Le Président du Faso, le capitaine Ibrahim Traoré : « La question de souveraineté intègre impérativement celle du numérique »

Le Président du Faso, Ibrahim Traoré : « nous sommes en train de mettre l’accent sur les différentes écoles qui forment des ingénieurs pour que nous ayons de la matière ».

La 20e édition de la Semaine du numérique se tient du 18 au 21 novembre 2025 sur le thème : « L’intelligence artificielle au cœur de la transformation digitale ». Le Président du Faso, chef de l’Etat, le capitaine Ibrahim Traoré présidé, ce mardi 18 novembre 2025, la cérémonie d’ouverture de la Semaine du numérique 2025 (SN 2025). Nous vous proposons l’intégralité de son discours.

Bonjour, camarades. Merci à tous d’être là ce matin pour le lancement de la semaine du numérique. Merci au pays invité d’honneur, le Ghana. Merci au pays frère du Mali, du Niger, qui sont là aussi pour nous accompagner dans cette révolution de l’Intelligence artificielle qui, aujourd’hui, est en train de dominer le monde. Je m’en voudrais bien de commencer à parler sans rendre grâce à Dieu, et aussi rendre un hommage vibrant à nos vaillantes forces combattantes sur le terrain qui, depuis ces dernières semaines, font un travail extraordinaire. Je le dis parce que je sens de la fierté.

Ces dernières semaines, pendant que l’ennemi croit qu’il est en train de nous faire plier, c’est en ce moment que le moral de nos hommes rebondit. Ils font un travail exceptionnel ces dernières semaines. Je tiens à leur rendre hommage, à les féliciter. Je souhaite donc qu’on prenne une minute de silence pour prier pour le repos des âmes de tous ceux qui ont perdu la vie dans ce combat. 20e anniversaire de la Semaine du numérique. Cela fait des décennies, si je peux le dire, que nous célébrons cette semaine du numérique. Mais je pense que ce 20e anniversaire doit être l’occasion de marquer aussi une pause, de faire le point de la situation, de voir où est-ce que nous en sommes pour pouvoir nous projeter dans le futur. Le Burkina Faso vient de très loin en matière de numérique.

Et je peux dire que nous sommes encore très loin. Beaucoup de choses ont été faites ces deux dernières années, mais, nous voulons nous lancer pour être à un certain niveau qui puisse nous permettre de dire qu’en cinq ans, nous avons fait un bond d’au moins 100 ans. Et madame le ministre a pris l’engagement, avec toute son équipe, de pouvoir mettre en œuvre ce programme. Et soyez sûrs que nous sommes-là pour vous accompagner comme vous voulez pour que cette révolution soit un succès. Le Burkina Faso a besoin de cette révolution numérique qui doit nous permettre de nous placer à un certain niveau de développement dans la sphère mondiale.

Aujourd’hui, quoi qu’on veuille, aucun domaine ne pourra se propulser sans le numérique. C’est pratiquement impossible. Nous avions tantôt parlé de lourdeurs administratives, de tracasseries. Toutes les couches de nos populations sont victimes souvent de cette lenteur au niveau de l’administration, mais seule la digitalisation, le numérique peut nous permettre de faire un bon significatif, d’offrir des services rapides et à moindre coût et de faire une économie d’échelle dans ce service pour que nous puissions avancer dans notre administration. Que ce soit le domaine de la santé, de l’éducation, de la sécurité et de la défense, tous les domaines ont besoin aujourd’hui du numérique pour pouvoir avancer.

Nous parlons de pays qui, aujourd’hui, cherchent à combattre un phénomène qui gangrène l’Afrique toute entière. Je ne dirai pas le Burkina, qui gangrène l’Afrique toute entière : la corruption. Nous ne pouvons pas lutter contre la corruption sans intégrer le volet digital. Si nous voulons effectivement lutter contre la corruption, il va falloir qu’on accepte de digitaliser beaucoup de procédures, qu’on accepte le numérique dans tout ce que nous faisons dans l’administration. C’est la seule façon de pouvoir lutter contre la corruption. Et notre pays en a besoin. Notre pays en a drastiquement besoin, d’autant plus que nous sommes encore en train de déployer beaucoup d’énergies pour que beaucoup de secteurs soient digitalisés et nous permettent de faire un bond significatif dans la lutte contre la corruption.

