Editorial : l’aflatoxine, un mal pernicieux à combattre

L’aflatoxine est une substance produite par certains champignons proliférant ,notamment sur des graines conservées en atmosphère chaude et humide. Cependant, outre les cultures contaminées, elle peut se retrouver dans la chaîne alimentaire par l’intermédiaire des produits d’origine animale comme le lait provenant d’animaux ayant reçu des aliments contaminés. Certaines sont toxiques pour l’homme ou pour les animaux.

Ingurgitées à hautes doses, elles peuvent entraîner la mort en créant des lésions au niveau du foie qui évoluent en cirrhose. A doses faibles, elles inhibent le métabolisme et possèdent un pouvoir cancérigène élevé. De très nombreux produits alimentaires peuvent en contenir, en quantité parfois importante. Il s’agit, notamment des graines d’arachides, de maïs, de blé, de riz, de haricot, etc.

Selon les chercheurs, les aflatoxines dites B1 et B2 (AFB1 et AFB2) sont les plus couramment rencontrées dans les aliments. Afin de limiter les effets de cette substance toxique, beaucoup de pays, à travers le monde ont établi des normes sur la quantité maximale tolérable dans les aliments. La législation européenne, émise en 1998 et modifiée en 2006, a pour objectif de ne pas dépasser une quantité nocive d’aflatoxine quotidiennement, soit de 253 à 441 nanogrammes (ng) par kilogramme d’aliment, selon une étude américaine.

Par exemple, elle fixe une limite de 2 microgrammes (μg)/kg d’aflatoxines dans les arachides, les noix, les fruits séchés et les céréales en consommation humaine directe, et 15 μg/kg pour les amandes et pistaches devant subir une opération avant utilisation comme ingrédient alimentaire. Au Canada et aux Etats-Unis, on retrouve des normes parfois moins sévères mais portant sur toute la nourriture destinée à la consommation humaine. Des normes sont aussi établies sur la quantité d’aflatoxines dans l’aliment bétail. Celles-ci sont de 20 μg/kg au Canada, tandis qu’aux Etats-Unis, elles varient de 20 à 300 μg/kg. Face à la menace sanitaire que représente l’aflatoxine, que faut-il faire ?

Afin d’amener les producteurs agricoles à offrir des produits de bonne qualité et pénétrer les marchés régulés (Union européenne, Etats-Unis, Asie, etc.), les chercheurs recommandent fortement de ne pas négliger les bonnes pratiques agricoles, du semis à la conservation des produits en passant par la récolte. Selon eux, par exemple, si vous semez trop tôt, votre culture va mûrir en pleine saison des pluies. Pourtant le maïs sec qui prend encore de la pluie, cela favorise la contamination aux aflatoxines.

Cependant, il ne faut pas semer trop tard non plus parce que vers la fin, votre culture sera pratiquement la seule et elle sera envahie par les ravageurs, or les ravageurs favorisent les aflatoxines. Au moment de la récolte, conseillent-ils, il faut absolument éviter de mettre les produits en contact avec le sol car c’est dans le sol qu’il y a l’Aspergillus flavus, le champignon qui produit les aflatoxines. Ils ajoutent que dès que la récolte est ramenée à la maison, il faut éliminer les grains visiblement moisis, bien sécher avant de conserver le tout dans des sacs sur des palettes à un endroit aéré.

Au Burkina Faso, la question des aflatoxines commence à préoccuper les chercheurs qui mettent les bouchées doubles pour y remédier. Mais pour le moment, les recherches locales n’ont pas encore abouti à des résultats tangibles. L’Institut international d’agriculture tropicale (IITA), basé au Nigéria, a développé un produit biologique appelé aflasafe qui permet de combattre efficacement les aflatoxines. Qu’à cela ne tienne, les autorités nationales ont engagé des sensibilisations en faveur des producteurs. Ce qui pourrait permettre de réduire la contamination de leurs produits en adoptant les bonnes méthodes.

Daniel ZONGO

danielzong62@yahoo.fr