Une délégation de haut niveau du ministère en charge des sports burkinabè avec à sa
tête le ministre Roland Somda et composée entre autres de sportifs talentueux tels Hugues
Fabrice Zango et Iron Biby a pris part à Londres à un sommet sur le développement du sport afin «d’explorer les opportunités innovantes de mobilisation des ressources» ainsi que «les tendances émergentes et des stratégies novatrices y relatives.» Belle initiative s’il en est, que l’on ne peut qu’applaudir des deux mains, même si certaines interrogations nous taraudent l’esprit au vu du format de ce sommet et des parties prenantes.
Sur le premier point, il est quelque peu surprenant que le Burkina Faso soit le seul pays africain participant à un sommet d’une telle envergure, dans un contexte mondial où la rareté des ressources pousse nos Etats à être à l’affût de toutes les opportunités «d’affaires.» On pourrait nous dire que le facilitateur pour la participation de notre pays,
David Traoré a voulu réserver ce «gombo» à son pays natal certainement par patriotisme, mais à l’heure des TIC cet argument ne résiste pas à une analyse approfondie.
Il y a donc des inquiétudes à lever à ce niveau, ce d’autant que (et c’est le deuxième point de nos interrogations) , certains des organismes qui y ont participé, à l’instar de l’UEFA, n’en n’ont pas encore fini avec leurs préoccupations domestiques pour, nous semble t-il , s’intéresser à celles des autres. Déjà en proie à un bras de fer avec les grands clubs européens qui ne seraient pas fâchés de lui faire un enfant dans le dos , la faîtière européenne peut-elle courir le risque d’aller jeter de l’argent par les fenêtres sans encourir plus encore leur courroux ?

Nous demandons à voir, et, toujours dans le même registre et au plan institutionnel cette fois, des organismes comme Fundation Qatar ou Peace players USA ne se réfèrent t-ils pas aux ministères en charge des affaires étrangères plutôt qu’à ceux des sports ? Déjà que Trump est en train de fermer le robinet de l’aide américaine sans tenir compte des récriminations des uns et des autres, il ne faudrait pas qu’une confusion institutionnelle
vienne plomber ce bel élan.
Plus sérieusement nous sommes de ceux qui pensent que ce «deal» doit être analysé sous toutes ses coutures en Conseil des ministres en rapport avec les pays concernés avant tout engagement. Avec le néolibéralisme triomphant et son corollaire de prédation marchande et financière, deux précautions valent toujours mieux qu’une. Pour nous résumer, disons qu’il faut aller chercher l’argent où il se trouve certes, mais en ayant toujours à l’esprit que s’il n’a pas d’odeur, il a néanmoins un coût, dont celui culturel n’est pas le moindre. Car, et comme chacun le sait l’aide de nos jours a souvent des conditions insoupçonnées. Le scénario Roberto Carlos est là pour nous le rappeler.
Boubakar SY
