Le monde entier célèbre ce vendredi 27 septembre 2024 la Journée mondiale du tourisme. Dans cet entretien accordé à sidwaya.info, la directrice générale du Tourisme Monique Ilboudo parle de l’importance de l’événement et des actions du gouvernement pour promouvoir le tourisme burkinabè.
Sidwaya.info(S.I) : Quelles sont les missions de la direction générale du Tourisme ?
Monique Ilboudo (M.I) : Les missions de la direction générale du Tourisme (DGT) consistent à en œuvre la Politique nationale du tourisme du gouvernement, plus précisément tout ce qui concerne la réglementation, la structuration, la formation des acteurs, la production et la diffusion des statistiques, le suivi de la coopération touristique. Il y a également le suivi des aménagements et l’inventaire des sites.
S.I : Pourtant beaucoup de personnes vous confondent à l’Office national du tourisme(ONTB)
M.I : La différence fondamentale avec l’Office national du tourisme (ONTB) est que nous nous occupons des questions liées à la règlementation du secteur et l’ONTB s’occupe des questions de promotion de la destination si bien à l’interne qu’au niveau international.
S.I : Comment se porte aujourd’hui le tourisme burkinabè ?
M.I : C’est vrai que le secteur n’est pas au beau fixe au regard du contexte de crise sécuritaire que nous vivons. Il faut reconnaitre que les chiffres ont chuté en 2019/2020 avec la COVID, aujourd’hui ces chiffres ont une certaine ascension. Ces chutes sont liées au manque de clientèle notamment de clientèle internationale, c’est-à-dire le tourisme récepteur. C’est véritablement le tourisme récepteur qui apporte le plus de flux au secteur du tourisme.
S.I : le tourisme interne a été proposé pour pallier ce manque de clients, les résultats sont-ils au rendez-vous?
Les différentes actions sont menées pour promouvoir le tourisme interne. Nous avons véritablement des résultats qui tendent à compenser le manque de tourisme récepteur. Mais quand on parle de tourisme résidant et de tourisme récepteur, ce n’est pas toujours les mêmes niveaux de dépense. Il peut toujours y avoir un manque à gagner au niveau des revenus de ce secteur. Il faut reconnaitre qu’avec les différentes actions qui sont menées, le tourisme interne va crescendo. Les Burkinabè fréquentent de plus en plus les sites et les hôtels. La réduction des prix des chambres par les opérateurs pendant les vacances peut davantage inciter les Burkinabè à visiter le Burkina Faso.
S.I : Quelles sont les zones les plus visitées au Burkina Faso ?
Déjà la zone du centre qui est connue pour son tourisme d’affaires. Nous avons plus de visiteurs au niveau du centre. Après cette zone, nous avons la zone de l’Ouest avec des activités culturelles pas des moindres. Il y a aussi la richesse touristique de cette zone. Nous avons aussi le tourisme cynégétique pratiqué dans la zone de l’Est avec les différents parcs. Avec cette situation d’insécurité dans cette zone, il faut dire que ce type de tourisme a véritablement pris un coup.
S.I : le Burkina Faso est de plus en plus présent au Patrimoine mondial de l’UNESCO, à travers l’inscription de ses biens. Est-ce une aubaine pour le tourisme national ?
Tout à fait un plus. Plus nous avons des sites mondialement reconnus, plus cela nous donne plus d’audience, plus d’aura à l’international. Cela permet aussi d’attirer des touristes curieux parce que dans la caractéristique des touristes, nous avons un type de touristes friands des sites mondialement reconnus. Cela peut déjà attirer ce genre de touristes sans compter ceux qui sont enclin à visiter non seulement le pays pour l’ensemble de ses richesses, mais profitent aussi pour voir ces sites mondialement reconnus. Je prends le cas de Tiébélé, qui est un site architectural. Ils sont enclins à le visiter, s’ils savent qu’il y a un site architectural classé au patrimoine mondial de l’UNESCO au Burkina.
S.I : Existe-t-il une stratégie de communication et de promotion pour ces biens au patrimoine mondial de l’UNESCO?
