Reprise des activités pédagogiques : « L’achèvement de l’année nécessite l’examen des préalables», Souleymane Badiel du F-SYNTER

Dans cette interview, le secrétaire général de la Fédération des syndicats nationaux de l’éducation et de la recherche (F-SYNTER), Souleymane Badiel, revient sur les préalables qui l’opposent au gouvernement dans la perspective d’achever l’année scolaire et académique 2019-2020.

Sidwaya(S) : Quelle est votre lecture de la situation actuelle relative à la réouverture des écoles ?

Souleymane Badiel (S.B.) : La reprise des activités pédagogiques doit prendre en compte un certain nombre de paramètres. Le premier concerne la cessation de la répression qui a visé les travailleurs de l’éducation et de la recherche et le remboursement intégral des salaires injustement coupés ou suspendus. Le deuxième est relatif au plan de reprise des activités académiques et scolaires qui doit viser non seulement la garantie de la santé et de la sécurité de la communauté éducative mais aussi l’équité entre les apprenants. Ce sont ces deux paramètres importants qui doivent entrer en ligne de compte pour une reprise éventuelle des activités pédagogiques.

S : En raison du COVID-19, certains évoquent une année blanche alors que d’autres parlent d’évaluation sur la base des deux notes des trimestres déjà écoulés. Qu’en pensez-vous ?

S. B. : Notre organisation n’a jamais utilisé le terme « année blanche » ou « sauvetage de l’année ». Nous parlons plutôt d’achèvement de l’année scolaire et académique 2019-2020. Celle-ci peut bel et bien s’achever, pourvu qu’il y ait de la volonté politique.

S : Comment peut-on achever l’année ?

S. B. : L’achèvement de l’année académique 2019-2020 demande à revenir sur les paramètres que j’ai indiqués plus haut. Une fois pris en compte, on est à même de nous asseoir, si on nous invite, en vue de faire des propositions afin de dessiner des scénarii pour achever correctement l’année scolaire et académique. Il faut l’achever de sorte qu’elle corresponde effectivement à ses objectifs, à savoir doter les apprenants des différents niveaux de classe, de connaissances suffisantes.

S : Quelle lecture faites-vous des cours à la radio et à la télévision ?

S. B. : Si le recours aux Technologies de l’information et de la communication (TIC) pour l’enseignement est de se substituer à l’apprentissage classique, alors, c’est une mauvaise option. Car, c’est un choix qui comporte effectivement un certain nombre d’éléments qui vont renforcer les inégalités existantes entre les apprenants. De ce point de vue, c’est un outil éventuellement qui peut être en complément de ce qui se fait de façon classique en termes d’enseignement dans les amphis comme dans les classes. En résumé, cela peut être une bonne option en ce sens qu’elle permettra d’entretenir certains apprenants en vue de leur permettre d’avoir des connaissances en plus de ce qu’ils ont reçu en classe. Dans tous les cas, cette option ne peut pas être une réponse appropriée pour la situation actuelle.

S : Quel appel avez-vous à lancer ?

S. B. : Les organisations syndicales veulent dire aux parents d’élèves que nous, travailleurs de l’éduction, avons le souci que l’année scolaire doit et bien s’achever. Toutefois, nous avons aussi des préoccupations réelles et que si elles ne sont pas résolues, elles ne nous permettront pas de faire un travail convenable. Il faut que tout le monde comprenne les enjeux de cette position des syndicats. Nous ne demandons pas forcément que ladite position soit portée par les uns et les autres. Mais, en la comprenant, ils joueront leur partition afin que des solutions puissent être trouvées. A l’attention des autorités, il vaut mieux régler les problèmes parce que quel que soit le temps qu’elles vont prendre, les problèmes vont toujours attendre et les travailleurs avec leurs organisations vont se donner les moyens d’attendre qu’ils reviennent sur ces problèmes.

Entretien réalisé par Achille ZIGANI
(Collaborateur)

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