Trait de plume : Jette-lui la pierre si…

C’est acté, le Premier ministre, Christophe Joseph Marie Dabiré, a le feu vert de l’Hémicycle, pour conduire la barque gouvernementale et mettre en œuvre la politique du Président du Faso, Roch Marc Christian Kaboré, durant les 20 derniers mois qui lui restent de son mandat. Face aux députés, M. Dabiré a donné cinq grands axes censés concentrer les principales interventions de son gouvernement. Mais le véritable programme dont la réalisation lui garantirait le plein succès est celui qui a été développé dans les larmes du Premier ministre.

Les téléspectateurs ont sans doute remarqué l’émotion du chef de gouvernement au moment d’appeler les Burkinabè à faire en sorte que le Burkina Faso redevienne le « Pays des hommes Intègres ». Le patron de l’Exécutif est apparu noyé d’émotions devant les élus du peuple au moment de requérir leur confiance, synonyme de quitus pour conduire sa mission. Il n’a pas tort. Le talon d’Achille du pays réside dans le faible niveau d’intégrité des populations.

Le Burkina Faso, classé parmi les pays pauvres de la planète, a certainement pour défis de parvenir à instaurer la sécurité, la cohésion sociale, la gouvernance vertueuse, le développement du capital humain et la dynamisation de l’économie. Aucune nation, à la pointe du développement, soit-il, ne saurait d’ailleurs rechigner dans la réalisation de ces objectifs.

Seulement, la condition sine qua non pour que le pays de Thom Sank s’engage résolument sur les chantiers du développement, c’est le patriotisme. En effet, un pays dont certains de ses fils n’ont aucune honte à le dénigrer marche assurément sur les sentiers de sa ruine. Les Burkinabè ont beau crier à la mauvaise gouvernance au sommet de l’Etat, le développement serait un vain mot tant que chacun ne prendra pas conscience de ses responsabilités.

Le président du Faso et subséquemment son Premier ministre ont bon dos d’essuyer les critiques de leurs concitoyens, toutefois, il convient de se rappeler les propos du Christ : « Que celui qui n’a rien à se reprocher leur jette la première pierre ». Il est très facile de montrer à quel point on abhorre ceux qui sont à la tête de son pays.

Pourrait-on aussi, avec la même verve, avoir le courage de s’auto-flageller pour le nombre de fois que l’on a violé les règles élémentaires de la vie en société : respect des feux tricolores, assiduité et ponctualité au travail, exécution du travail pour lequel on est fier de se présenter en banque à chaque fin du mois …

Comment réconcilier des personnes pour qui l’enfer c’est les autres ? En somme, les clés de réussite pour Christophe Joseph Marie Dabiré se trouvent entre les mains des Burkinabè. Sinon, le président Kaboré aura beau changer de Premier ministre, les populations auront beau alterner les présidents à la tête du pays, le résultat restera toujours mitigé.

Maintenant, le nouveau Premier ministre, fraîchement investi, pourrait aussi aller chercher ces clés entre leurs mains de la même façon qu’il a fait pour s’assurer une plus grande confiance des députés que son prédécesseur qui a dû se contenter de 72 voix. Les Burkinabè seront peut-être sensibles à l’émotion pour que l’amour de la patrie reprenne vie et que le peuple se retrouve véritablement sur l’essentiel. Ainsi, là où le volontarisme affiché de Paul Kaba Thiéba a failli, la sagesse et l’affectivité du « Papy » Dabiré pourraient peut-être réussir.

Fabé Mamadou OUATTARA

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