Concernant les sites inscrits au patrimoine de l’UNESCO, Il y a un plan de gestion qui accompagne la stratégie de préservation et de mise en valeur desdits sites. Dans le cadre de ce plan stratégique qui est une obligation pour le pays au niveau de l’UNESCO, nous prenons en compte des actions stratégiques en termes de promotion de ces sites sans compter les actions globales qui sont menées par l’ONTB qui permettent la promotion globale des sites et la destination toute entière et de façon plus spécifique les sites reconnus à l’international
S.I : l’hôtellerie est l’un des secteurs durement touchés par l’insécurité, comment accompagnez-vous les hôteliers?
En termes de politique d’accompagnement, l’Etat avait consenti un certain nombre de réduction en ce qui concerne l’acquisition de matériels de sécurisation des sites. C’était une mesure qui permettait aux hôteliers de pouvoir disposer de matériels de sécurité à même de rassurer leurs clientèles. Il y a également les sensibilisations, les rencontres de que nous menons. Nous savons que dans cette situation de crise, c’est la résilience qui fait tenir les acteurs. Nous travaillons à les encourager dans ce sens, à accroitre la promotion pour permettre, qu’en dépit de ce que nous vivons, nous puissions toujours recevoir de la clientèle. Des chancelleries ont peint certaines parties pour ne pas dire l’entièreté de notre destination en rouge mais nous travaillons rassurer la clientèle que tout n’est pas rouge, tout n’est pas inaccessible au Burkina Faso. Il y a toujours des personnes qui vivent au Burkina et qui visitent des sites, organisent des activités culturelles. Autre chose, c’est l’organisation du Prix national de l’entrepreneur touristique (PNET), un évènement qui permet de reconnaitre la résilience des acteurs et de les encourager davantage de sorte qu’on puisse ensemble surmonter cette période. Nous avons vu l’engouement autour de l’évènement avec 230 candidats. En dehors des entreprises lauréates, nous voulons accompagner l’ensemble des entreprises, personne n’a démérité. C’est le secteur du tourisme qui gagne. Toujours en termes d’accompagnement, au niveau du Fonds de développement culturel et touristique (FDCT), au regard de la situation difficile que vivent les acteurs, certains paiements ont été rééchelonnés pour permettre aux promoteurs de mieux se ressaisir. Ce sont des mesures d’atténuation pour pouvoir avancer ensemble.
S.I : Aujourd’hui, vendredi 27 septembre c’est la Journée mondiale du tourisme. Que représente cette journée pour les acteurs du tourisme ?
En 1979, lors de la 3e session de l’Assemblée générale de l’Organisation mondiale du tourisme, il a été décidé qu’à partir de 1980, et le 27 septembre de façon précise, on célèbrera la Journée mondiale du tourisme. Le choix de cette date représente le jour de l’adoption en 1970 des statuts de l’Organisation mondiale du Tourisme. C’est une journée qui a été consacrée par l’organisation mondiale du tourisme pour faire une halte pour réfléchir sur les difficultés qui émaillent ce secteur afin chaque citoyen, chaque communauté puisse tirer partie de cette activité mondiale.
S.I : Comment sera célébrée cette journée au Burkina Faso ?
La journée mondiale du tourisme au Burkina Faso, c’est pratiquement une semaine de célébration. Nous avons déjà entamé les activités avec un vernissage d’œuvres au Musée national. C’est une exposition qui décrit la thématique de l’année qui est ‘’Tourisme et paix’’ et qui va durer deux mois. C’est une thématique qui est en droite ligne avec notre situation actuelle. Au Musée national, les visiteurs découvriront la relation entre tourisme et paix. En quoi la paix est très importante pour l’activité touristique, en quoi également le tourisme peut contribuer à la promotion de la paix. L’autre activité est le panel qui a eu lieu ce matin toujours au Musée national avec comme communicateurs ancien ministre en charge de la Culture Filipe Savadogo, le lieutenant-colonel William Combary. Dans les régions, l’ensemble des directeurs régionaux sont mobilisés pour sensibiliser sur le rôle du tourisme dans la préservation et consolidation de la paix.
Alassane KERE