Violences à l’égard des femmes et des jeunes filles: le Centre-Nord en tête avec plus de 35% des cas

Pour le ministre en charge des Droits humains, Rodrigue Bayala, des efforts sont consentis aussi bien par le gouvernement que par les acteurs de terrain pour la mise en œuvre effective de cette loi.

Les violences à l’égard des femmes et des jeunes filles a fait l’objet d’une question orale avec débat, le mardi 12 décembre 2023, à l’Assemblée législative de transition (ALT), lors d’une séance plénière présidée par la 2e vice-présidente, Awa Fofana.

Les députés de l’Assemblée législative de la transition (ALT) se sont réunis en séance plénière dans la matinée, du mardi 12 décembre 2023, à l’hémicycle. Dirigée par la 2e vice-présidente de l’ALT, Awa Fofana, l’ordre du jour de cette séance était consacré à une question adressée au gouvernement.

Cette question orale avec débats a fait l’objet d’interpellation de deux ministres. S’adressant aux ministres de la Solidarité, de l’Action humanitaire, de la Réconciliation nationale, du Genre et de la Famille et celui de la Justice et des Droits humains, chargé des Relations avec les Institutions, Garde des Sceaux, la question orale avec débats a porté sur : « Les mesures prises par le gouvernement pour une sensibilisation adéquate du public et une formation appropriée des acteurs chargés de la mise en œuvre de la loi n°061-2015/CNT ,du 06 septembre 2015, portant prévention et répression des violences à l’égard des femmes et des filles et la prise en charge des victimes », a été portée par la députée, Romaine Bailou, membre de la commission genre.

Le ministre de la Justice et des Droits Humains, Rodrigue Bayala a apporté des éléments de réponses à ladite question en son nom et au nom de la ministre en charge du genre, Nandy Somé. Pour ce qui est des statistiques relatives à l’évolution des violences à l’égard des femmes et des jeunes filles, le ministre Bayala a fait remarquer que depuis l’adoption de la loi n°061-2015/CNT, du 06 septembre 2015, portant prévention, répression et réparation des violences à l’égard des femmes et des filles et prise en charge des victimes, le phénomène va croissant.

En effet, en 2020 au total 5324 personnes ont subi des violences basées sur le genre soit 4253 femmes et 1071 hommes. En 2021, il y a 9838 cas, dont 8339 pour les femmes et 1494 hommes. En 2022, 11 116 personnes ont subi des violences soit 8764 femmes et 2352 hommes. Il a noté que toutes les régions sont concernées par ces VBG avec en tête le Centre-Nord avec plus de 35 % des cas suivi des Hauts-Bassins avec 20% des cas. Il a confié que ce n’est pas une occasion pour se décourager.

Car, selon lui : « ce sont plutôt les actions de sensibilisation et d’informations sur les droits qui ont amené des dénonciations qui nous permettent de recenser beaucoup plus de cas aujourd’hui ». Le ministre a indiqué que la présente loi s’applique à toutes les formes de violences à l’égard des femmes et des filles notamment les violences physiques, morales, psychologiques, sexuelles, économiques, patrimoniales et culturelles. Et pour une mise en œuvre effective de cette loi, des actions d’informations, de sensibilisation et de renforcement des capacités des acteurs/actrices sont indispensables.

Ainsi, concernant les mesures prises pour la sensibilisation adéquate du public, au titre du ministère du Genre, il a relevé que conformément aux dispositions de l’article 6 de la présente loi, des actions suivantes ont été mises en œuvre. Il s’agit notamment de la sensibilisation de 7 608 femmes et hommes sur les droits et la prévention des violences basées sur le genre dans les 13 régions, de l’organisation d’ateliers de sensibilisation au profit des femmes des 13 régions sur leur accès à la justice, de la réalisation d’activités de plaidoyers, de sensibilisations et de renforcement de capacités au profit des autorités administratives.

Prise en charge des survivants de VBG

Au titre du ministre en charge de la Justice, Rodrigue Bayala a affirmé que depuis 2016, une série d’activités ont été entamées et concourent à la mise en œuvre de ladite loi. Il a souligné que ces activités ont consisté essentiellement à des sessions d’appropriation, de formation, de sensibilisation, de rencontres d’échanges, de réalisations et de diffusions d’émissions de jeux radiophoniques sur les droits humains en général et sur les droits catégoriels en particulier, etc.

Et de préciser que ces différentes activités ont touché environ 5 972 personnes dont 2847 femmes et ont pu être réalisées dans plusieurs localités du Burkina, au travers de plusieurs thématiques. Pour ce qui est de la prise en charge des victimes de VBG et la poursuite des auteurs, il a indiqué que le gouvernement a fait de cela, une de ses priorités en dépit de la rareté des ressources financières. « En effet, malgré l’inexistence d’une ligne budgétaire spécifique destinée à cette question, plusieurs victimes bénéficient, avec l’accompagnement de nos partenaires techniques et financiers, d’une prise en charge psycho-sociale à travers nos services sociaux et centres de prise en charge », a soutenu le ministre Bayala.

Et de poursuivre que pour ce qui concerne la poursuite des auteurs, la mise en œuvre de la loi 061 a permis d’atteindre quelques résultats à savoir plusieurs condamnation et arrestation. Le Garde des Sceaux a également dit que pour le volet formation des acteurs chargés de la mise en œuvre de la loi, des mesures ont été prises.

Il s’agit, entre autres, de la réalisation de rencontres de formation et d’échanges sur les VBG, les lignes directrices de prise en charge des survivants de VBG et sur l’application de la loi sur les MGF et le mariage d’enfants dans 05 régions à l’endroit de 165 acteurs de la chaine judiciaire/pénale et des membres des cellules genre. Il y a également l’existence d’un numéro vert d’alertes et de dénonciation des violences basées sur le genre 80 00 12 87, la création de deux centres de prise en charge intégrée des victimes de violences basées sur le genre à Ouagadougou et à Tenkodogo, l’existence de centres d’écoute et d’appui psychosocial (à Kaya et à Bobo-Dioulasso).

Wamini Micheline OUEDRAOGO

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