Loi anti-homosexualité en Ouganda : texte promulgué contre vents et marées

Le président ougandais n’a jamais caché son aversion pour les homosexuels dans son pays.

En fin mai, le président Ougandais, Yoweri Museveni, promulguait la loi anti-homosexualité, votée par le Parlement deux mois plutôt. Il ne fallait pas plus pour que des organisations de défense des droits des homosexuels, la communauté internationale, y compris la Maison Blanche, montent au créneau pour dénoncer une loi « discriminatoire », « déplorable » et « draconienne ». De quoi s’interroger sur l’indépendance et la souveraineté des Etats africains à déterminer par eux-mêmes leur propre modèle de vie sans influence de l’extérieur.

D’abord votée en mars par le Parlement ougandais, la loi anti-homosexualité a été promulguée par le président Yoweri Museveni qui n’a jamais eu un discours tendre envers cette tendance sexuelle. Le dirigeant ougandais l’a toujours qualifiée de danger pour la procréation de l’espèce humaine. Malgré tout, c’est sur insistance du chef de l’Etat, que les élus ont pris le soin de préciser que le fait d’être homosexuel n’était pas un crime, mais que les relations sexuelles entre personnes de même sexe l’étaient.

Dans la mesure où les députés étaient dans une approche plus radicale. Les parlementaires ont tout de même maintenu une disposition faisant de « l’homosexualité aggravée » un crime capital, ce qui signifie que les récidivistes pourront être condamnés à mort. Cependant, en Ouganda, la peine capitale n’est plus appliquée depuis des années. Cette nouvelle de la promulgation de la loi contre les homosexuels a provoqué un tollé, surtout sur le plan international et a ravivé les craintes déclenchées en mars par le vote du projet de loi.

Ainsi, le Haut-commissaire de l’ONU aux droits de l’homme (HCDH), Volker Türk, a qualifié ce texte de discriminatoire, contraire à la Constitution et aux traités internationaux, qui ouvre la voie à des violations systématiques des droits des personnes LGBT. Le président américain, Joe Biden, a dénoncé une « atteinte tragique » aux droits humains et promis d’ étudier les conséquences de cette loi sur tous les aspects de la coopération entre les Etats-Unis et l’Ouganda, notamment l’aide et les investissements.

Le chef de la diplomatie de l’Union européenne (UE), Josep Borrell, a fait cas d’une loi déplorable et contraire aux droits humains, évoquant des relations « compromises » avec Kampala. Le Royaume-Uni, lui, s’est dit consterné que le gouvernement ougandais ait signé une loi anti-homosexualité, profondément discriminatoire.

Soutien populaire

Cette vague d’indignation s’est abattue sur l’Ouganda et ses dirigeants alors que ce texte a pourtant bénéficié d’un large soutien populaire et a été très peu contesté par l’opposition. En dehors des associations locales qui défendent les homosexuels, la grande majorité des Ougandais a plutôt bien accueilli ce texte. Les condamnations et autres désapprobations venant de l’extérieur et des associations locales, laissent d’ailleurs de marbre la population ougandaise.

Parlant de promotion et de protection des droits dont se prévalent les Occidentaux et les défenseurs de l’homosexualité, l’on ne peut que s’aligner sur la position de cet habitant de Kampala, pour qui les droits dont ses compatriotes ont fondamentalement besoin se trouvent ailleurs. Pour lui, la priorité est à rechercher plutôt vers les droits qui sont essentiels pour des habitants d’un pays comme l’Ouganda.

Le droit à la santé, à l’éducation, à l’eau potable, aux services sociaux de base, voilà ce dont a besoin en premier la population. En Afrique, voir un Parlement et des dirigeants interdire la pratique de l’homosexualité, n’est point une chose anormale, étant donné que cette interdiction rencontre l’assentiment de la majorité.

En l’espèce et sous nos tropiques, il n’y a pas de quoi fouetter un chat. Asuman Basalirwa, député ougandais et auteur du projet de loi, s’est affiché tout satisfait et serein face aux médias à l’issue de la promulgation du texte et ne semble pas être intimidé par les menaces de « coupure d’aide » que brandissent Américains et Européens.

Pour l’élu, qui ne cachait pas sa joie, les menaces des Occidentaux ne peuvent pas freiner l’élan des dirigeants de son pays face à cette question de l’homosexualité. Il a notamment évoqué la possibilité de se diriger vers d’autres partenaires, au cas où ceux qui menacent de geler l’aide venaient à s’exécuter.

Visions opposées

Cette loi anti-homosexuelle votée et promulguée par l’Ouganda et la volée de bois suscitée, viennent mettre en lumière la vision occidentale contre celle africaine, sur cette question de l’orientation sexuelle des citoyens des deux mondes. A travers les condamnations de « ceux qui nous aident », apparait une sorte de volonté d’imposer aux Africains des valeurs qui sont contraires aux leurs.

Si au « pays du Blanc », l’homosexualité est pratiquée et autorisée et que des « couples homosexuels » peuvent s’afficher sans choquer personne, dans la majeure partie des pays africains, cela est difficilement acceptable dans un contexte où cette pratique est vue comme une abomination. Il s’agit donc de respecter les choix de chaque pays en matière de légifération de la vie publique et privée des citoyens.

Il n’est venu à l’esprit d’aucun gouvernement africain de condamner publiquement et de façon officielle, les mariages des personnes de même sexe et l’adoption d’enfants par ces personnes lorsque des Parlements des pays occidentaux ont adopté des lois dans ce sens. Encore que dans ces mêmes pays, l’homosexualité ne fait pas l’unanimité. Il n’est pas rare de voir dans les milieux des conservateurs en Europe et aux Etats-Unis, les adeptes de cette pratique combattus.

Mais cela ne les empêche nullement de jouir de leurs droits civiques. Plus grave, la tendance actuelle de l’Occident est de conditionner l’aide accordée aux pays africains par l’adoption de lois favorables aux homosexuels sur le continent. Dans la majeure partie de ces pays, cela serait une ligne rouge à ne pas franchir. En même temps, cette attitude de l’Occident vis-à-vis des pays africains soulève la question de la recherche de solutions endogènes pour financer leur développement.

Gabriel SAMA