Elu à la tête de la fédération burkinabè de kung-fu wushu pour un premier mandat, Maître Inoussa Ouédraogo, a d’abord été pratiquant, ensuite président de la ligue du Centre. Dans cette interview, il nous donne ses motivations et décline ses projets pour le développement de l’art martial chinois au Burkina Faso.

Qui est le président de la fédération burkinabè de kung-fu Wushu ?
Je suis Maitre Inoussa Sawadogo, entrepreneur. Avant de prendre les rênes de la Fédération burkinabè de Kung-Fu Wushu, je fus d’abord pratiquant de cet art martial et avec le temps, j’ai occupé le poste de Vice-président de la Ligue du Centre de Kung-Fu Wushu pendant un mandat et passé président de cette Ligue en deux mandats successifs.

Comment la discipline se porte au Burkina Faso ?

Je peux affirmer que le Kung-Fu Wushu se porte très bien au Burkina Faso. Au fil des années, nous constatons un intérêt croissant pour notre discipline à travers le pays, avec un nombre de pratiquants en constante augmentation. La Fédération burkinabè de Kung-Fu Wushu compte de nos jours plus de 160 clubs répartis dans 6 Ligues et 5 Districts. Nous avons actuellement sur notre table plusieurs demandes pour la création de Districts et des Districts sont en passe de devenir des Ligues. Notre ambition c’est de créer une Ligue dans chaque région du pays. La région du Centre à la plus grande Ligue avec au moins 42 clubs affiliés. En matière de pratiquants, nous comptons plus de 400 ceintures noires. Nous
tenons régulièrement nos différents championnats et nous participons également aux compétitions internationales. La Fédération travaille activement à structurer la pratique du Kung-Fu et à dynamiser les clubs, les résultats sont encourageants.

Qu’est-ce qui vous a motivé de prendre les rênes de la fédération ?

Vous savez, j’ai fait 12 ans au niveau de la Ligue du Centre et au vu de ce que j’ai pu apporter pour la discipline, des acteurs, notamment mes prédécesseurs ont estimé que je pourrais apporter encore plus à la Fédération. Mais plusieurs autres raisons m’ont motivé à prendre les rênes de cette structure, je peux vous en citer seulement trois. Je dirai d’abord, la passion pour le Kung-Fu. Je suis un passionné de cet art martial depuis de nombreuses années. Je crois profondément en ses valeurs et je souhaite vraiment partager cette passion avec le plus grand nombre de personnes et contribuer au développement du Kung-Fu au Burkina Faso. Ensuite, je dirai la volonté de voir le Kung-Fu se développer au Burkina Faso. Je souhaite contribuer à structurer et à professionnaliser cette discipline, afin qu’elle puisse atteindre son plein potentiel. Cela passe par la formation des athlètes, des entraîneurs et des arbitres, ainsi que par l’organisation de compétitions de haut niveau. Et comme je l’ai dit, pour la troisième raison, c’est vraiment pousser les choses pour une réelle promotion des valeurs du Kung-Fu. Comme vous le savez, le Kung-Fu est un art martial qui prône des valeurs telles que le respect, la discipline, la persévérance, le courage, etc., et un de mes vœux les plus ardents c’est de travailler à promouvoir ces valeurs auprès des jeunes Burkinabè afin de les aider à devenir des citoyens modèles, responsables et épanouis.`

Quelles relations entretenez-vous avec le précédent bureau ?

Le présent bureau et le précédent ont de bons rapports. D’ailleurs il n’y a pas eu d’adversité lors de l’élection et la passation de pouvoir s’est déroulée de manière cordiale. Après deux mandats passés à la tête de la fédération Jean Conseibo, le président sorti, a décidé de ne plus briguer un autre mandat et de passer la main. En plus, certains membres de son bureau sont restés avec nous. L’ancien président est notre conseiller, nous restons ouverts à tout le monde. Mais tout en respectant le passé, notre bureau est résolument tourné vers l’avenir et l’atteinte de nouveaux objectifs pour le Kung-Fu Wushu burkinabè. Nous nous sommes engagés à innover et à développer davantage notre discipline.

Qu’est-ce que vous avez appris depuis votre installation ?

Ayant dirigé la Ligue du Centre pendant huit ans, nous participions déjà aux différentes activités de la Fédération (compétitions, stages…) Mais la différence maintenant est que nous sommes en premier lieu et collaborons maintenant directement avec le ministère et non la direction régionale en charge des sports. Il faut donc s’adapter et avancer.

Quelle est votre politique de développement du Kung-fu Wushu ?

