Bobo-Dioulasso : un entrepreneur accusé du détournement de 45,9 millions F CFA

Sinata Cournant née Sanou souhaite de tous ses vœux que son dossier soit vidé.

Résidant en France, Sinata Cournant née Sanou a intenté un procès contre Bakary Ouattara, l’époux de sa demi-sœur. Elle l’accuse du détournement d’environ 46 millions F CFA qu’elle lui a transférés pour la construction d’une maison (R+2) à Bobo-Dioulasso. Non contente du traitement de son dossier en justice, elle s’est présentée à la rédaction de Sidwaya Bobo pour relater les faits.

Partie à l’aventure en France, il y a 39 ans (1984), Sinata Cournant née Sanou, aujourd’hui presque la soixantenaire, désire s’installer au bercail (Bobo-Dioulasso) avec ses enfants et son époux. Pour ce faire, elle confia en 2013, la construction de sa maison de standing R+2 à Bakary Ouattara, époux de sa demi-sœur qui s’est présenté à elle, lors d’un de ses séjours à Bobo-Dioulasso, comme étant un entrepreneur de bâtiment.

Les contacts noués et la confiance établie, Bakary Ouattara fait un devis estimatif des travaux d’une valeur de 69 752 835 F CFA qu’il soumet à sa belle-sœur. Repartie en France toute joyeuse d’avoir trouvé le bon filon pour la réalisation de son rêve (revenir s’installer au pays), l’aide-soignante dans un hôpital pour personnes âgées, transférait régulièrement l’argent, par l’intermédiaire de son mari, Robert Cournant, à son beau-frère pour les travaux de son R+2.

Le montant des transferts s’élève à plus de 82 000 000 F CFA, une somme largement au-dessus du devis. Quelques années après, la native de Ouagadougou qui a choisi la cité de Sya pour s’installer avec sa famille revient pour s’assurer de la réalisation de son immeuble.

Un immeuble inachevé

Elle sera désagréablement surprise de trouver un bâtiment non conforme à ses exigences mais aussi inachevé et à l’abandon. « Quand j’ai vu le bâtiment, j’ai attrapé ma tête. Je n’en croyais pas à mes yeux », relate-t-elle, toute dépitée. Un rapport d’expertise commandité a évalué la somme réellement investie par M. Ouattara pour travaux à 36 279 800 F CFA, soit une différence de 45 968 196 F. Il ressort de ce rapport que les travaux de construction, en plus d’être non conformes, demeurent inachevés avec un taux de réalisation de 65% malgré les sommes investies par la victime.

Un de ses enfants, confie-t-elle, avait tenté de la dissuader de cette idée parce qu’il serait convaincu que « les Burkinabè sont méchants » et que sa maman allait se faire arnaquer. Depuis lors (mars 2019), c’est un combat judiciaire que dame Cournant a engagé contre M. Ouattara pour rentrer en possession de ses 45,9 millions F CFA. Là aussi, elle se dit déçue de l’évolution de son dossier.

Son conseil, la Société civile professionnelle d’avocats Karambiri-Niamba, dit-elle, n’a pas pris son affaire au sérieux, si fait que, depuis trois ans, le procès ne fait que l’objet de renvoi à chaque programmation. « Je suis vraiment fatiguée de faire chaque fois des va-et-vient de la France au Burkina Faso pour un procès qui est chaque fois renvoyé. Je ne connais personne ici. Je suis là depuis octobre 2022 pour la dernière programmation qui a été renvoyée au 5 avril 2023.

Pour éviter d’aller et revenir encore, je suis restée juste dans l’espoir que cette fois-ci ,on pourra vider le dossier », raconte Sinata Cournant, avec amertume. Malgré ces difficultés, l’aide-soignante ne s’est pas découragée, elle tient toujours à venir terminer ses derniers jours au Faso. « Je compte vraiment construire au pays et venir dormir dans ma maison avec mon mari, mes enfants et mes petits-enfants », soutient-elle. Contacté maintes fois au téléphone, Bakary Ouattara qui soutient être en déplacement, ne répond plus à nos appels.

Kamélé FAYAMA

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