Emploi judicieux de l’Intelligence artificielle.

Selon le chef de l’Etat, l’Intelligence artificielle est un outil qui doit nous permettre d’avancer.

Et je vous invite à continuer dans ce sens, à intégrer, à fédérer tous les ministères sur les différentes plateformes que vous êtes en train de développer pour que cette lutte contre la corruption connaisse un grand avancement dans les 2 ou 3 ans à venir. Si nous voulons aussi d’instruments de sécurité performants, nous n’avons pas le choix que d’intégrer l’Intelligence artificielle. C’est une occasion d’informer beaucoup de jeunes sur ce que c’est que l’emploi judicieux de l’Intelligence artificielle. En matière de sécurité, en matière de défense. Je vous prends un exemple. L’analyse de certaines données a besoin forcément d’Intelligence artificielle pour aller très vite et être très concrète.

Aujourd’hui, la démographie et toutes les données récoltées par les capteurs de la sécurité, ont besoin d’une analyse rapide et succincte pour pouvoir donner des conclusions qui permettent aux différentes forces d’agri à temps et anticiper sur tout ce qui peut toucher à la sécurité de notre pays. Aujourd’hui, en termes de défense, qui ne serait pas content que de sa position, qu’il puisse peut-être avoir des images et ses coordonnées d’une situation particulière, transmettre à une unité qui a déjà la situation en temps réel et qui doit intervenir sur le terrain. Cela permet de sauver des vies parce que cela vous permet de mieux préparer et d’anticiper la situation.

Mais tout cela ne peut se faire que lorsque nous développons sérieusement nos infrastructures numériques. Nous sommes sur cette lancée parce que le Burkina Faso, comme je l’ai dit, vient de très loin. Nous avons passé tout le temps à héberger nos données à l’étranger. Cela veut dire que nous ne sommes pas maîtres de nos propres données que nous produisons. Et nous ne pouvons pas parler de souveraineté si nous n’hébergeons pas nous-mêmes nos propres données que nous produisons ici et qu’on passe le temps à exposer, à mettre chez les autres. La question de souveraineté intègre impérativement celle du numérique.

Aujourd’hui, nous sommes en train d’acquérir des data centers pour pouvoir, au fur et à mesure, héberger toutes nos données que nous produisons ici, sur place, et aussi les différentes applications que les jeunes sont en train de développer, à qui d’ailleurs je tire mon chapeau. Je félicite toutes les équipes qui participent à ce combat avec nous parce que le Burkina Faso, rien qu’hier, importait les applications élémentaires dans notre administration. Nous ne pouvons pas parler d’indépendance et de souveraineté alors que pour peu que nous ayons besoin d’une petite application pour faciliter un service, il faut aller le payer chez ceux-là qui sont en train de nous combattre.

Nos données et toutes nos actions, tous nos mouvements sont connus et sus de tous. Aujourd’hui, nous sommes en train de développer beaucoup d’applications dans beaucoup de ministères pour aller très vite. Quand je prends, rien que le ministère de la Justice, avant, il fallait quitter très loin dans son village pour un certificat de nationalité ou un casier judiciaire. Aujourd’hui, à travers la digitalisation, il faut créer des applications qui permettent à tout citoyen, à partir de sa position, d’avoir accès à ces services. Ça lui fait gagner un temps, une énergie et il n’a plus besoin de dépenser en carburant pour se rendre, avec tous les risques de la route, dans une zone quelconque pour se procurer ces documents.

Ce sont des exemples concrets que nous pouvons prendre et qui nous permettent de dire que nous avons besoin d’avancer dans
le numérique, soulager nos populations et lutter efficacement contre la corruption. Ceci dit, on pourra se poser la question de savoir comment le Burkinabè lambda va faire pour avoir accès à ces services, puisque tout le monde n’est pas forcément au même niveau en termes d’utilisation des téléphones ou d’ordinateurs. Mais j’ai instruit le ministère qui a déjà réfléchi à une solution qui, normalement doit commencer à être implémentée dans quelques semaines.

