Croissance de la population mondiale : l’ONU favorable à la liberté de procréation

La population mondiale a atteint en 2023, huit milliards de personnes.

Le 11 juillet de chaque année est célébrée la Journée mondiale de la population. En 2011, la population mondiale a franchi la barre des 7 milliards d’individus. Elle devrait atteindre 9,7 milliards d’ici à 2050, selon les projections de l’ONU. Certaines personnes accusent cette humanité « trop nombreuse » d’être à l’origine des conflits et de l’épuisement des ressources. D’autres au contraire redoutent qu’avec le déclin de la natalité, il n’y ait plus assez d’êtres humains sur la planète Terre. Au Burkina Faso, comme dans la plupart des pays africains, la croissance démographie est en hausse.

Le rapport sur l’état de la population mondiale de 2023, produit par le Fonds des Nations unies pour la population (UNFPA) indique qu’avec huit milliards d’habitants, la population mondiale n’a jamais été aussi importante. On est tenté d’attribuer aux dynamiques démographiques, la responsabilité principale des difficultés multiples auxquelles fait face le monde aujourd’hui. Mais l’Organisation des Nations unies (ONU) n’est pas pour les restrictions des droits en matière de procréation.

C’est pourquoi cette année, dans le rapport sur l’état de la population mondiale, elle prône un monde où chaque individu est libre de choisir son avenir reproductif, et où les pays renforcent leur résilience démographique en s’adaptant aux évolutions de la population plutôt qu’en tentant de les contrôler. Pour évoquer le cas du Burkina Faso en particulier, les projections de l’Institut national de la statistique et de la démographie (INSD) montrent que la croissance est à la hausse.

La population estimée en 2023 à 22 734 953 sera à 30 583 732 en 2035. Elle a connu une croissance rapide depuis l’accession du pays à l’indépendance. Estimée à 4,3 millions d’habitants en 1960, la population est passée à 20 505 155 en 2019, selon les résultats du Recensement général de la population et de l’habitation (RGPH). La population burkinabè a donc été multipliée par 4,8 en 59 ans.

L’évolution de la population constatée entre 2006 et 2019 est plus ou moins conforme aux projections de population réalisées en 2009 par l’INSD à l’issue du RGPH de 2006. Ainsi, 16 millions d’individus se sont ajoutés aux 4,3 millions d’habitants que comptait le Burkina Faso en 1960. Ces 16 millions sont la résultante de la croissance naturelle de la population, car le Burkina est un pays d’émigration.

Avec un Indice synthétique de fécondité (ISF) de 5,4 enfants par femme en 2019, le niveau de fécondité demeure élevé malgré la baisse constatée depuis 1985. En effet, il est passé de 6,1 enfants par femme en 1960 à 7,2 en 1985, puis à 6,2 en 2006, pour se situer en 2019 à 5,4 enfants par femme. La mortalité reste également élevée. Mais, elle se situe aujourd’hui à des niveaux nettement inférieurs à ceux estimés pour les années 1960.

Ainsi, le taux brut de mortalité est passé de 32‰ en 1960 à 9,2‰ en 2019. Au cours de la même période, l’espérance de vie à la naissance est passée, selon les estimations nationales, de 38 ans en 1960 à 61 ans en 2019, ce qui correspond à un allongement de la durée moyenne de vie au Burkina Faso de près de 23 ans depuis l’indépendance. C’est dans les centres urbains qu’on note une forte concentration de population. Les Hauts-Bassins enregistrent 2 497 698 habitants en 2023 et vont atteindre 3 437 816 en 2035. Quant à la région du Centre, sa population estimée à 3 492 132 en 2023 passera à 5 155 111 en 2035.

Une natalité hors de contrôle

Selon l’INSD, la population burkinabè va atteindre environ 30 500 000 individus en 2035.

Selon certains analystes, le monde serait « submergé » et est au bord de l’explosion. Ils affirment que les problèmes internationaux comme l’instabilité économique, le changement climatique et les guerres liées aux ressources sont imputables à la surpopulation qui créerait un excès de demandes pour une offre insuffisante. Leurs discours brossent le tableau d’une natalité hors de contrôle, pointant généralement du doigt les communautés pauvres et marginalisées.

Celles-ci sont depuis longtemps accusées de procréer à outrance alors qu’elles sont les moins responsables des problèmes tels que la destruction de l’environnement. Ces discours présentent la survie de l’humanité comme un problème plutôt qu’une réussite. Pour ce faire, ils s’appuient sur certaines données. L’espérance de vie à l’échelle mondiale a atteint 72,8 ans en 2019, soit presque 9 ans de plus qu’en 1990. Elle devrait s’élever à 77,2 ans d’ici à 2050.

L’augmentation attendue de la population mondiale d’ici à 2050 sera due en majorité à la dynamique de la croissance passée. Autrement dit, les nouvelles mesures que pourraient prendre les gouvernements pour réduire la fécondité ne parviendraient guère à ralentir cette évolution d’ici là. Ce discours pousse les citoyens à déplorer une surpopulation perçue comme «inévitable » et à abandonner l’optimisme nécessaire au changement. On estime que deux tiers des habitants de la planète Terre vivent aujourd’hui dans des pays ou des territoires où le taux de fécondité est faible.

