Violences basées sur le genre au Burkina : 25,7% des femmes victimes de terrorisme domestique

Des journalistes traitant des questions de population et de développement ont eu la primeur des résultats de l’étude.

25,7% des femmes en âge de procréer au Burkina Faso ont subi des violences entre partenaires intimes  (VPI). C’est ce que révèle une étude menée par l’Institut supérieur des sciences de la population (ISSP), de l’Université Joseph-Ki-Zerbo de Ouagadougou et dont les résultats ont été présentés en début février à des hommes de médias, principalement ceux de l’association des journalistes et communicateurs en population et développement. Un autre volet de l’étude concernant la prévalence contraceptive indique que 32% des femmes au Burkina utilisent la contraception moderne.

Des résultats de l’étude, il ressort que 25,7% des femmes en âge de procréer (15-49 ans) ont subi des Violences entre partenaires intimes (VPI). De même, 58% des femmes mariées ou en union libre qui ont fait l’objet de violences par un autre membre de leurs ménages que leurs partenaires ont aussi subi des VPI, précise l’étude concernant les violences faites aux femmes et aux filles.

Le questionnaire a été administré à l’endroit de 6 388 femmes de la tranche d’âge précitée et à 5 522 ménages des zones urbaines et rurales du Burkina Faso et a concerné la période de décembre 2020 à mars 2021. Compte tenu de la spécificité du public cible et la sensibilité des questions à poser, le questionnaire a été administré uniquement par des enquêtrices. Selon l’investigateur principal de l’étude, Dr Georges Guiella, par ailleurs directeur général adjoint de l’ISPP, de nombreuses femmes sont battues par leurs conjoints. 6% déclarent avoir subi des violences sexuelles au niveau de leur ménage, soit 250 000 femmes, sur une année donnée. Pour toutes les formes de violence, c’est une femme sur 4 qui subit ces violences.

De l’avis de Dr Guiella, ces violences impactent négativement la productivité des femmes dans la société. Il estime même qu’elles sont victimes d’un terrorisme domestique. En plus de la productivité, elles sont impactées négativement dans leur dignité humaine, les empêchant d’exprimer leur potentialité et sont même exclues du développement. Un autre aspect des violences faites aux filles et aux femmes montre qu’elle affecte non seulement l’éducation des victimes et celle de leurs enfants, si on prend en compte les adolescentes scolarisées.

Parmi les femmes ayant subi des violences et ayant rapporté avoir cherché de l’aide, presque toutes se sont tournées vers l’aide informelle, c’est-à-dire auprès de leur famille, amies ou voisines. Par contre, la recherche d’aide auprès des ressources d’aide formelle est rare chez les survivantes des VPI. Il s’agit de la police, du corps médical, des conseillers juridiques, des programmes d’aide aux survivantes des violences, les organisations des services sociaux. A ce sujet, l’étude recommande que les services formels puissent minimiser le sentiment de honte et de culpabilité, qui peuvent tous dissuader les femmes de parler de leurs expériences et de rechercher de l’aide.

Progrès en milieu rural

Au niveau de la prévalence contraceptive, l’étude a révélé que  32% des femmes mariées  au Burkina Faso utilisent la contraception moderne. A ce sujet, l’investigateur principal de l’étude précise que des efforts ont été faits car, en 2013, c’était un taux de prévalence de 15%. Il note que cette augmentation se remarque de façon significative, surtout en milieu rural. Mais des défis restent toujours à relever dans ce domaine.

Car, ce sont seulement 42% des femmes qui sont allées en consultation pour la planification familiale et qui ont bénéficié de ce qu’on appelle un counseling complet.  C’est-à-dire qu’elles ont été guidées par rapport aux inconvénients de certaines méthodes et conseillées sur comment faire lorsqu’il y a des effets secondaires. L’autre défi concerne les relations entre prestataires et clientes qui biaisent encore les efforts.

Dans cette dynamique, se pose l’éternelle question des adolescentes face aux services de planification familiale que certains prestataires leur refusent. C’est pour contribuer à la réussite des programmes de planification familiale au Burkina Faso que l’ISSP, en collaboration avec l’Institut Bill et Melinda Gates pour la population et la santé de la reproduction de l’université John Hopkins, aux Etats –Unis, l’ONG JHPIEGO, ont mis en place depuis 2014, une plateforme de recherche dénommée « Performance Monitoring And Accountability, PMA 2020 ».

Ainsi, au cours des années 2020 à 2022, le projet PMA Burkina Faso, avec l’appui de ses partenaires, a réalisé des enquêtes annuelles sur toute l’étendue du territoire national portant sur la planification familiale et sur d’autres thématiques telles que les violences faites aux femmes et aux filles. Ce sont les résultats de la phase 2, module sur les violences basées sur le genre, de la plateforme PMA, qui ont fait l’objet de présentation.

Gabriel SAMA