Des paroles et des actes !

C’est avec succès (105 votes positifs), que le Premier ministre, Christophe Joseph Marie Dabiré, a passé son grand oral devant l’Assemblée nationale, le jeudi 4 février 2021. A l’issue d’une journée extrêmement chargée, les parlementaires l’ont investi pour mettre en œuvre le projet de développement pour lequel le président du Faso a été élu par ses concitoyens pour un second mandat. Dans son discours d’investiture et dans son message de nouvel an aux Burkinabè à l’orée de 2021, Roch Marc Christian Kaboré avait fixé le cap : instaurer un dialogue social fécond avec tous les citoyens pour construire, dans la tolérance et la discipline républicaine, une nation forte, digne et respectée pour la réalisation de ses dix chantiers prioritaires.

Et pour la conduite desquels, il a renouvelé sa confiance au maître d’ouvrage en chef, le Premier ministre Dabiré. Celui-ci a donné de plus amples détails à la Représentation nationale, en attendant les déclinaisons sectorielles que les départements et ministères vont opérer dans la perspective du prochain référentiel de développent (2021-2025) en remplacement du Plan national de développement économique et social (PNDES). Comment relancer l’économie sans occasionner la propagation de la COVID-19 ? Comment assurer le retour des déplacés internes dans leurs patelins ? Comment consolider l’accalmie sur le front sécuritaire et social ?

Comment opérationnaliser la réconciliation nationale ? Ce sont quelques-unes des préoccupations que le gouvernement Dabiré II s’est engagé à résorber devant des députés qui, globalement, sont satisfaits d’un discours « très mesuré, dépouillé et adapté au contexte » et dont ils attendent surtout les fruits. Toute chose étant égale par ailleurs, tout semble donc réuni pour que Christophe Dabiré mène à bon port, la vision du président du Faso, dans la perspective de « construire ensemble dans la durée, une Nation forte, fière, prospère et intègre ». En 2016, l’ex-chef du gouvernement, Paul Kaba Thiéba, faisait sa déclaration de politique générale dans un contexte presqu’insurrectionnel de revendications perlées et de psychose sécuritaire.

Christophe Dabiré le fait dans une situation moins troublante, avec en fond, une année agricole excédentaire et une volonté des Burkinabè d’aller à la réconciliation nationale. Dans la forme, le Premier ministre a tenu le pari du temps et de la concision. Dans les réponses, c’est un fin connaisseur du monde politique qui a su convaincre de la pertinence du projet de société de Roch Marc Christian Kaboré. Si tant est que la forme tient le fond en l’état, l’on a bien envie de dire « Rien à signaler », parce que le discours a fait la preuve que le pays, durant les cinq prochaines années, sera un chantier en permanence dans tous les secteurs névralgiques. Les questions majeures de l’heure, terrorisme et crise sanitaire de la COVID-19, l’emploi des jeunes, le désenclavement, l’énergie, tous les secteurs ont été passés au peigne fin et projetés dans l’avenir.

Ce qui donne de l’espoir à un peuple qui a majoritairement épousé le projet de société du président du Faso et attend la mise en chantier de ce qui reste encore une théorie bien calibrée. Le quitus donné par la grande majorité des parlementaires, 105 voix pour, n’est pas un blanc-seing pour la majorité. La voix discordante de 21 députés pourrait tranquilliser tous ceux qui redoutaient l’éventualité d’un consensus mou et appauvrissant dans le jeu démocratique, à la suite de la récente ruée vers la majorité présidentielle. Qui plus est, le «non » des 21 députés de l’opposition dessine clairement le paysage politique reconfiguré, que les Burkinabè devront vivre au Parlement.

Cette opposition, qui souscrit à la réconciliation nationale, mais freinant des quatre fers sur certains aspects de la vision de la majorité sur les questions prioritaires, est bien dans son rôle. Et c’est à ce jeu que les Burkinabè comprendront que la réconciliation est vraiment en marche parce que dans l’esprit, elle trône à bonne place. La Déclaration de politique générale (DPG) a clos la série de préalables discursifs nécessaires à la mise à l’épreuve des actes sur lesquels le gouvernement Dabiré II sera jugé sur pièce.

Par Mahamadi TIEGNA
mahamaditiegna@yahoo.fr

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