Les raisons de la faible mobilisation des investissements dans le domaine du climat ont été passées au peigne fin au cours d’un panel juste après la cérémonie d’ouverture du sommet africain sur le climat, le 4 septembre 2023. Plusieurs solutions pour changer la donne ont été mises en lumière.
La faible capacité de mobilisation des financements pour financer l’adaptation de l’Afrique au changement climatique fait l’unanimité. Au cours d’un panel autour de l’’amélioration de la mobilisation des ressources pour financer sa transition et aussi les actions d’adaptation, les communicateurs ont identifié plusieurs obstacles.
Celui qui revient le plus est celui de la perception élevé du risque par les investisseurs internationaux. Ce constat explique à lui seul le cout élevé des capitaux lorsqu’un pays africain souhaite lever des fonds sur le marché.
« Le cout du crédit est exorbitant et cela veut dire que nous avons besoin d’un nouveau modèle d’investissement », a constaté la ministre de la forêt, de la pèche et de l’environnement de l’Afrique du sud, Barbara Creecy.
Pour le ministre des Finances du Ghana, l’Afrique manque d’expertise, de cadre harmonisé et d’un processus de certification pour rassurer les investisseurs. Il considère que le taux d’inflation élevé et l’instabilité politique sont de nature à augmenter la perception du risque.
Pour autant plusieurs investisseurs sont présents et offrent des lignes de financements favorables au climat.
C’est le cas notamment de Afrexim Bank, Africa 50, Helios investment partners, TCX Fund et Three Cairn Group. Ainsi l’un des premiers responsables de Helios, Travaj Bango considère que l’Afrique est intéressante car l’énergie solaire est la plus efficace dans le cadre de la transition énergétique.
Il a appelé les gouvernements africains à partager les risques avec les investisseurs. Afrexim Bank pour sa part a créé un fond concessionnel. Ce type de guichet offre des prêts à des conditions très favorables
Plus de réformes
Les acteurs institutionnels appellent à des réformes institutionnelles. Ainsi la ministre en charge de l’environnement appelle à poser des discussions sur la dette de l’Afrique.
Son homologue du Ghana appelle les investisseurs internationaux à considérer les ressources naturels comme un actif. Il estime par ailleurs que les banques de développement doivent atténuer les risques.
Le député de la Commission de l’UA, Monique Nsanzabanwa exhortent les Etats à autonomiser la Commission afin d’augmenter la confiance des investisseurs.
Pour les représentants des gouvernements européens la confiance se construit sur l’action. A ce propos, le ministre du développement et de la politique climatique, Dan Jergensen a annoncé que le Danemark va doubler sa contribution au fond vert climat.
«Il faut plus de financement publique en faveur de la mitigation et de l’adaptation et nous invitons les autres pays à suivre notre exemple », a-t-il plaidé.
La secrétaire d’état de l’Allemagne et envoyé spécial pour l’action climat a déclaré que l’Allemagne est entrain d’examiner la question de la dette à travers la réallocation d’une dette du Kenya estimé à 6 milliards d’euro dans des projets sur l’énergie renouvelable.
« L’Allemagne est intéressé par ce qui peut être fait pour réduire le risque et nous voulons lancer un signal fort au secteur privé pour rétablir la confiance », a-t-elle insisté.
Selon le programme des Nations Unies pour le développement le besoin de financement de l’Afrique à l’horizon 2030 est estimé à environ 2800 milliards de dollar américain ce qui représente 93 pour cent du PIB de l’Afrique alors que pour le moment elle n’a reçu que 16 milliards de dollar.
Nadège YE