Une bouée pour le secteur pastoral et halieutique

Pays de forte tradition agricole et pastorale, le Burkina Faso peine tout de même à couvrir les besoins de sa population malgré de nombreuses politiques et stratégies mises en œuvre dans le secteur agropastoral au cours de ces dernières décennies. La dégradation de la situation sécuritaire et humanitaire n’a rien arrangé à la situation dans un secteur qui emploie pourtant 74% de la population (RGPH, 2019).

Dans la dynamique de reconquête de l’intégrité territoriale et de quête d’une souveraineté véritable, les autorités actuelles de la Transition ont opté pour la réorientation de l’intervention publique dans le secteur. Et ce, à travers la conception et la mise en œuvre d’une politique audacieuse portée par des actions prioritaires et des réformes urgentes, aux fins d’exploiter les potentialités naturelles du pays.

Baptisée « Offensive agropastorale et halieutique 2023-2025 », cette volonté ambitionne, en son volet halieutique et pastoral, de répondre à 50% des besoins de consommation en poisson, de relancer la filière avicole et la production des petits ruminants affectées par les différentes crises et de créer deux zones pastorales modernes de référence en Afrique de l’Ouest, précisément au Centre-Est et au Centre-Sud.

En ciblant prioritairement les filières poisson, bétail-viande et volaille, la Transition veut aller vite et bien, mais surtout booster des pans stratégiques de la consommation nationale en termes de revenus pour les acteurs et d’emplois directs et indirects générés. Les actions sont donc orientées vers l’installation de cinq éleveurs dans chaque village, l’identification et l’appui de 200 aviculteurs modernes affectés par la grippe aviaire et la mobilisation de 105 ha à Samendeni pour la mise en place de 20 600 cages flottantes pour la pisciculture.

Par ailleurs, les stations piscicoles de Bagré, Bazèga, Ziga, Poa, Réo, Bion, Seboun (Sanguié) et Banfora (Bodadjougou) seront réhabilitées et renforcées pour supporter la production d’alevins. Pour la filière bétail, deux zones pastorales modernes seront réalisées, respectivement à Sondré-Est, dans la région du Centre-Sud, d’une superficie de 16 000 ha, et à Bagré, dans le Centre-Est (10 000 ha), le tout accompagné d’une production fourragère et de semences fourragères dans ces deux zones.

Sous-tendue par les Initiatives 100 000 tonnes de poisson et 1,8 million de têtes de volaille par an, en plus des Opérations 20 000 éleveurs de petits ruminants et 26 000 hectares de zones pastorales, cette offensive pastorale et halieutique vient comme une bouée de sauvetage pour les pasteurs, pisciculteurs et autres éleveurs de volaille, dans un environnement sécuritaire et sanitaire (grippe aviaire) qui a fragilisé leurs systèmes de production et les circuits de commercialisation.

Il reste à leur faciliter l’accès au financement à travers un fonds à guichets spécifiques respectivement pour les ressources animales et halieutiques, de même que la couverture de ces filières par l’assurance agropastorale. L’engagement des acteurs eux-mêmes demeure une condition sine qua non pour donner à ces initiatives et opérations, toutes les chances de réussite, avec en toile de fond, l’atteinte de la souveraineté alimentaire tout en permettant une création d’emplois massifs et décents au profit des jeunes ainsi que l’édification des bases d’un développement socio-économique durable pour notre pays.

Jean Marie TOE

jmt16j@gmail.com