nombre important, elles ont toutes émis le vœu qu’une crèche soit érigée au QG de Faso Mêbo pour leur permettre de garder leurs enfants afin qu’elles puissent mettre leurs mains à la pâte. Pour elles, avoir un enfant à bas-âge ne doit pas les empêcher de contribuer à l’édification de leur Nation.

A.A.N


Des personnes du 3e âge au « front »

La jeunesse (homme et femme) est fortement mobilisée pour prendre part à l’œuvre de construction de la Nation. Par centaine, elle n’hésite pas à donner quotidiennement de leur temps et leur force physique sur le terrain. A côté des jeunes, la présence des personnes du 3e âge est remarquable. Ils sont sur tous les chantiers malgré leur âge avancé et souvent leur état de santé souvent fragile. Pour eux, l’âge ne doit pas être un frein pour participer au travail d’intérêt commun mais seul, la détermination et l’amour pour la patrie doivent être « le carburant » de leur engagement.

A.A.N


Célébrer autrement l’excellence

Les responsables du cours d’appui « les meilleurs » ont célébré autrement l’excellence. Composés de jeunes étudiants qui renforcent les capacités de leurs cadets en classe d’examen, ils ont décidé de célébrer la VIIIe édition des « 72 heures des meilleurs » en venant participer aux travaux d’intérêt général. A cet effet, 500 nouveaux bacheliers et brevetés de la session 2025 se sont mobilisés volontairement pour venir prêter main forte aux travailleurs de Faso Mêbo. Pour les responsables, en célébrant l’excellence sur le site, c’est leur contribution à la construction de leur chère patrie, le Burkina.

A.A.N


Quid de Faso Mêbo ?

Adopté en Conseil des ministres, le 16 octobre 2024, l’Initiative présidentielle Faso Mêbo vise à apporter des réponses appropriées aux préoccupations et aux défis des citoyens burkinabè. Cette initiative présidentielle pour la construction de routes et l’urbanisme durable vise à accélérer le désenclavement des villes et des campagnes et à améliorer l’aménagement ainsi que l’embellissement urbain à travers notamment la construction de logements décents, l’assainissement et la création d’espaces publics verts. Elle a essentiellement deux composantes. La première composante concerne la construction d’infrastructures routières par des brigades de la route. Cette première composante va consister à réaliser des infrastructures routières, à des coûts beaucoup moins élevés. La deuxième composante fait référence au réaménagement et à l’embellissement urbain à travers la construction de logements décents, l’assainissement et la création d’espaces publics verts. Cette composante devrait permettre d’apporter des réponses durables à la problématique de l’urbanisation galopante, à travers le réaménagement des villes et surtout en faisant en sorte d’avoir de nouveaux types de logements, des logements décents, qui permettent aussi de garantir de meilleures densités dans les centres urbains.

A.N.N


Commandant Ahmed Sakandé, coordonnateur de Faso Mêbo « La mobilisation de volontaires constitue un appui précieux »

Le commandant Ahmed Sakandé est le coordonnateur de l’Initiative présidentielle Faso Mêbo. Dans cet entretien, il nous décline, entre autres, ses objectifs, son importance et surtout l’engouement populaire et les contributions des Burkinabè pour la réussite de l’Initiative.

Sidwaya (S) : Quels sont les principaux volets d’intervention du programme Faso Mêbo ?

Ahmed Sakandé (A.S) : L’Initiative présidentielle Faso Mêbo a essentiellement deux volets d’intervention. Le premier volet concerne la construction des infrastructures routières à travers des brigades routières. Le deuxième volet concerne l’aménagement et l’embellissement urbain, l’assainissement et la création d’espace vert.

S : En tant que coordonnateur, comment percevez-vous l’élan de solidarité nationale autour de Faso Mêbo ?

A.S : La Nation toute entière se lève avec une ferveur inédite. Du modeste paysan aux grands industriels, des villes aux hameaux les plus reculés, jusqu’à nos frères de la diaspora, tous répondent à l’appel du destin national. Cette communion patriotique démontre avec éclat que la renaissance de notre Burkina est l’œuvre commune de chaque fils et fille de ce pays. C’est avec une profonde émotion que je constate ce sursaut sacré de toute une nation.

S : Cette forte mobilisation vous conforte-t-elle dans la pertinence de l’Initiative ?

A.S : Absolument. Cet élan prouve que Faso Mêbo répond à un besoin profond : celui de s’unir autour d’un projet concret et visible. Chaque don ou action bénévole, aussi modeste soit-il, devient une pierre posée pour bâtir le Burkina Faso que nous voulons.

S : Quels sont les types de contributions les plus sollicités aujourd’hui ?

A.S : Parmi les contributions les plus attendues figurent les matériaux de construction de base : ciment, granulats (concassé de granite) et sable ; indispensables pour garantir la durabilité de la production. D’autres équipements comme les moules à pavés, les palettes, les pelles, les brouettes et les pigments (oxyde de couleur) sont également les bienvenus. En complément, la mobilisation de volontaires pour la production et la pose des pavés constitue un appui précieux.

S : Quelles sont les prochaines étapes pour renforcer l’action de Faso Mêbo dans les mois à venir ?

A.S : Dans les perspectives, nous allons déployer davantage de brigades Faso Mêbo à travers le pays pour intensifier nos chantiers solidaires, former massivement nos jeunes volontaires, véritables artisans du changement, en compétences techniques, digitaliser le processus de contribution avec une plateforme transparente et traçable, animer la mobilisation citoyenne à travers des événements fédérateurs (camps de vacances utiles, journées citoyennes, challenges d’innovation…).

S : Quel message souhaitez-vous adresser à la population burkinabè pour qu’elle soutienne davantage cette initiative ?

A.S : Faso Mêbo, c’est l’affaire de chacun de nous. Chaque geste, aussi modeste soit-il, a de la valeur : une heure de travail, une idée, un sac de matériaux ou toute petite contribution devient une pierre posée pour reconstruire notre pays dans la dignité et la solidarité. Restons unis, déterminés et confiants : ensemble, nous bâtirons le Burkina Faso de nos rêves.

Interview réalisée par A.A.N

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