COP 28 à Dubaï: les pays s’engagent pour le « début de la fin » de l’ère des combustibles fossiles

A Dubaï, la COP a débouché sur un engagement historique des Etats à opérer une transition en dehors des énergies fossiles.

La Conférence des Nations unies sur les changements climatiques s’est tenue, du 30 novembre au 12 décembre 2023, à Dubaï, aux Emirats Arabes Unis. Elle a réuni 154 chefs d’Etat et de gouvernement. Les parties sont parvenues à un engagement historique des Etats à opérer une transition en dehors des énergies fossiles et à un accord historique sur l’opérationnalisation du fonds des pertes et préjudices et sur les modalités de financement. Une satisfaction pour les uns et insatisfaction pour les autres.

La Conférence des Nations unies sur les changements climatiques (COP 28) s’est achevée, le 12 décembre 2023, à Dubaï (aux Emirats Arabes Unis) sur un accord qui marque le « début de la fin » de l’ère des combustibles fossiles. Cet accord jette les bases d’une transition rapide soutenue par de fortes réductions des émissions et un financement accru. Du bilan, on retient que les données scientifiques qui indiquent que les émissions mondiales de gaz à effet de serre doivent être réduites de 43% d’ici à 2030, par rapport aux niveaux de 2019, pour limiter le réchauffement de la planète à 1,5°C.

Toutefois, il ressort que les parties ne sont pas sur la bonne voie pour atteindre les objectifs de l’Accord de Paris. Elles sont invitées à prendre des mesures pour tripler à l’échelle mondiale, les capacités en matière d’énergies renouvelables et doubler les améliorations en matière d’efficacité énergétique d’ici à 2030. Il leur ait également demandé l’accélération des efforts en vue de la réduction progressive de la production d’électricité à base de charbon, l’élimination des subventions inefficaces aux combustibles fossiles et d’autres mesures qui favorisent la transition vers l’abandon des combustibles fossiles. Les parties sont parvenues à un accord sur l’opérationnalisation du Fonds des pertes et préjudices et sur les modalités de financement. Cet accord obtenu est qualifié « d’historique » par le ministre de l’Industrie et des Technologies avancées des Emirats Arabes Unis, le sultan Al-Jaber, président de la Conférence.

Bon mais insuffisant

Certaines décisions prises à Dubaï représentent de véritables avancées. Sur 700 millions de dollars (de promesses), les Emirats Arabes Unis ont promis de donner 100 millions de dollars. En tout, 25 pays ont promis de donner pour le Fond. Un pas en avant, une réussite pour certains même si le montant est très inférieur aux besoins des pays touchés, pour pouvoir gérer les catastrophes qui arrivent chaque année.

Les avis sont partagés sur les conclusions de cette COP. Certains négociateurs africains trouvent qu’il est très difficile d’être satisfait d’un accord de compromis. Mais reconnaissent que c’est la première fois que l’on parle de cette façon de transition hors des énergies fossiles. Ce qui représente déjà un grand pas en avant. Oxfam regrette les fausses solutions mises sur la table ainsi que la trop faible place accordée à la coopération internationale, qui est pourtant un enjeu clé de justice et de réussite de l’action climatique.

Cette confédération internationale trouve l’accord positif sur la mise en place du Fonds pour les pertes et dommages, afin d’aider les communautés les plus vulnérables à se remettre des catastrophes climatiques. Celui-ci a été accompagné de premières promesses de financements, notamment de la part de la France ou des Emirats Arabes Unis. Mais avec seulement 700 millions de dollars promis au total alors que les besoins pourraient atteindre 500 milliards par an, le montant de ces premières contributions est dérisoire.

Pour Oxfam, si les signaux positifs envoyés à la COP 28 vont avoir une forte portée politique et économique dans les années à venir, les engagements pris à Dubaï sont accompagnés d’un ensemble de fausses solutions, qui limitent en grande partie la crédibilité de l’engagement collectif. Non seulement aucun objectif clair et temporel de sortie des énergies fossiles n’est mentionné, mais le texte adopté à la COP prône des options plus douteuses les unes que les autres, telles que le recours à des dispositifs de capture et de stockage du carbone pas du tout matures, ou encore l’usage de “carburants de transition” tels que le gaz, alors que celui-ci est une énergie fossile très polluante.

Alors qu’elle est censée être la pierre angulaire de l’action climatique internationale, l’équité entre les pays du Nord et les pays du Sud est très peu présente , juge Oxfam. La décision ne dit rien ou presque du fait que les pays riches ont la capacité financière et la responsabilité de sortir les premiers des énergies fossiles au regard de leurs émissions historiques de gaz à effet de serre, alors que certains pays du Sud devraient disposer davantage de temps étant donné qu’ils sont encore fortement dépendants de l’utilisation et des revenus issus de la production d’énergies fossiles.

Oxfam, par ailleurs, s’offusque qu’il n’est fait presque aucune mention de la manière dont les pays du Nord vont soutenir financièrement les pays du Sud dans leur transition énergétique, alors que celle-ci leur sera coûteuse. L’Agence Internationale de l’Energie estime par exemple que les investissements dans la transition coûteront environ 1 900 milliards de dollars par an aux pays en développement, même lorsqu’on ne compte pas la Chine. Un soutien insuffisant pour les pays du Sud face au changement climatique.

Habibata WARA

Sources : ONU, Oxfam