Culture de la pomme de terre à Koyoudou: de bonnes récoltes en perspective

La récolte de la pomme de terre s’annonce très bonne pour…

Le gouvernement de la Transition a engagé plusieurs chantiers dans le cadre de l’offensive agropastorale et halieutique avec, entre autres, une production annuelle de 60 000 tonnes de pomme de terre attendue. A Koyoudou, dans la province du Bazèga, région du Centre-Sud, la récolte pour la campagne sèche 2023-2024 s’annonce prometteuse.

L’offensive agropastorale et halieutique 2023-2025 tant voulue par le gouvernement burkinabè est bien en marche dans la province du Bazèga, région du Centre-Sud. Ce vendredi, 16 février 2024, sur le site de production de la pomme de terre de 20 hectares (ha) de Koyoudou, localité située à quatre kilomètres (km) de Kombissiri, chef-lieu de la province du Bazèga, femmes et hommes s’activent en cette saison sèche. Pendant que certains arrosent leurs cultures, d’autres récoltent leurs productions.

Johanni Ouédraogo est l’un des exploitants. A moins de trois mois des semis, il engrange déjà des résultats sur le terrain. « J’ai semé le 2 décembre 2023 et voilà que je suis en train de récolter », lance Johanni Ouédraogo, tout sourire. Saluant le gouvernement pour l’initiative prise en vue de lutter contre l’insécurité alimentaire, il dit avoir déjà écoulé 100 kilogrammes (kg) de sa production, à raison de 500 F CFA le kilogramme. « C’est un ouf de soulagement pour moi », fait savoir ce producteur, en pleine récolte. Comme lui, Karim Ouédraogo bénéficie aussi des retombées de sa production.

« J’ai juste récolté une petite portion que j’ai vendue à 225 000 F CFA. Cette somme m’a permis d’aller solder la scolarité de mes enfants. Nous en disposons aussi pour la consommation de la famille », se réjouit le producteur. Parmi la centaine de producteurs de pomme de terre sur le site de Koyoudou, les femmes sont actives sur le terrain. Biba Compaoré fait partie de celles-ci à se lancer dans la production de la pomme de terre.

Détentrice d’une parcelle de pomme de terre presque à maturité, la quadragénaire attend dans les prochains jours au moins deux charretées, l’équivalent de 400 kg, selon ses estimations. « Nous disposons de la pomme de terre pour la consommation. Quand je vais vendre mes tubercules, il me faut garantir de l’argent pour l’achat des intrants pour la saison à venir. J’envisage également d’acheter des animaux pour commencer l’élevage », entrevoie-t-elle.

480 tonnes attendues

… Johanni Ouédraogo.

Depuis décembre 2023, l’offensive agropastorale et halieutique est entrée en vigueur dans la région du Centre-Sud. Pour une superficie de 20 h emblavée, la production de pomme de terre attendue sur le site de Koyoudou est de 480 t. « Sur le terrain, j’ai été ébahie par ce que j’ai vu. Ce sont des producteurs expérimentés qui sont à l’écoute des agents d’encadrement technique », loue la Directrice provinciale de l’Agriculture, des Ressources animales et halieutiques (DPARH) du Bazèga, Alimata Zongo.

Elle salue également l’engouement et l’intérêt que les producteurs portent au projet dans la province, toute chose devant permettre d’atteindre les objectifs escomptés. Au regard des résultats des récoltes déjà entamées et la physionomie actuelle des plantes sur pied, il y a des motifs de satisfaction, aux dires de la DPARH. Mais, ces résultats sont aussi à mettre à l’actif du gouvernement à travers l’appui aux producteurs en intrants à prix subventionné (12 000 F CFA le sac d’engrais). « Nous avons reçu six tonnes de semences de pomme de terre, 110 t d’engrais NPK et 100 t d’urée. Il y a eu également 47 t d’engrais distribuées en priorité aux producteurs de pomme de terre », renseigne la responsable provinciale en charge de l’agriculture.

Maintenir la tendance

L’engouement des producteurs autour de l’offensive agricole dans la localité est salué par la DPARH, Alimata Zongo.

Le Directeur régional de l’Agriculture, des Ressources animales et halieutiques (DRARH) du Centre-Sud, Amos Congo, reconnait que sa région n’est pas une zone de production de pomme de terre, mais si cette tendance continue, le pays peut atteindre sa souveraineté alimentaire tant prônée, au bout de cinq ans. « La cible de l’offensive dans la région a été dépassée. Sur 26 ha prévus, plus de 35 ha ont été emblavés.

A Koyoudou, c’est un travail formidable qui est fait. L’année prochaine, nos superficies seront revues à la hausse au regard de l’engouement des producteurs », foi de Amos Congo. Diverses variétés de pomme de terre homologuées sont produites sur la plaine d’exploitation. Il s’agit surtout de nouvelles variétés telles que, Elbeida, Naima, Pamina, Sahel…, sur lesquelles le département en charge de l’agriculture compte pour atteindre la production des 60 000 t par an.

La variété Elbeida que l’Etat a mise à la disposition des producteurs a un cycle cultural variant entre 75 et 90 jours. Elle est sollicitée par les producteurs pour son rendement se situant entre 20 et 24 t à l’hectare, révèle le chef du service départemental de l’agriculture de Kombissiri, Adama Savadogo. L’appui du gouvernement est reconnu à sa juste valeur par le président de la coopérative Nongtaaba des producteurs de Koyoudou, Arouna Ouédraogo.

Des défis à relever

Cependant, les acteurs évoquent des difficultés liées au manque d’eau et à l’arrivée tardive

Le président de la coopérative Nongtaaba, Arouna Ouédraogo, souhaite davantage d’accompagnement pour la commercialisation des produits.

de la semence de la pomme de terre. Le difficile accès à l’eau est la principale contrainte des exploitants du site de Koyoudou qui accueille, en plus des producteurs de pomme de terre, des maraichers. La distance séparant les parcelles du barrage n’est pas de nature à faciliter les choses. Selon le président de la coopérative, il faut parfois aller chercher l’eau à environ 3 km pour ravitailler les plants de pomme de terre.

« Si généralement la semence arrive tôt, les productions peuvent atteindre la maturité avant le tarissement de la source d’eau », détaille-t-il. Ne disposant pas d’équipements pour la conservation, les producteurs souhaitent que l’Etat les accompagne pour l’écoulement de leurs produits. Le DRARH du Centre-Sud, tout en reconnaissant les problèmes de commercialisation, suggère une régulation de l’importation de la pomme de terre. Ce qui peut inciter la consommation de la production nationale par la population. « S’ils produisent et qu’il n’y a pas de marché, cela peut être source de découragement », mentionne le premier responsable en charge de l’agriculture du Centre-Sud, Amos Congo.

En sus, il propose l’application de la méthode révolutionnaire, en obligeant les fonctionnaires à intégrer la consommation de la pomme de terre dans leur alimentation. S’agissant de l’accès tardif de la semence de pomme de terre, il précise que cette année, les intrants sont arrivés à temps. « Les producteurs sont souvent pressés de produire et de quitter les sites avant que les points d’eau ne tarissent. Donc, certains commencent leurs activités avant que l’appui n’arrive », se justifie M. Congo. Concernant le difficile accès à l’eau par les producteurs, il rassure que des actions sont en cours en vue de satisfaire leurs besoins.

Aly SAWADOGO