Construire des maisons de citoyens

Nous voulons construire dans toutes les provinces et plus tard dans tous les départements, des maisons de citoyens. Ce sont des maisons où des jeunes pourront être accompagnés avec tout le bagage, le paquet numérique du Burkina Faso. Lorsqu’un citoyen a besoin d’un service, il pourra se rendre dans ces maisons de citoyens pour avoir accès à ces services. Nous n’avons oublié personne. Tout le monde sera servi. Que nous puissions être ensemble sur le bateau et que personne ne soit à la traîne. C’est pour dire qu’il y a de vastes chantiers qui sont engagés à travers le ministère.

Aujourd’hui, nous recrutons 10 ou 20 fois plus d’ingénieurs dans le domaine du numérique pour aller très vite et booster ce retard que nous avons connu depuis nos indépendances. En plus de tout cela, la formation est essentielle. Nous sommes en train de mettre l’accent sur les différentes écoles qui forment des ingénieurs pour que nous ayons de la matière. Et c’est là que j’interpelle la jeunesse. C’est le moment pour vous de prouver que ce que les autres disent de nous, Noirs, que tout est faux. Nous avons de l’intelligence, nous avons du cerveau capable de concevoir bien et utile pour nos populations.

J’invite tous les jeunes qui seront inscrits dans ces différentes écoles, qui partent pour la quête de savoir, d’ingénierie, de continuer à faire les recherches qu’il faut et développer tous les outils informatiques dont a besoin notre pays ; Depuis le paysan jusqu’à l’administration pour pouvoir donner un coup de pouce à notre quête de développement que nous sommes en train de mener. Et dans quelques semaines, s’il plaît à Dieu, nous allons lancer les travaux d’une autre académie polytechnique dans laquelle sera intégré ce volet de formation sur le numérique. Et des ingénieurs devront sortir de ces universités dans quelques années être au service du peuple.

Aussi, bien que nous parlions des bienfaits de l’intelligence artificielle, je vous enjoins de commencer la sensibilisation également de la jeunesse sur ses méfaits. L’intelligence artificielle est un outil qui doit nous permettre d’avancer, mais pas un outil qui doit désorienter la jeunesse. Il faut l’employer à bon escient. Et cela, c’est un volet très important. Par la sensibilisation, vous pourrez faire beaucoup de choses au sein de la jeunesse pour leur montrer les effets néfastes aussi de l’intelligence artificielle. Nous n’avons pas dit de l’exploiter à d’autres fins.

Beaucoup aujourd’hui le font déjà pour escroquer des individus, pour se faire passer pour d’autres personnes pour la désinformation, etc. Il faut que ces pratiques cessent, mais c’est aussi par la sensibilisation que nous pourrons y arriver. Je compte sur la jeunesse pour qu’elle tire le meilleur profit de l’intelligence artificielle pour travailler au profit de la nation. Et quoi qu’on dise, c’est un domaine dans lequel les start-ups sont en train de germer un peu partout. Et ceux-là aussi doivent passer le message pour faire comprendre aux autres que c’est un domaine où l’homme peut se faire.

C’est très important. Il faut que les jeunes comprennent que créer des start-ups, créer des petites entreprises dans le domaine du numérique pour aider et faciliter la vie des citoyens, cela vous permet aussi de vivre dignement au Burkina Faso. J’exhorte tout un chacun à intégrer le volet du numérique. Je vous encourage, vous, ministère, à lancer tous les vastes chantiers.

Et notre programme, les 12 engagements que vous avez pris pour 2030, que nous puissions atteindre nos objectifs bien avant 2030. J’espère que c’est bien possible. J’invite tout un chacun, tous les départements ministériels à fédérer les énergies pour faciliter la tâche à ceux qui sont censés vous accompagner dans ce développement du numérique à travers l’intelligence artificielle et favoriser le développement de notre chère patrie. Merci beaucoup à tous. Je vous souhaite une très bonne semaine du numérique, avec des innovations majeures, toujours pour le bonheur de nos populations. Merci à tous d’être venus et merci aux pays frères qui sont là. Je vous souhaite un très bon séjour au Burkina Faso et que Dieu bénisse notre très chère patrie.

La patrie ou La mort, nous Vaincrons

Propos retranscris par la Rédaction

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