Pour la politique de développement du Kung-Fu Wushu, il faut dire que nous sommes vraiment déterminés à promouvoir, développer et structurer notre discipline à travers le pays et cela passe par le développement de la base, la formation et l’encadrement. En cela, il faut dire que nous mettons l’accent sur la formation d’instructeurs qualifiés et d’arbitres compétents. Aussi, nous soutenons la création de clubs et d’associations dans toutes les régions du Burkina Faso. A côté de cela, nous travaillons à la mise en place et au respect d’un calendrier de compétitions, des compétitions que nous organisons de façon régulière. Nous mettons en place des ligues régionales sans oublier que nous soutenons la participation
de nos athlètes aux compétitions internationales. Il faut souligner aussi que nous travaillons en étroite collaboration avec les autorités publiques.

Quelles sont présentement les activités qui meublent la saison sportive du Kungfu Wushu?

Les activités saisonnières de la Fédération dépendent de l’arbitrage budgétaire au ministère des Sports de la Jeunesse et de l’Emploi. Toutefois, la saison sportive actuelle est riche en activités. Nous avons déjà organisé une grande activité qui est la Coupe de son Excellence l’Ambassadeur de Chine au Burkina Faso. C’est un événement majeur de notre calendrier sportif et la compétition permet de renforcer les liens avec la Chine, berceau du kung-fu Wushu et le Burkina Faso. Nous avons en vue les Championnats nationaux notamment le championnat de petites catégories (minime cadette), ensuite la catégorie juniore et séniore. Il y a aussi la participation aux championnats d’Afrique et du Monde. Nous mettons tout en œuvre pour que nos athlètes participent à ces compétitions internationales. Y participer serait une grande fierté et une opportunité de mesurer notre niveau face aux meilleurs mondiaux.

D’où proviennent les ressources financières de la fédération ?

Nos ressources financières proviennent essentiellement du ministère des Sports de la Jeunesse et de l’Emploi. Nous avons également le soutien de l’Ambassade de la république populaire de Chine au Burkina et du Comité national olympique et des sports burkinabè. Vous n’êtes pas sans savoir que le pays est actuellement en situation difficile et ce n’est pas facile de se faire des sponsors pour soutenir le sport mais nous travaillons à en avoir. Et c’est l’occasion pour moi de lancer un appel aux différentes structures capables d’apporter leur accompagnement à ce que nous faisons, de ne pas hésiter à le faire parce qu’elles ont beaucoup à y gagner.

Quels palmarès peuvent se satisfaire le Kungfu Wushu sur le plan international ?

Nous faisons partie des disciplines qui remmènent des médailles des compétitions internationales. En guise d’exemple en 2023, lors du championnat africain en Côte d’Ivoire, nous avons occupé la deuxième place devant la Côte d’Ivoire pays organisateur et l’Egypte. Nous avons fait une très bonne prestation et nous avons obtenu plusieurs médailles.

Avez-vous des ambitions sur le plan sportif et personnel ?

(Rire) votre question est assez intéressante.
Sur le plan sportif, il faut dire que notre ambition c’est de développer et populariser le Kung-fu wushu au Burkina Faso, bien structurer et professionnaliser la fédération, renforcer la coopération internationale en établissant des liens avec d’autres fédérations et des experts internationaux pour bénéficier de leur expérience et améliorer le niveau du kung-fu wushu au Burkina Faso. Et pour ce qui est des ambitions personnelles, je dirai que laisser un héritage durable à la fédération me tient à cœur. Il faut noter que dans les instances internationales, notamment pour ce qui est du continent africain, les pays magrébins sont beaucoup plus présents que nous. Il faut d’abord travailler à avoir de la côte et à se soutenir afin d’inverser cette tendance lors des prochaines consultations électorales.

Quel est l’avenir pour le Kung-fu Wushu au Burkina Faso ?

Je suis optimiste quant à l’avenir de notre discipline au Burkina Faso. Nous avons une base solide avec un nombre croissant de pratiquants, y compris des jeunes passionnés qui représentent l’avenir. Je félicite déjà les acteurs actuels qui animent le kung-Fu wushu au Burkina Faso. Les présidents de club, les directeurs techniques travaillent vraiment avec passion, ce qui suscite de l’engouement de la discipline. Nous avons une très bonne pépinière au Burkina. Sachez qu’il y a des enfants qui sont à même de faire des techniques qu’on voit souvent dans les films d’action.

Quels sont les défis de la fédération ?

C’est de travailler d’abord à garder la confiance du ministère de tutelle et de l’Ambassade de la république populaire de Chine en restant solidaire, en raflant des médailles à l’international et avec une gestion saine de nos finances. C’est aussi aller à la recherche d’autres partenaires pour accroitre nos sources de financement et pouvoir réaliser notre programme d’activité.

Par Pengdwendé Achille OUEDRAOGO

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