Se battre ou périr !

Sous mes pieds nus qui s’enfoncent dans la boue, la terre m’étreint
Je crie au secours entre les détours de mon ultime parcours, en vain
Autour du sable qui avale, un héros me jette des guirlandes en papier
Mes doigts effleurent la corde de sauvetage et je souris ahuri, au pompier

Autour de la scène qui attire les badauds, la foule chantait en pleurant
Elle scandait l’hymne des braves au pied du géant qui happe les titans
Derrière le mur de curieux, marche en rangs serrés une horde de la Légion
Face à l’honneur à prendre ou à rendre, les baroudeurs marchent à reculons

Les pompiers s’activent dans un branle-bas de
combat avec tout une armada
Les miens dans la foule tendent la main loin de la houle en criant : « abracadabra » !
Mais l’antidote de mon sort sous scellé n’est pas une bribe de formule magique
Et j’entends la litanie des chapelles entonner les complaintes des épopées tragiques

Sur ma tête rasée sans crête, les vautours du bourg font déjà la ronde du festin
Dans le creux de la sangsue qui m’aspire, je nargue avec rage la cage du destin
Je fredonne dans la boue le cantique des pères téméraires de nos terres austères
Et par ma voix, je prends ma croix avec foi sans me laisser abattre par la Chimère

Puis soudain, un preux bambin à tout crin ose
s’approcher de la gueule du trou
Il marche dans la boue jusqu’au cou et me tend un bout de sa main de fou
Un autre coquin galopin lui emboîte le pas et se jette dans le bourbier sans remords
Et un autre et un autre ; et la foule devient mon recours le plus sûr et le plus fort

Tant que la fratrie meurtrie restera au bord du bourbier pour pleurer le sort du guerrier
Tant que la détresse du faible n’aura d’écho dans la forteresse assoupie des templiers
Tant que le sommeil des braves n’aura de rêve que le tumulte de l’épouvante sans trêve
Tant qu’il y aura un seul homme digne debout, il faudra venir à bout de l’ennemi qui crève

 Clément ZONGO
clmentzongo@yahoo.fr

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