Ousmane Kaboré est le directeur de la Société de recherche et de conception (SRC) à Ouagadougou (Burkina-Faso). Il se présente comme un innovateur ayant la volonté d’apporter sa contribution au développement socio-économique de l’Afrique. Il a participé au FIRSIT 2023 où il a présenté une moto transformée en outil agricole multifonctionnel.
« Je suis conscient que le développement d’un pays dépend de sa capacité à s’auto-suffire sur le plan alimentaire. Cet objectif doit être atteint par un retour massif de la jeunesse à la terre, mais aussi et surtout par l’intégration de nouvelles technologies dans le processus de production agricole», déclare Ousmane Kaboré. Depuis plus d’une trentaine d’années, il s’est investi dans la recherche et la conception de matériels et d’équipements pour l’agriculture.
Sous le couvert de la Société de recherche et de conception (SRC) créée en 1995, il est un acteur important dans ce secteur. A la dernière édition du Forum national de la recherche scientifique et des innovations technologiques (FIRSIT), Ousmane Kaboré a présenté «Boanga» (âne en langue mooré), une moto ordinaire transformée en outil agricole multifonctionnel. « C’est une moto d’une puissance équivalente à 3 à 4 chevaux dont nous avons enlevé la roue arrière pour insérer notre système qui permet de labourer, de semer et d’épandre ensemble. L’objectif est de mettre l’âne à la retraite», a-t-il expliqué.
Le chef-d’œuvre présenté au public donne ainsi une nouvelle fonction à cette moto malfamée d’être la préférée des terroristes. Son concepteur voit en elle plusieurs avantages. Pour M. Kaboré, c’est une petite technologie moins couteuse mise à la portée des petits producteurs. Fruit d’un savoir-faire local, sa maintenance et ses pièces de rechange sont accessibles. «Boanga» permet de gagner en temps dans la mesure où, foi de l’innovateur, on peut effectuer 3 opérations ensemble (labourer, semer et épandre).
Selon lui, il est possible de boucler l’hectare en deux passages, en 2 heures avec 5 litres de carburant. A en croire le directeur de la SRC, tout est fin prêt pour l’exploitation de son produit car l’étape de la mécanique est achevée. «Nous abordons le volet exploitation industrielle. Nous envisageons envoyer la moto dans les centres de formation pour la confection des pièces. Cela aidera à baisser le coût», espère-t-il.
Le prix actuel est évalué à 1 500 000 FCFA. A entendre Ousmane Kaboré, « Boanga » fait partie d’un projet surnommé «Bouclier», initié depuis plus d’un an. L’objectif est d’aider des villages à se souder afin d’être plus forts. Il pense que les villages distants les uns des autres sont facilement prenables en cas d’attaques. Ledit projet consiste alors à aménager des logements et des aires de culture intensive sur un kilomètre carré. A chaque 50 kilomètres, il est prévu une ville. Des champs vont servir de passerelle entre les villes.
Des produits SRC
La société SRC a su développer plusieurs autres équipements dont l’objectif essentiel est la facilitation du travail tout en augmentant la productivité. En plus du motoculteur « Boanga », le tracteur enjambeur multifonctionnel made in Burkina Faso fait partie du projet «Bouclier». Selon son principal promoteur, il a une puissance de 25 CV et fonctionne avec l’huile végétale (jatropha) et au gasoil.
C’est un équipement multifonctionnel innovant dans le domaine agricole car il permet l’exécution de toutes les tâches (tracter, labourer, semer, sarcler, butter, épandre l’engrais, arroser et produire l’électricité). Selon M. Kaboré, le tracteur enjambeur actionne à partir d’un mètre de hauteur sans aucune destruction des plantes (maïs, mil, sorgho, coton et autres, etc.). Ce tracteur exécute toutes ces tâche avec une vitesse de 5km/h. Il est utile pour les grands producteurs. Le motoculteur multifonctionnel fait partie des inventions de la SRC. C’est un engin agricole motorisé pour le travail de la terre.
Il possède deux roues tractées pour se déplacer et réaliser le travail. Il permet de labourer, de semer, de sarcler, de butter. Ce motoculteur permettra aux populations rurales d’améliorer le rendement de leurs superficies cultivables. Dans les trouvailles de la SRC, il y a le broyeur mélangeur pour l’aliment de bétail et de la volaille, des unités de production de farine de maïs et de manioc, de séchage de céréales, de transformation de céréales, de traitement de minerai d’or, de fabrication de briques cuites stabilisées. Sans oublier les équipements pour la menuiserie…
Foi du premier responsable, la Société de recherche et de conception depuis sa création jouit d’une certaine notoriété tant au niveau national, régional qu’international. Cette notoriété lui a valu plusieurs distinctions et prix ainsi que de multiples invitations à différents colloques, salons d’exposition. «Dans le souci de vulgariser ces équipements dans la sous-région et partout en Afrique, nous avons installé en Côte d’Ivoire une succursale dénommée SRC-CI », a confié M. Kaboré.
Habibata WARA
