Le Burkina Faso, la maison commune, traverse des moments difficiles. Le drame de Yirgou, survenu le 1er janvier 2019, celui de Arbinda, les récents assassinats ciblés de probes enseignants (dont le tort est d’être animés de la conviction que les enfants des zones où sévit l’insécurité ont un droit au savoir), en donnent la triste illustration. Ces deux événements douloureux, plus ou moins suscités par les terroristes, ont mis à rude épreuve la cohésion sociale et le vivre-ensemble. En allumant ces foyers de tensions, les ennemis de la paix ont, en effet, voulu subtilement jouer sur la fibre ethnique pour tenter de retourner les communautés, déjà éprouvées, les unes contre les autres. Espérant ainsi pouvoir surfer sur la conjonction entre le terrorisme et les éventuelles velléités ethnicistes pour assouvir leur sombre désir. Fort heureusement, en dépit de quelques représailles contenues qui ont suivi ces incidents, le pays des Hommes intègres a pu déjouer ce piège identitaire qui lui est tendu, grâce à son légendaire attachement à ses anciennes amours, à savoir la tolérance, l’humilité, la solidarité, le respect d’autrui et le patriotisme.
Ces valeurs, faut-il le rappeler, ont permis, depuis la création du pays, de toujours réussir à colmater les brèches, à désamorcer les bombes tribales, dont on connaît les conséquences sur la concorde et l’unité nationale. Cela, grâce aux efforts conjugués d’illustres indépendantistes avant l’heure, puis de grands hommes d’Etat et de visionnaires. En la matière, l’histoire nous renseigne, entre autres, qu’en 1915, une dizaine de villages de la Boucle de la Volta engageaient une guerre contre l’entreprise coloniale. Par élan de solidarité, ces localités ont été très vite appuyées par les populations de l’Est et de l’Ouest pour mener une des plus grandes résistances coloniales sur le continent, voire de l’histoire de l’humanité sans laquelle, la Haute-Volta, aujourd’hui Burkina Faso, n’aurait existé que dans les livres d’histoire. Sont de ces héros de la reconstitution, Mogho Naaba Koom II, 34e successeur du trône de Naaba Ouédraogo, le fondateur du Royaume mossi, et nous en oublions… Dans les années 1970, une fronde d’hommes politiques donnait naissance au Mouvement autonomiste de l’Ouest (MAO) avec le désir affiché de créer un Etat, celui de la République du Kénédougou. Avec tact et professionnalisme, les autorités burkinabè (politiques, coutumières et religieuses) sont parvenues à calmer les esprits et à préserver l’intégrité du territoire. Dans un monde de chaos permanent, les affrontements communautaires rappellent à chacun d’entre nous que rien n’est définitivement acquis et que le vivre- ensemble est et demeure une quête perpétuelle pour chaque génération. Il n’y a aucun doute que la classe politique actuelle saura tirer leçon de l’histoire héroïque des résistances pour davantage élever la conscience citoyenne, le sens de la responsabilité et le sentiment d’appartenance à une même communauté de destin. Cela est possible et plusieurs hauts faits le démontrent. D’ores et déjà, notons que le pays a refusé de plier l’échine devant l’hydre terroriste, quel que soit le prix à payer. Les différentes victoires d’étapes engrangées par nos vaillantes Forces de défense et de sécurité (FDS) et la tenue avec succès de la traditionnelle rencontre entre le Chef de l’Etat et les producteurs des 45 provinces du pays, le samedi 27 avril 2019 à Gaoua, dans le Sud-Ouest en sont des preuves. Le président du Faso a d’ailleurs saisi l’occasion de la 21e JNP pour lancer un nouvel appel à ses compatriotes : «Face à l’adversité, nous ne saurons plier l’échine. Au contraire, nous devons faire preuve d’ingéniosité et de courage afin de surmonter les entraves aux actions de développement». A la dynamique interne s’articule la solidarité internationale, dont bénéficie le Burkina Faso dans ses constants efforts de lutte pour sa dignité et la paix. A ce propos, le sommet du G5 Sahel tenu à Ouagadougou en février dernier est révélateur de cette marque de considération. En sus, les Burkinabè se préparent à recevoir la toute première visite d’amitié et de travail d’un chancelier allemand, les 1er et 2 mai 2019. Une visite au cours de laquelle la question sécuritaire sera sans doute au centre des échanges entre Angela Merkel et le président du Faso, Roch Marc Christian Kaboré.
Par Mahamadi TIEGNA