Depuis la semaine dernière, Goma, chef-lieu de la province du Nord-Kivu, dans l’Est de la République démocratique du Congo (RDC), est tombée aux mains des rebelles du M23. A la suite de combats meurtriers (au moins 700 morts, selon des chiffres officiels), le mouvement soutenu par le Rwanda voisin s’est emparé de cette ville stratégique, au grand dam de l’armée congolaise.
Malgré l’appui des forces internationales de maintien de la paix, les soldats congolais n’ont pas pu prendre le dessus sur les rebelles du M23 et peinent pour le moment à reprendre Goma. La riposte vigoureuse que le chef suprême des armées congolaises, le Président Felix Tshisekedi a promis, tarde à faire son effet sur le terrain. Les nouveaux maitres de Goma font manifestement leur loi alors que la ville est en train de se vider de ses habitants à cause des violents combats.
L’armée congolaise est visiblement en difficulté dans la bataille pour la reprise de Goma. Parviendra-t-elle à tenir le pari face à des rebelles du M23 très actifs, dans l’Est de la RDC, où ils ont repris du service depuis novembre 2021 ? On espère que l’armée congolaise vaincra l’adversité, avec quelques inquiétudes tout de même. Pour laver l’affront, le gouvernement congolais a opté pour les armes dans la reconquête de Goma, mais encore faut-il que l’armée surmonte ses limites.
Malgré son statut de 8e puissance militaire africaine, la « grande muette » congolaise est confrontée à des problèmes de nature à nuire à ses capacités opérationnelles. La mauvaise organisation, la corruption, les détournements de deniers publics sont, entre autres, tares reconnues à l’armée congolaise. Ces défauts qui appellent à des réformes profondes doivent être combattues avec rigueur et détermination. En temps normal, ni le M23, ni son supposé parrain le Rwanda, ne devrait pouvoir inquiéter la RDC au point de prendre à nouveau Goma.
Crée en 2012 par des officiers congolais entrés en rébellion, le M23 s’était accaparé cette ville, la même année. Il avait fallu une médiation de la communauté internationale pour que les rebelles lèvent l’encre. Aussi avaient-ils sombré dans une léthargie, pour ensuite renaitre de leurs cendres, neuf ans après.
Le M23 croise à nouveau le fer avec l’armée congolaise, suite à la nouvelle prise de Goma. On se demande de quoi demain sera fait sur le plan militaire, au regard des affrontements avec l’armée congolaise dans la reconquête de la capitale du Nord-Kivu. L’option diplomatique n’offre pas non plus de certitudes sur l’issue de cette sempiternelle guerre dans l’Est de la RDC. Derrière ce conflit armé se cachent des enjeux économiques importants pour le Rwanda et les Occidentaux qui exploitent en sous-main les minerais de l’Est de la RDC.
En dépit des rapports accablants de l’ONU sur son soutien au M23, le Rwanda s’en est toujours défendu, ce qui complique le retour à la paix en terre congolaise. Les négociations pour une sortie de paix piétinent, à telle enseigne que le pessimisme gagne certains esprits. Plusieurs initiatives diplomatiques ont échoué et l’horizon n’augure pas de grands progrès. Depuis 2002, les tentatives de cessez-le-feu dans l’Est de la RDC se sont multipliées sans succès. Alors qu’elles suscitaient particulièrement beaucoup d’espoirs, les négociations menées sous l’égide de l’Angola, qui devaient aboutir à un accord de paix décisif en décembre 2024, n’ont finalement pas porté fruit. Les deux parties ne parlent pas le même langage.
Le Rwanda persiste à vouloir que la RDC négocie directement avec le M23. Cette proposition n’emballe pas Kinshasa, qui considère ce mouvement comme un groupe terroriste à la solde de Kigali. Il va falloir pourtant trouver une solution à ce conflit et la voie diplomatique semble la meilleure, vu les conséquences de cette guerre et l’implication du Rwanda. La communauté internationale, plongée dans une sorte d’hypocrisie et d’immobilisme, doit mettre les bouchées doubles pour trouver une solution définitive à ce conflit. La situation dans laquelle se trouve la RDC est injuste et révèle la cupidité et la face hideuse de ce monde.
Kader Patrick KARANTAO