Que le droit soit dit

Le procès de l’opposant sénégalais Ousmane Sonko pour viol et menaces de mort sur Adji Sarr, une employée d’un salon de beauté, s’est ouvert hier,mardi 23 mai. Après un premier report d’audience le 16 mai dernier, les praticiens du droit sont à la tâche pour la manifestation de la vérité dans cette affaire rocambolesque de massage qui était censée au départ guérir le président du parti Pastef-les Patriotes de ses douleurs de dos chroniques mais qui a vite tourner au vinaigre. En effet, ce dernier est accusé par la masseuse professionnelle de viol. Arrivé en troisième position à la présidentielle de 2019 et candidat favori de l’Opposition à la prochaine élection présidentielle prévue en février 2024, M. Sonko rejette en bloc les accusations. Il parle plutôt d’un complot ourdi par ses adversaires politiques pour l’écarter de la course au pouvoir. En politique, ce genre de scandale est toujours fréquent. Certains politiciens mus par leur soif du pouvoir n’hésitent pas à poser des « guet-apens » à leurs adversaires. D’autres exploitent simplement les failles de leurs opposants. L’affaire Dominique Strauss-Kahn (DSK) en 2011 dans la fameuse chambre n° 2806 de l’hôtel Sofitel de New York est en une illustration parfaite. L’ancien patron du FMI et candidat potentiel du parti socialiste à l’élection présidentielle française de 2012 a eu des démêlées judicaires avec Nafissatou Diallo, une employée de l’hôtel Sofitel qui l’accuse de viol. Dans cette affaire, la justice américaine avait prononcé un non-lieu dans le volet pénal et un arrangement avait été trouvé entre les deux parties pour éviter un procès dans la procédure civile. Le 10 décembre 2012, une transaction d’un million et demi de dollars intervient entre les deux parties et clôt définitivement l’affaire du Sofitel de New York. Si l’homme politique français a pu échapper de façon in extrémis aux geôles, il n’en demeure pas moins que sa carrière politique a pris un sérieux coup.

Il n’a pas pu se présenter aux primaires de son parti mettant ainsi sous boisseau ses ambitions de briguer la magistrature suprême de son pays. C’est peut-être ce même sort que craint certainement l’opposant sénégalais qui soutient à tort ou à raison la thèse de la machination politique. Depuis deux ans, l’opposant, soutenu en bloc par ses partisans, s’est inscrit dans un bras de fer avec la justice. Et depuis lors, c’est un véritable branle-bas au pays de la Téranga avec des manifestations meurtrières. Dans ces conditions, personne ne peut prédire les futures conséquences en termes de pertes en vies humaines ou de dégâts matériels dans cette supposée ou avérée affaire de viol qui continue de pourrir l’atmosphère sénégalaise. Pourquoi ne pas alors laisser la justice trancher comme ce fut le cas de l’affaire DSK et Nafissatou Diallo? Si les faits reprochés à M. Sonko sont réels, que toutes les conséquences du droit soient tirées. Ne dit-on pas que nul ne peut se prévaloir de ses propres turpitudes ? Au cas contraire, s’il s’agit d’une cabale, que le droit soit aussi dit en sa faveur au nom des exigences de l’Etat de droit. Les parties adverses doivent donc éviter toutes surenchères dans cette affaire car à force de vouloir trop tirer sur le bouchon, l’on finit toujours par scier la branche sur laquelle l’on est assis. La justice semble avoir donné le ton en maintenant le procès. Elle doit par conséquent rester professionnelle et éviter d’être à la remorque de l’un ou de l’autre camp. C’est à ce prix que le pays de Léopold Sédar Senghor pourra retrouvera son lustre d’antan.

Abdoulaye BALBONE

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