Trump II : revanche ou rédemption ?

Venu disait-il, en 2016 pour redonner à l’Amérique toute sa grandeur, Donald Trump était ressorti de la Maison-Blanche par la petite porte, après un mandat sans relief et surtout une sortie calamiteuse avec l’irruption de ses « boys » au Capitole pour contester l’élection de « Joe Sleepy » Biden avec des morts et des dégâts matériels à la clé, mais un opprobre jeté à jamais sur la façade lisse de la démocratie américaine. D’où la condamnation sans rémission de la plupart des démocrates sincères qui lui avaient définitivement fermé la porte du saint des saints à travers des analyses au vitriol.

Mais, comme en politique il ne faut jamais dire jamais d’une part et que le milliardaire de Las Vegas en a vu des vertes et des pas mûres, le voilà à nouveau à Washington, avec dans la bouche cette fois, la lutte contre la pauvreté des masses populaires, la chasse aux émigrés et l’imposition de la paix americana, fusse de force au reste de la planète. Un programme qui, on le voit, va mettre en cause de nombreux intérêts à commencer par ceux des couches aisées appelées à payer plus d’impôts d’une part et à subir la restriction du nombre d’immigrés de l’autre. Car, et si les chroniqueurs européens s’en font rarement l’écho, la présence des émigrés en Occident soulage les capitaines d’industrie avec les salaires de misère qui leur sont servis. Latino-américains et Noirs se coltinent le boulot à peu de frais pour faire tourner la machine capitalistique.

C’est dire que le tissu social américain va davantage se distendre d’autant que Trump laisse apparaître des velléités de remettre en cause certaines lois comme celles sur l’avortement et l’homosexualité, ce dont ne veulent pas entendre parler les Démocrates, notamment l’aile progressiste de ce camp. Aussi, le durcissement de la loi sur le port d’armes, avec l’ouverture de cette possibilité aux couches jeunes est un point d’achoppement avec ceux-ci.
Si des troubles internes sont à prévoir, le front international risque lui aussi d’être très agité notamment au Proche-Orient où le Hamas
est poussé dans ces derniers retranchements sans concession d’importance sur la question de Jérusalem Est. Un nœud gordien qu’il va falloir trancher au bénéfice des deux camps pour éviter l’enlisement.

Mais, là où il y aura vraiment « bagarre », c’est avec les Européens qui sont déjà dans la ligne de mire de Trump et de son bras droit, Elon Munsk, qui en appellent à l’installation de pouvoir d’extrême droite sur le continent. Avec la menace américaine de quitter l’OTAN et d’abandonner la ligne de défense de Bruxelles dans la crise ukrainienne, les relations promettent d’être glaciales.

Les Chinois eux, devraient s’attendre à un bras de fer sur les questions commerciales, même si Pékin aura des arguments à faire valoir sur ce chapitre. Paradoxalement, il n’y a guère qu’avec Poutine que Trump pourrait s’entendre, confirmant l’adage qui veut que la puissance respecte la puissance.
Puissance ou pas, Trump devrait cependant marcher sur des œufs, car l’époque de l’unilatéralisme américain est bien révolue. Et puis, le goût de la revanche est souvent amer.

– Boubakar SY

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