Ils sont de plus en plus nombreux les pays qui affichent une baisse de la fécondité, ce qui pousse certains à tirer la sonnette d’alarme. Ils pensent que si cette évolution devait se poursuivre, cela pourrait conduire à «l’effondrement» de pays entiers, voire de toute l’humanité. La première raison avancée est que la seule région du monde qui devrait connaître un déclin démographique dans l’immédiat (entre 2022 et 2050) est l’Europe où la population devrait diminuer de 7 %.

Les populations d’autres régions, en Asie centrale, en Asie du Sud, en Asie du Sud-est, en Amérique latine et aux Caraïbes, ainsi qu’en Amérique du Nord, devraient continuer d’augmenter, pour atteindre leur pic avant 2100. La deuxième justification porte sur l’immigration. En effet, selon ce discours sur la dépopulation, de nombreuses régions du monde affichent des taux de fécondité inférieurs, assurant une croissance démographique nulle depuis les années 1970, sans que cela se traduise par une baisse du nombre d’habitants.

Et ce, en raison d’un solde migratoire généralement positif. Au cours des prochaines décennies, l’immigration devrait d’ailleurs devenir le seul et unique facteur de croissance démographique dans les pays à revenus élevés. Une autre raison avancée est la fécondité mondiale qui est passée d’une moyenne mondiale de 5 enfants par femme en 1950 à 2,3 en 2021. Ce qui témoigne du contrôle croissant exercé par les individus, en particulier les femmes, sur leur vie reproductive. La fécondité globale devrait atteindre 2,1 naissances par femme en 2050.

Les droits et la liberté de choix

Selon l’ONU, le nombre d’enfants souhaités par les femmes correspond rarement au nombre d’enfants qu’elles mettent effectivement au monde.

Si certains redoutent que les êtres humains soient bientôt « trop peu nombreux » pour maintenir le fonctionnement de nos économies, de nos services et de nos sociétés, les experts affirment pour leur part que la baisse de la natalité n’est pas annonciatrice d’une catastrophe. C’est au contraire un élément caractéristique de la transition démographique, associée à un allongement de l’espérance de vie. Depuis 1950, l’espérance de vie moyenne à l’échelle mondiale a augmenté de près de 28 ans (passant de 45,51 ans à 73,16 ans en 2023).

En parallèle, la fécondité mondiale est passée d’une moyenne de 5 enfants par femme en 1950 à 2,3 enfants par femme en 2021. Ces évolutions témoignent du contrôle croissant exercé par les individus, et en particulier les femmes, sur leur vie reproductive, mais aussi de l’amélioration de la qualité de vie que permet l’accès aux droits et à la liberté de choix. Pour l’ONU, toute personne a le droit fondamental de décider librement du nombre d’enfants qu’elle souhaite, du moment et de l’espacement des naissances.

Ces droits sont essentiels, en particulier pour les femmes, dont le corps a longtemps été utilisé comme outil de contrôle social, politique et religieux. Les droits et la liberté de choix ont un rôle primordial. La communauté internationale doit assurer à chaque personne la possibilité de faire valoir ses choix en matière de santé sexuelle et reproductive sans discrimination, ni violence. Les services qui permettront d’atteindre ces objectifs doivent être abordables, accessibles et conformes aux normes de qualité internationales.

Dans ledit rapport, l’organisation fustige les interventions qui visent à influencer les taux de fécondité à la hausse ou à la baisse. Elle pense que ce ne sont jamais la solution. En adoptant la bonne approche, une société résiliente peut prospérer, quel que soit son taux de fécondité. La question à se poser n’est pas de savoir si nous sommes en trop faible ou trop grand nombre sur la planète, mais si tous les individus sont en mesure de s’épanouir et d’exercer leur droit fondamental à l’autonomie en matière de sexualité et de procréation.

Pour cette institution internationale, les pays doivent impérativement comprendre que les initiatives visant à restreindre les droits en matière de procréation ne fonctionnent pas. Bien au contraire, ces interventions sont systématiquement contre-productives, nuisibles à la société dans son ensemble et en particulier aux femmes, aux filles et aux groupes marginalisés.

Habibata

WARA Sources : INSD/ONU/UNFPA


Contexte du 11 juillet

En 1989, le Conseil d’administration du Programme des Nations unies pour le développement a recommandé que la communauté internationale célèbre le 11 juillet comme Journée mondiale de la population, une journée pour attirer l’attention sur l’urgence et l’importance des problèmes démographiques.

L’Assemblée générale des Nations unies a décidé, par sa résolution 45/1216 (décembre 1990), de continuer à célébrer la Journée mondiale de la population pour renforcer la sensibilisation aux problèmes de population, y compris ses relations avec l’environnement et le développement. La journée a été célébrée pour la première fois en 1990.

H.W.

Source ONU